“Ces écrans trop attirants”, supplément pour les parents, Pomme d'api, n°623. Texte d'Anne Bideault, illustrations de Mirjana Farkas.

Trop de temps devant les écrans : que risquent les jeunes enfants ?

Tablette, smartphone, DVD, télé… occupent les jeunes enfants, parfois des heures, sans jamais les lasser. Pour les professionnels de la petite enfance interrogés par le magazine Pomme d’Api, cette surexposition aux écrans nuit au développement des plus jeunes ! Explications, témoignages et conseils pour un bon usage en famille…

Ces écrans trop attirants

“Ces écrans trop attirants”, supplément pour les parents, Pomme d'api, n°623. Texte d'Anne Bideault, illustrations de Mirjana Farkas.Il est 19 heures, on rentre tout juste de la garderie, de chez la nounou, du travail, et c’est le rush : un repas à préparer, des enfants épuisés à laver, à mettre en pyjama… La tablette, le smartphone, le DVD, la télé ont ce pouvoir magique de les occuper en nous laissant les coudées franches. Comme il est tentant d’y recourir ! D’autant que ces écrans ne semblent jamais les lasser. Si on leur donne le choix entre un puzzle en carton et un puzzle tactile, entre des Playmobil et un dessin animé, entre la pâte à sel et un petit jeu vidéo, il y a fort à parier que l’écran l’emportera. Normal, décryptent les neuroscientifiques, notre cerveau adore ce qui est facile et ne demande pas ou peu d’efforts.

Pour autant, la plupart d’entre nous ont l’intuition qu’il ne faut pas abuser de ces écrans si attractifs. D’ailleurs, il ne nous viendrait pas à l’esprit de dire : “Les Lego, c’est vingt minutes, puis on arrête.” Que risquent donc de jeunes enfants à passer trop de temps devant les écrans ?

Les signaux d’alerte

Le tableau dépeint par les professionnels est sombre. Florence Lerouge est orthophoniste depuis 1993. Ces dernières années, un phénomène l’inquiète : “Plus le temps passe, plus je reçois des enfants qui ne seraient pas arrivés chez moi s’ils avaient vécu ce qu’ils ont à vivre : jouer, patouiller, crapahuter… La vie d’un jeune enfant, quoi !”

À 3 ou 4 ans, quand des enfants passent plusieurs heures quotidiennes cumulées en compagnie d’un écran, ils ne parlent pas ou très peu (quelques mots, parfois en anglais, sans construction de phrases), ne regardent pas quand on leur parle, sont physiquement passifs. Pour résumer son impression, elle utilise une expression glaçante : “ Ils sont en panne”.

Certes, les enfants qu’elle reçoit dans son cabinet représentent des cas extrêmes, mais ils l’ont amenée à fonder, avec deux collègues, l’association “Joue, pense, parle” (lire ci-dessous) pour prévenir les troubles du langage et du raisonnement, par le jeu. Elle a également cosigné, avec d’autres professionnels de la santé et de la petite enfance, une tribune parue dans Le Monde en mai 2017, sous le titre : “La surexposition des jeunes enfants aux écrans est un enjeu majeur de santé publique”. Ces signataires entendent faire pression sur les autorités publiques pour que les effets nocifs des écrans soient mentionnés dans le carnet de santé. “Ces écrans trop attirants”, supplément pour les parents, Pomme d'api, n°623. Texte d'Anne Bideault, illustrations de Mirjana Farkas.

Rappelons-le : pour que son cerveau se développe, pour se préparer aux apprentissages scolaires, un jeune enfant doit explorer le monde avec tout son corps : bouger, goûter, tripoter, sentir le froid, le chaud, l’air, mesurer sa force physique, tester son équilibre… Une palette extraordinaire que ne remplace pas la plus “éducative” des applis, sur la plus high-tech des tablettes. Le temps que les jeunes enfants passent devant ces appareils leur prend celui qui devrait être consacré aux activités indispensables à leur développement cérébral et physique. Pour en convaincre les parents dubitatifs, Florence Lerouge les invite à observer leur enfant jouer sur un écran. Qu’est-ce qui bouge ? Les yeux, ainsi qu’un ou deux doigts, sur un seul plan et quelques centimètres. À mettre dans la balance face aux potentialités infinies de mouvements du corps humain !

Pour entrer dans le langage et dans la pensée, l’enfant doit aussi avoir des interactions avec son entourage. Même si une appli “parle”, elle ne remplace pas la richesse des échanges humains.

Se déconnecter en famille

Heureusement, il est toujours temps d’aider les enfants à décrocher des écrans. Bien sûr, quand les enfants y ont été fortement habitués, ôter les écrans ne va pas de soi et nécessite un “réengagement des parents”, explique Anne Lefebvre, psychologue clinicienne et présidente d’Alerte (Association pour l’éducation à la réduction du temps d’écran). Se réengager, c’est-à-dire : “S’installer sur le tapis avec eux, les accompagner dans le jardin ou au parc, apprendre à faire des choses ensemble, comme les tâches ménagères ou la cuisine… Dire “va jouer avec ta sœur” ne suffit pas !”

C’est aussi, explique Florence Lerouge, ménager du temps et un espace à l’enfant pour le jeu, le laisser transformer, triturer, construire… sans exiger que tout soit rangé le soir. Il faut aussi résister à la tentation de tout faire à leur place. En les habillant, en les chaussant, en les servant à table etc., on ne les laisse pas développer leur attention, leur concentration, leur habileté.

Et les parents alors ?

Enfin, prenons aussi le temps de réfléchir à notre propre usage des écrans. Anne Lefebvre dénonce aussi “l’indisponibilité parentale” : qui n’a pas interrompu une partie de dominos à cause d’un SMS reçu ? Qui n’a pas détourné le regard devant la magnifique galipette de sa fille, en raison d’une alerte sur son écran ? Un parent dont les yeux sont rivés sur le smartphone peut ne pas percevoir les signaux de son jeune enfant. Cela entraîne chez ce dernier un sentiment d’insécurité, et ne fait que rendre l’écran plus désirable.

La famille a besoin de temps de déconnexion, conclut la psychologue. Il faut retrouver des temps communs dans notre vie contemporaine.” Alors, on fait quoi ce soir ? “Ces écrans trop attirants”, supplément pour les parents, Pomme d'api, n°623. Texte d'Anne Bideault, illustrations de Mirjana Farkas.

Du bon usage des écrans

Dans le meilleur des mondes possibles, le mieux serait de :
› Proscrire tout écran avant 3 ans, même la télévision.
“Ces écrans trop attirants”, supplément pour les parents, Pomme d'api, n°623. Texte d'Anne Bideault, illustrations de Mirjana Farkas.› Respecter la règle des “4 PAS” :
– PAS d’écran le matin,
– PAS d’écran dans la chambre de l’enfant,
– PAS d’écran pendant les repas,
– PAS d’écran avant de se coucher.

› Ne pas dépasser trente minutes par jour, jusqu’à 6 ans, en additionnant tous les écrans (DVD, smartphone, tablette, TV, ordinateur), et de préférence en s’asseyant avec eux.

D’autres conseils à retrouver sur :

Le témoignage d’Alice, 38 ans : “Je pensais bien faire…”

“Dès ses 18 mois, j’ai mis une tablette dans les mains de notre fils. Je pensais bien faire, pour qu’il apprenne les couleurs, l’alphabet, les comptines… Or, quand il est entré en petite section, il ne communiquait pas avec les autres, il ne s’est pas adapté. J’observais les autres enfants : de vrais moulins à paroles pour certains ! Et le mien, ne parlant pas, toujours dans sa poussette, sans vouloir marcher. J’en ai pleuré, je me suis dit : “J’ai loupé un truc !”

La maîtresse m’a conseillé l’orthophonie. Lors de la première séance, j’ai rempli un questionnaire sur notre vie quotidienne. Je me suis rendu compte que mon fils passait deux à trois heures par jour devant la tablette. Selon l’orthophoniste, c’était ça le problème. Je ne voulais pas y croire. Elle nous a invités à diminuer son temps d’écran en faisant d’autres choses avec lui à la place. Au début, ça a été horrible, il pleurait beaucoup pour avoir la tablette. C’était vraiment une addiction. On n’y est pas allés trop brutalement, mais on a regagné une forme d’autorité, en lui proposant d’autres choses. On s’est mis à jouer avec lui, à parler ensemble, à faire du vélo, des sorties. Il avait également une séance d’orthophonie hebdomadaire.

En quelques semaines, il s’est “dépouponné” et il a fait de gros progrès. “Il s’est transformé, a dit la maîtresse, il est curieux de tout, il parle, il nous fait rire.” C’est sûr, se passer des écrans transforme la vie de famille. Récemment, nous sommes allés à l’aquarium. Les enfants étaient émerveillés. Je me suis dit : “C’est ça la vie, en fait ! C’est simple !” J’avais voulu trop les gâter en achetant ordinateur, tablette, des choses inutiles à leur âge. Sa petite sœur, qui n’a jamais été devant une tablette, n’arrête pas de parler !” “Ces écrans trop attirants”, supplément pour les parents, Pomme d'api, n°623. Texte d'Anne Bideault, illustrations de Mirjana Farkas.

Et chez vous, ça se passe comment ?

• “On est ferme, mais c’est pas évident… Ça n’évite pas toujours les crises !”
• “Avant le dîner, avec la fatigue, ce sont des hurlements quand le DVD s’arrête !”
• “Quand la tablette est tombée en panne, nous ne l’avons pas remplacée. Depuis, l’ambiance est beaucoup plus sereine le soir !”

Vos astuces de parents

“Ces écrans trop attirants”, supplément pour les parents, Pomme d'api, n°623. Texte d'Anne Bideault, illustrations de Mirjana Farkas.• “J’utilise le replay : à la fin du programme choisi par mon fils, “ça s’arrête”. Je trouve ça plus facile à gérer que de mettre une chaîne.”
• “Je les avertis un peu avant, histoire de ne pas les “surprendre” quand j’éteins.” • “Nous avons confectionné des “tickets de cinéma”. Ma fille de 4 ans en a quatre par semaine, pour vingt minutes de DVD. Quand elle les a tous utilisés, elle doit attendre la semaine suivante.”
• “J’utilise un minuteur. Quand ça sonne, on éteint.”
• “Je préviens toujours : cet épisode-là, c’est le dernier.”

“Ces écrans trop attirants”, supplément pour les parents, Pomme d'api, n°623. Texte d'Anne Bideault, illustrations de Mirjana Farkas.

“Ces écrans trop attirants”, supplément pour les parents, Pomme d’api, n° 623. Texte d’Anne Bideault, illustrations de Mirjana Farkas.
“Montessori pour les nuls - Petit traité de pédagogie”, supplément pour les parents, Pomme d’Api, octobre 2017. Texte : Joséphine Lebard. Illustrations : Zelda Zonk.

Montessori : petit traité de pédagogie avec Pomme d’Api

L’esprit de Maria Montessori souffle sur Pomme d’Api depuis sa création, il y a plus de 50 ans. Le supplément pour les parents du numéro d’octobre lui consacre son dossier et fait le point sur la “méthode Montessori”… dont on parle beaucoup sans toujours savoir précisément en quoi elle consiste !

Montessoqui ? Montessoquoi ? Montessori !

Comment le nom d’une Italienne, médecin et pédagogue, disparue au début des années 1950, se retrouve-t-il sur les lèvres de nombreux parents du XXIe siècle ? Car Maria Montessori et sa fameuse méthode semblent présentes partout : des écoles qui portent son nom aux tables des librairies qui regorgent d’ouvrages, en passant par les rayons des magasins qui proposent son matériel… Impossible, quand on est jeune parent, d’échapper au phénomène. “Montessori pour les nuls - Petit traité de pédagogie”, supplément pour les parents, Pomme d’Api, octobre 2017. Texte : Joséphine Lebard. Illustrations : Zelda Zonk.

“Depuis une dizaine d’années, dans l’esprit de beaucoup de parents, Maria Montessori apparaît comme une promesse de mieux”, estime notre collaboratrice Anne Bideault, également rédactrice en chef de L’enfant et la vie”, journal fondé en 1969 pour faire connaître la pensée Montessori en France. Mais cette promesse demeure souvent floue. “Par la force des choses, à la télévision, dans les journaux, je vois passer beaucoup de contenus sur Montessori, reconnaît Alix, maman de Marceau, 3 ans, et Camille, 1 an. Mais de là à définir clairement de quoi il retourne… Pour moi, il s’agit de permettre à son enfant de développer son autonomie, non ?”

Alix a tout bon. En effet, l’engouement suscité par Montessori a parfois un peu dévoyé son propos. “Certains en parlent aujourd’hui en termes de performance, regrette Anne Bideault. Savoir lire à 5 ans, compter à 4 ans et demi… Alors que Maria Montessori parle épanouissement personnel, capacité de l’enfant à devenir lui-même, avec, comme grand projet sous-tendu, l’idée d’éduquer à la paix et au vivre-ensemble.” Pour ce faire, Maria Montessori part d’un constat de son époque : l’enfant est opprimé par un adulte plus fort que lui, qui dispose de lui et le contraint à s’adapter à son environnement. Une soumission, déplore-t-elle, “qui conduit à la négation de (sa) personnalité”.

Il va donc s’agir de tout révolutionner à la maison pour lui rendre toute sa place d’être humain à part entière. “Montessori considère que l’enfant nous montre, à nous éducateurs, ce dont il a besoin”, résume Charlotte Poussin, éducatrice Montessori, traductrice de son œuvre et membre du conseil d’administration de l’Association Montessori de France (AMF). “À nous d’élaborer un cadre adapté, structurant, dans lequel l’enfant sera le plus libre possible.”“Montessori pour les nuls - Petit traité de pédagogie”, supplément pour les parents, Pomme d’Api, octobre 2017. Texte : Joséphine Lebard. Illustrations : Zelda Zonk.
Bien entendu, il n’est pas question – comme le souligne avec malice Charlotte Poussin – “de regarder tranquillement son enfant découper les rideaux du salon”. Mais de favoriser un intérieur où le petit pourra agir au maximum en autonomie (lire ci-dessous : “Vous faites du Montessori sans le savoir !”), en l’impliquant dans la vie quotidienne du foyer pour qu’il apprenne en faisant. Un environnement chaleureux, mais pas aseptisé, à l’instar des “Maisons des enfants” fondées par la pédiatre : le verre en vrai verre, les meubles qui font du bruit quand on les déplace… affinent sa maîtrise des mouvements et constituent autant d’expériences fondatrices.

Quant à nous, adultes, mieux vaut être dans une logique de proposition plutôt que dans une logique d’imposition. Ce qui ne représente pas la moindre des difficultés : “Nous avons tendance à être trop interventionnistes avec nos enfants, note Anne Bideault. Avec Montessori, il nous faut apprendre à nous tenir en retrait, à accepter de perdre du temps pour laisser notre petit faire les choses à son rythme.” À nous de trouver notre “seuil d’intervention”, comme le nomme Maria Montessori : “L’adulte doit dire et faire ce qui est nécessaire pour permettre à l’enfant d’agir seul utilement.”
Plus qu’une pédagogie uniquement tournée vers l’enfant, la méthode Montessori implique de vrais bouleversements dans les fonctionnements parentaux. C’est aussi ce qui la rend si passionnante : si le petit s’enrichit en faisant par lui-même, l’adulte gagne à lui concevoir ce cadre bienveillant. “Nous avons tous tendance à nous endormir sur les choses, écrit Maria Montessori, et il nous faut un être nouveau qui nous réveille et nous garde éveillés […], un être qui agit différemment de nous et qui chaque matin nous dit : “Regarde, il y a une autre vie, vis mieux!” Alors, prêts à vous lancer ?

Vous faites du Montessori sans le savoir !

Même si vous ne vous êtes pas plongé dans les ouvrages écrits par Maria Montessori, vous avez déjà fait du Montessori. La preuve par 10 (gestes et attitudes).

Le jour où vous avez proposé à votre enfant un petit marchepied pour lui permettre d’atteindre sans difficultés l’évier de la cuisine ou le lavabo.
Le jour où vous avez installé une patère à sa hauteur pour qu’il puisse accrocher lui-même son manteau.
Le jour où vous avez décidé d’arrêter de ponctuer vos phrases de “Vite, vite !” et autres “Dépêche-toi !” agacés, conscient qu’il faut laisser votre enfant agir à son rythme.
Le jour où vous avez installé dans sa chambre des espaces de rangement à sa hauteur : penderie basse, étagère basse
et petit casier pour ses chaussures et ses chaussons.
Le jour où vous avez installé un lit bas dans sa chambre : une façon de lui permettre d’aller se reposer quand il est fatigué, et de gagner en autonomie le matin ou à la fin de sa sieste.
Le jour où vous lui avez confié la tâche de couper un légume avec un vrai petit couteau, sous votre surveillance, au moment de préparer le repas.
Le jour où vous avez décidé de remplacer le gobelet en plastique par un vrai verre, lors de ses repas.
Le jour où vous lui avez donné un tablier, un petit balai, un joli chiffon coloré pour lui confier de menues tâches ménagères.
Le jour où vous avez opté pour une garde-robe – vêtements comme chaussures – facile à mettre afin de permettre à votre enfant de s’habiller de façon autonome.
Le jour où vous l’avez incité à faire un choix – entre deux desserts par exemple – pour éduquer sa capacité à choisir.

Jeux Montessori… comment choisir ?

En matière de matériel Montessori, l’offre est pléthorique. De Nature et Découvertes à Oxybul, les grandes enseignes se sont engouffrées dans la brèche pour proposer des jeux. D’accord, c’est tentant, mais comment faire le tri ? D’autant que le nom “Montessori” peut être utilisé par qui le souhaite, car il n’y a ni label, ni marque déposée
Plusieurs critères peuvent permettre d’opérer une sélection.

Le jeu doit traiter d’une seule chose à la fois.
Des cubes de tailles variées qui représenteraient chacun une partie de puzzle, ou des lettres rugueuses ornées de flèches mobilisent trop de facultés différentes pour l’enfant, censé se concentrer sur une tâche.
L’esthétique importe aussi car, comme le souligne elle-même Maria Montessori dans ses écrits, “la beauté invite à l’activité”.
Le parent, avant d’offrir le jeu, doit l’avoir manipulé auparavant, afin d’en maîtriser le fonctionnement et d’en proposer une démonstration. Mieux vaut s’être entraîné avant, surtout si l’activité est complexe, et vérifier que le jeu est fourni avec un livret explicatif !
Enfin, ne surtout pas oublier qu’on “présente” le jeu à l’enfant, on ne le lui impose pas. À lui de décider du bon moment pour s’en emparer. À nous de le laisser faire sans nous montrer trop interventionnistes.

“Montessori pour les nuls - Petit traité de pédagogie”, supplément pour les parents, Pomme d’Api, octobre 2017. Texte : Joséphine Lebard. Illustrations : Zelda Zonk.

Petite biblio Montessori

Voici une sélection de livres pour se plonger dans l’univers Montessori.

L’enfant dans la famille, Maria Montessori, Éditions Desclée de Brouwer, 17,90 €.
Une très bonne porte d’entrée dans l’univers de Maria Montessori. Dans ce recueil thématique – “De ma méthode en général”, “L’environnement de l’enfant” – elle explique de façon limpide les grands principes de sa pensée.“Montessori pour les nuls - Petit traité de pédagogie”, supplément pour les parents, Pomme d’Api, octobre 2017. Texte : Joséphine Lebard. Illustrations : Zelda Zonk.
L’enfant est l’avenir de l’homme, Maria Montessori, Éditions Desclée de Brouwer, 19,90 €.
Cet ouvrage inédit présente une série de cours que Maria Montessori a donnés en 1946. Un propos clair et visionnaire sur l’enfant et l’éducation.
Apprends-moi à faire seul – La pédagogie Montessori expliquée aux parents, Charlotte Poussin, Éditions Eyrolles, 16,90 €.
Fine connaisseuse de l’œuvre de Maria Montessori qu’elle a notamment traduite, Charlotte Poussin propose un ouvrage qui se concentre sur les 3-6 ans, à l’école comme à la maison.

Quelques citations…

“Il nous faut apprendre à nous maîtriser, nous tenir à l’écart, suivre l’enfant presque à distance, sans le fatiguer avec notre intervention, mais sans pour autant jamais l’abandonner.”
“Il faut permettre à l’enfant de participer à notre vie.”
“L’adulte qui n’a pas encore considéré l’activité de la main enfantine comme un besoin vital […] empêche l’enfant de travailler […]. La main permet à l’intelligence de se manifester.” Maria Montessori

“Montessori pour les nuls – Petit traité de pédagogie”, supplément pour les parents, Pomme d’Api, octobre 2017. Texte : Joséphine Lebard. Illustrations : Zelda Zonk.

Éducation bienveillante : petit guide à l’usage des parents

Éducation bienveillante : petit guide à l’usage des parents

Parentalité positive, communication bienveillante… En ce moment, sur Internet et dans les rayons des librairies, ces termes ont la cote. Méthode efficace pour les uns, laxisme pour les autres… : la rédaction de Pomme d’Api fait le point sur “l’éducation bienveillante” dans le supplément pour les parents du magazine de février. Nous vous proposons de lire l’intégralité de l’article.

Parents bienveillants, oui, mais… maladroits aussi !

Lors d’un dîner, un des invités renverse son verre. Qui d’entre nous oserait s’emporter contre lui en disant : “T’es vraiment maladroit ! C’est pas croyable !” De la même façon, à un collègue qui vient de prendre un nouveau poste, personne ne songerait à dire : “Attends, t’as fait la même erreur qu’hier, tu n’y arriveras jamais !” Or c’est souvent sur ce mode que nous nous adressons à nos enfants, alors que chez eux, tout n’est qu’apprentissage, tout n’est que premières fois.

Education bienveillante - illustration cadeauBienveillants vis-à-vis de nos enfants, pourtant, nous le sommes tous. Bienveillants, oui, mais… maladroits aussi ! Maladroits, lorsque nous disons par exemple : “Allez, allez, arrête de pleurer, c’est fini, t’as pas mal !” Ou lorsque nous parlons de notre petit de 3 ans en disant : “Il est terrible !” ou encore lorsque nous le secouons par le bras en criant : “Dis donc, qui c’est qui commande ici ?”

6 règles d’or et 6 formulations à bannir de notre vocabulaire pour une éducation bienveillante

Les recherches les plus récentes sur le cerveau humain ont prouvé qu’une éducation empathique et respectueuse permet au cerveau de se développer de façon optimale. À l’opposé, le stress, les humiliations, les violences verbales ou physiques peuvent modifier en profondeur un cerveau en construction et entraîner des troubles cognitifs (voir en fin d’article “Pour aller plus loin”).

Heureusement, nos maladresses quotidiennes peuvent se corriger, par petites touches et avec un peu d’entraînement. Car l’éducation bienveillante est avant tout une histoire d’attitude. Et s’il y a parfois des rechutes, ce n’est pas grave ! Avec Nadège Larcher, psychologue et formatrice à “L’Atelier des parents”, Pomme d’Api a retenu 6 règles d’or… et 6 formulations à bannir de notre vocabulaire, pour s’entraîner à être des parents encore plus bienveillants.

1 – Distinguer l’enfant de ses actes. Pour ne plus dire : “Tu es infernal !”

Jean a 4 ans. Lors d’un repas de famille, il verse le contenu de la salière dans son verre. Son grand-père réagit : “Tu ne fais vraiment que des bêtises ! Quel idiot !” Jean se fait tout petit sur sa chaise. Ce qu’il entend, c’est “Je suis nul.” Or, ce qui est incriminé, ce n’est pas lui, mais ce qu’il a fait. Il faut avoir la vigilance de distinguer les deux : “Ah, tu observes le sel se dissoudre dans l’eau ? C’est intéressant, hein ! Par contre, manger trop de sel n’est pas bon pour la santé, et je t’ai expliqué qu’il faut attendre la fin du repas pour jouer. Va jeter ton eau dans l’évier.”

Détail de langage ? Les conséquences sur l’estime de soi sont cruciales. Jean se sent respecté, car l’adulte considère sa curiosité naturelle et son aptitude à réparer ce qu’il a fait. À l’inverse, en utilisant sans nuances le verbe être (“Ma fille est capricieuse, mon fils est égoïste…”), on enferme les enfants dans une fausse vision d’eux-mêmes, qu’ils vont ensuite s’ingénier à confirmer. Pour faire court, un enfant “terrible” fera tout pour le rester.

2 – Fixer les règles à l’avance. Pour ne plus dire : “Combien de fois faut-il le répéter ?”

Education bienveillante - illustration répéterAlice et Marina ont 3 ans. Leurs parents sont invités avec elles à un apéritif. Arrivées chez leurs hôtes, les deux sœurs entament une course-poursuite autour de la table basse et escaladent les fauteuils. Leur papa se fâche très fort. Mais à bien y réfléchir, avait-il pris le temps, à l’avance, d’exprimer ce qu’il attendait de ses filles dans ce type de situation ? Elles ne pouvaient pas forcément le deviner.

Ce qui paraît évident aux adultes ne l’est pas toujours pour les petits. Et plutôt que de réagir alors que la “bêtise” a déjà été faite, il faut essayer de l’anticiper, en fixant les règles à l’avance : “Nous allons au supermarché. À l’intérieur, on marche tranquillement à côté du Caddie. Et quand vous insistez pour acheter des choses, cela me gêne.” Ou encore : “Pour te servir des jouets de ton frère, tu dois d’abord le lui demander.”

Education bienveillante - illustration on ne crie pasVous avez l’impression de répéter toujours les mêmes consignes ? Normal ! Avant 6-7 ans, les enfants ne sont pas capables d’intégrer les règles définitivement.

3 – Exprimer les interdits de façon positive. Pour ne plus dire : “Ne crie pas !”

Faites le test. Au lieu de crier : “Ne cours pas !”, dites plutôt : “Marche !” Vous verrez, ça… marche ! Car dans l’injonction “Ne cours pas !”, un cerveau tout jeune entend avant tout le verbe courir : “cours !” Mieux vaut s’entraîner à dire ce que l’on a le droit de faire, plutôt que souligner ce que l’on n’a pas le droit de faire.

4 – Reconnaître les émotions de l’enfant. Pour ne pas dire : “Ce n’est rien !”

Education bienveillante - illustration larmesElena a 3 ans. Depuis le retour de la garderie, elle est irritable. Et quand elle tombe dans le couloir, c’est la crise. Elle tempête, elle hurle, et tend les bras vers sa maman.

En quoi le classique : “Ce n’est pas grave, t’as pas mal !” serait-il consolateur ? Bien sûr que c’est grave, bien sûr qu’elle se sent mal ! Pourquoi nier son ressenti ? La prendre dans ses bras en constatant simplement : “Tu es tombée. Tu as mal. Tu pleures. Tu es en colère” lui prouve qu’elle est écoutée, comprise, respectée. Et… ses larmes sèchent beaucoup plus vite.

Cela vaut aussi pour nous : plutôt que d’exploser et jeter sa colère à la tête de l’enfant en hurlant : “Tu es impossible !”, parlons à la première personne, en nous contentant de constats et en rappelant les règles : “Je suis énervé de voir que tu continues de sauter sur le canapé. Le canapé est fait pour s’asseoir.”

5 – Ne pas voir d’intention là où il n’y en a pas. Pour ne plus dire : “Il me fait un caprice !”

Quand un de ses enfants se roule par terre, Gaëlle ne se demande plus s’il “fait un caprice” mais se pose d’autres questions : “Lequel de ses besoins n’est pas rempli ? Son besoin d’affection ? De repos ? Les règles n’étaient pas claires… ?”

Peu à peu, l’enfant apprendra à reconnaître et exprimer ses émotions et ses besoins. Pour les y aider, Lucie invite ses garçons à utiliser un code couleur, en choisissant des crayons : rouge, pour la mauvaise humeur, orange, pour la contrariété, vert, tout va bien. Au retour de l’école, cela lui permet de prendre la température sans grands discours.

6 – Être souple en maintenant le cadre. Pour ne plus dire : “C’est comme ça et pas autrement !”

«Quand un de mes fils ne voulait pas aller au bain, relate Lucie, avant, je disais : “Tu y vas tout de suite ou tu files dans ta chambre.” Maintenant, je dis : “Tu peux encore jouer, mais quand la grande aiguille sera sur le 3, tu vas dans le bain.» Cette alternative est acceptable pour tout le monde et elle a l’avantage de mettre l’enfant dans une position active.

Un point de vue que partage Gaëlle, mère de trois enfants. “Avant, quand j’avais dit non, je ne revenais pas dessus, pour ne pas perdre la face. Mais en fait, on ne perd rien à revenir sur quelque chose. Mes enfants savent très bien distinguer les choses sur lesquelles je ne transige pas : on donne la main pour traverser la rue, etc.” Cela vaut parfois la peine de se demander pourquoi on impose notre volonté à nos enfants. Pull orange ou pull rouge, quelle importance, finalement ?

Pour aller plus loin

  • Remerciements à Nadège Larcher, psychologue et formatrice à L’atelier des parents
  • Catherine Gueguen, Pour une enfance heureuse. Repenser l’éducation à la lumière des dernières découvertes sur le cerveau, éd. Robert Laffont, 2014.
  • Nathalie de Boisgrollier, Élever ses enfants sans élever la voix, éd. Albin Michel, 2014.
Supplément au n°588 de Pomme d’Api, février 2015.
“L’éducation bienveillante – Petit guide à l’usage de tous les parents”.
Texte : Anne Bideault. Illustrations : Robin.
“Un spectacle pour de vrai”, supplément pour les parents du magazine Pomme d’Api du mois de juin 2017. Illustration : Pascal Lemaître - Texte : Anne Bideault.

Le spectacle vivant, c’est bon pour les enfants !

Grâce aux livres, CD, DVD et écrans de toutes sortes, la culture entre facilement dans la maison. Pourquoi alors emmener les petits au spectacle ? Cet article du magazine Pomme d’Api vous convaincra de tenter l’expérience avec votre enfant ! Théâtre, spectacle de rue, concert, danse, cirque… : quel que soit votre choix, un “spectacle vivant” a toutes les chances d’apporter autant aux petits qu’aux grands !

Un univers magique…

“C’est un souvenir que je garde précieusement en mémoire. Nous étions allés en famille voir le Cirque Romanès. Pour ma petite de 4 ans, c’était une première : elle n’était jamais allée au spectacle. Sur mes genoux, son corps était tendu vers la piste, elle était rouge d’excitation, les mains jointes et crispées, les jambes tremblantes. Sa concentration avait quelque chose de fascinant : le chapiteau, la musique, les lumières, l’ambiance… elle absorbait tout. Cinq ans après, elle parle encore de cette représentation.

À la question “Pourquoi est-ce important d’emmener les enfants au spectacle vivant ?”, nos interlocuteurs – comédiens, conteurs, directeurs de théâtre – ont eu du mal à répondre. Comme si, des réponses, il y en avait trop, ou comme si les mots ne suffisaient pas à tout dire. “C’est tellement différent et tellement autre chose, résume Alain Benzoni. Au spectacle vivant, l’enfant entre dans un univers forcément magique.” Fondateur du festival  Au bonheur des mômes, cela fait maintenant quarante ans que ce metteur en scène de Haute-Savoie œuvre pour le jeune public. Quarante ans qu’il “se fait plaisir”.

De “vraies” gens, des émotions

“Un spectacle pour de vrai”, supplément pour les parents du magazine Pomme d’Api du mois de juin 2017. Illustration : Pascal Lemaître - Texte : Anne Bideault.Le mot-clé, c’est le mot “vivant”. “Au contraire d’un écran, là, on est dans la relation humaine, souligne Alain Chambost, directeur artistique et metteur en scène de la Compagnie du Théâtre des Mots, installée dans le Beaujolais. Les gens sur scène sont vivants, ils réagissent avec leurs tripes, il y a vraiment une interaction entre les comédiens et le public. On est dans l’instant présent : on ne peut pas appuyer sur “pause ” ou refaire la prise.” Cette proximité physique, à portée de sens, fait entrer les uns et les autres dans “la plénitude sensorielle”.

Pour Jean-Philippe Amy, fondateur du Pata’Dôme, théâtre en périphérie de Lyon, dont la charpente arrondie et chaleureuse en fait une salle idéale pour accueillir les enfants, le spectacle vivant est “une expérience à fleur de peau”. Plus les enfants sont jeunes, plus les artistes vont d’ailleurs délaisser la narration pour travailler essentiellement sur les sens : images, sons, rythme, mise en lumière, mise en espace, imaginaire. Seul le spectacle vivant peut ainsi donner à voir et à ressentir une forme de “poésie sans mots”.

La psychologue Cécile El Mehdi s’est penchée sur l’apport de l’art à la construction subjective des enfants. Pour elle, “la langue des artistes porte quelque chose de l’amour de la langue, y compris quand le spectacle n’a pas de véritable texte, mais joue avec les sons. Faire goûter ce plaisir vocal aux enfants, c’est merveilleux, et important pour leur entrée dans le champ du langage”.

Une expérience qui se partage

Autre chose essentielle : l’enfant vit ce moment qui sort de l’ordinaire avec ses parents, à l’inverse d’autres expériences culturelles, comme le DVD, qui sont souvent solitaires. Jean-Philippe Amy prend plaisir à observer son public dans la salle : ”Je suis frappé par le lien émotionnel extrêmement fort qui unit parents et enfants. Les premiers ont souvent les yeux rivés sur les seconds et sur leurs réactions. Ils partagent une expérience forte qui les emmène ailleurs, là, collés les uns contre les autres, au milieu d’autres spectateurs.” Les émotions ricochent de la scène à l’enfant et à son parent. Le personnage du spectacle va par exemple éprouver de la peur, et l’enfant avec lui. Mais “dans un cadre sécurisant et accompagné”, souligne la conteuse Nathalie Bondoux, qui parle alors de l’effet bénéfique de cette “catharsis”.

De retour à la vie normale, le spectacle a des échos, suscite imprégnations, imitations, questions, discussions. Les enfants sont marqués par ce qu’ils ont vu. Les plus grands vont questionner, discuter. Les plus jeunes vont l’intégrer à leurs jeux quotidiens, vont mimer, et emmener les personnages dans leur univers imaginaire. Pour Nathalie Bondoux, “un bon spectacle vivant stimule la curiosité. L’enfant n’a pas tout compris ? Ce n’est pas grave. Le spectacle suscite des questions ? C’est très bien. Le spectacle vivant n’est pas là pour donner des réponses, mais pour faire vivre quelque chose et attiser la curiosité et l’envie”.“Un spectacle pour de vrai”, supplément pour les parents du magazine Pomme d’Api du mois de juin 2017. Illustration : Pascal Lemaître - Texte : Anne Bideault.

Plus encore, met en garde Alain Benzoni, “il ne faut jamais prendre les enfants pour des imbéciles”. Cet homme, qui assiste chaque année à une centaine de spectacles pour programmer le festival du Grand-Bornand, repère, dès les premières minutes, un spectacle qui bêtifie : “Les enfants sont des personnes à part entière. Pas la peine de faire des nia-nia-nia, de planter des décors mièvres, ou de raconter des histoires cucul la praline. Au contraire ! Les enfants sont des éponges, et il ne faut pas prendre à la légère les messages que l’on veut faire passer quand on s’adresse à eux. Faire rêver les gamins, c’est une responsabilité.”

Un public exigeant

Qu’ils soient comédiens, metteurs en scène, conteurs, ou tout cela à la fois, tous disent l’extrême délicatesse de travailler pour ce public-là. “Les enfants, c’est cash, si ça ne leur plaît pas, on le sait tout de suite. Et si ça leur plaît aussi : le retour est immédiat.” Alain Chambost est encore tout ému du geste d’une petite fille, venue spontanément lui faire un câlin à la fin d’une représentation : “Qu’est-ce qui l’a touchée dans mon histoire ? Je ne sais pas, mais je suppose qu’elle y a saisi des réponses à ses questionnements.”

Nathalie Bondoux parle avec humour de sa myopie, qui l’empêche de distinguer les visages des enfants lorsqu’elle conte sans ses lunettes. Très corporelle dans sa façon de faire, elle grimpe sur les chaises, s’assoit, se met debout… “Aux yeux d’un enfant, je fais des choses hors normes. Un jour, en petite section de maternelle, je remarque tout au fond de la classe un visage cramoisi. Mais flou, pour moi, puisque je n’ai pas mes lunettes ! Ses camarades riaient du plaisir de me voir faire des choses pas autorisées. À la fin de mon conte, l’instit’ m’a dit que c’était la première fois qu’elle voyait rire, et même sourire, cet enfant. C’est un beau cadeau pour une conteuse, et cela montre bien que le spectacle vivant reste une expérience qui éveille et réveille les sens.” Beau cadeau pour la conteuse, le comédien, l’artiste. Beau cadeau, surtout, pour l’enfant. D’ailleurs, n’a-t-on pas presque tous en mémoire un spectacle qui nous a marqués ? “J’entends ça tous les jours, sourit Alain Benzoni : “Je me souviens, quand j’étais petit, j’ai vu…” Offrir des souvenirs impérissables… voilà une belle raison d’emmener les enfants au théâtre !

Petits conseils avant d’aller au spectacle…

Se fier aux tranches d’âge indiquées sans surévaluer l’âge des enfants. Car oui, il y a des spectacles proposés aux bébés ! Pour les plus petits, “on évite le noir complet, les trop grands silences, explique Jean-Philippe Amy ; il peut y avoir du verbal, mais à petites doses.”

Préciser : “Des artistes vont jouer”, car il n’est pas si rare que les plus jeunes ne sachent pas distinguer ce qui est “pour de vrai” de ce qui est “pour de faux”, et cela peut les angoisser.

Prévenir qu’il peut y avoir des costumes, des maquillages, des masques… Ces derniers, en particulier, peuvent être très impressionnants pour les plus jeunes.

Annoncer qu’il va faire noir, et que la lumière se rallumera après le spectacle.

Expliquer qu’à la fin, on applaudit pour dire merci.

S’autoriser à sortir de la salle si l’enfant ne vit pas bien la représentation.“Un spectacle pour de vrai”, supplément pour les parents du magazine Pomme d’Api du mois de juin 2017. Illustration : Pascal Lemaître - Texte : Anne Bideault.

Témoignages de parents

«“Et cric et crac, mon conte est terminé !”… Depuis que ma petite Sidonie de 3 ans a écouté une conteuse, elle termine souvent ses propres récits par cette ritournelle. Nous avons vu ce spectacle pendant les dernières vacances, et ça l’a marquée, c’est la première chose qu’elle a racontée à sa maîtresse ! » (Sandra, maman de deux enfants de 3 ans et 6 ans.)

“Un spectacle pour de vrai”, supplément pour les parents du magazine Pomme d’Api du mois de juin 2017. Illustration : Pascal Lemaître - Texte : Anne Bideault.«Pour moi, le spectacle vivant, c’est l’image de mon enfant, le bout des fesses à peine posé sur le fauteuil, le visage tendu vers la scène, les yeux écarquillés et la bouche entrouverte. Je lui chuchote : “Enlève ton manteau, tu vas avoir trop chaud !”, mais il ne m’entend plus, il n’est déjà plus là, il est dans le spectacle. » (Stéphanie, maman de trois enfants de 2 à 9 ans.)

« J’ai toujours aimé emmener mes enfants au spectacle. Je garde en mémoire les rires aux éclats de notre fils, qu’on reconnaissait entre tous, dans l’obscurité de la salle. Aujourd’hui, il est collégien, mais il ne rechigne pas à accompagner ses petits frères et sœurs quand il y a des représentations !» (Fanélie, maman de quatre enfants de 6 à 13 ans.)

« Je suis fasciné d’observer comment les artistes peuvent faire entrer les enfants dans l’illusion théâtrale. Je me souviens de mes filles, émues par la destinée d’un simple caillou, auquel un artiste espagnol donnait vie. » (Ludovic, papa de trois enfants de 4 à 11 ans.)

Des festivals, des compagnies… pour les tout-petits : demandez le programme !

La Compagnie du Théâtre des Mots, d’Alain Chambost, organise la cinquième édition de sa Nuit du conte, à Saint-Germain-Nuelles (Rhône), dès la nuit tombée, le samedi 24 juin 2017. Pour marquer le début de l’été avec petits et grands. Contact : 04 74 01 48 87.

Depuis 1990 est organisé à Moirans-en-Montagne (Jura), le festival Idéklic, qui propose des spectacles pour les enfants âgés de “3 mois à 13 ans”. Des ateliers, encadrés par des artistes, sont organisés. Moirans-en-Montagne, du 11 au 14 juillet 2017.

Chalon dans la rue, festival de théâtre de rue, propose une programmation jeune public en marge de sa programmation générale. Chalon-sur-Saône, du 19 au 23 juillet 2017.

Alain Benzoni a fondé et coordonne depuis vingt-six ans le festival Au bonheur des mômes, au Grand-Bornand (Haute-Savoie). Il est dédié aux spectacles jeune public. Le Grand-Bornand, du 20 au 25 août 2017.

La programmation du Pata’Dôme, le théâtre de Jean-Philippe Amy, à Irigny (Rhône).

Les représentations de la conteuse Nathalie Bondoux.

Le Off du festival d’Avignon propose une programmation jeune public.

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“Un spectacle pour de vrai”, supplément pour les parents du magazine Pomme d’Api du mois de juin 2017. Illustration : Pascal Lemaître – Texte : Anne Bideault.
Éducation : comment affirmer son autorité avec bienveillance ? - Illustration : Marie De Monti, supplément pour les parents du magazine Pomme d’Api de mai 2017

Éducation : comment affirmer son autorité avec bienveillance ?

Des limites trop strictes, ou trop lâches, des règles inadaptées, fluctuantes… sont souvent à l’origine de conflits éprouvants pour les petits comme pour les grands ! Comment les éviter en  exerçant une autorité bienveillante qui respecte les enfants et leur donne un cadre pour bien grandir ? La rédaction du magazine Pomme d’Api a mené l’enquête auprès de deux spécialistes de la parentalité et de la petite enfance.

Conflits, rapports de force…

Éducation : comment affirmer son autorité avec bienveillance ? - Illustration : Marie De Monti, supplément pour les parents du magazine Pomme d’Api de mai 2017Entre nous, il y a des jours où je n’en peux plus. Mes nerfs sont mis à rude épreuve par un enfant de 4 ans : “Je veux pas mettre mes chaussons !”, “Je veux pas me laver les mains”, “Je veux jouer à la tableeeeette !”… J’ai parfois l’impression que mon vocabulaire s’est réduit à un seul mot : “Non”. À ma grande honte, je glisse vers le chantage (“Tu joueras à la tablette si tu ranges tes chaussures”), limite si je ne réhabilite pas le coin : “Puisque c’est comme ça, va réfléchir dans ta chambre !” Conflits, rapports de force… ce n’est pas tout à fait le type de relation que je rêvais de nouer avec mes enfants ! J’ai donc ouvert le dossier de l’autorité avec deux professionnelles de la petite enfance et de la parentalité.

Cadre trop strict ou trop lâche…

“Mon fils est insupportable”, “Elle me cherche”, “Je suis à bout”… C’est en général avec des phrases de ce genre que des parents, seuls ou en couple, prennent contact avec Lydia Louette, consultante en parentalité. “Ils ne se sentent ni écoutés, ni entendus, ni compris, ni respectés”, déplore la consultante. Elle voit dans ces problèmes le signe d’une autorité mal placée : un cadre trop strict ou trop lâche, des règles fluctuantes ou inadaptées au développement de l’enfant.
Si les règles sont trop nombreuses et enfermantes, l’enfant risque de s’inhiber et de perdre toute confiance en ses propres capacités. Pour autant, n’établir aucune limite fait peser sur l’enfant toute la responsabilité de ses actes et de ses choix : quelle angoisse ! Il a besoin de sentir qu’il peut s’appuyer sur ses parents : ce qui vaut aujourd’hui sera encore valable dans une semaine.

Règles claires pour les parents… et les enfants

Éducation : comment affirmer son autorité avec bienveillance ? - Illustration : Marie De Monti, supplément pour les parents du magazine Pomme d’Api de mai 2017Anne Spatazza est éducatrice de jeunes enfants et formatrice en communication bienveillante. Au début de ses stages, elle propose généralement aux participants (parents comme professionnels de la petite enfance) de prendre quelques minutes pour lister les règles essentielles qui ont cours chez eux. “Certains font un véritable catalogue, alors que leur enfant n’est qu’en Petite Section. Mais la plupart se rendent compte que les règles ne sont claires ni pour eux, ni pour leurs enfants.”

Elle conseille ensuite de questionner les enfants, même à l’âge “Pomme d’Api” : “Pour vous, qu’est-ce qu’on a le droit de faire chez nous ?” On a parfois des surprises… Lydia Louette renchérit : “Il est essentiel que les adultes prennent le temps de réfléchir à ce qu’ils veulent pour leurs enfants, à leur rôle vis-à-vis d’eux, pour arriver à quelque chose de clairement établi et de partagé.” Pas évident quand les parents sont séparés… Dans ce cas, l’idéal serait que l’effort de communication et de consensus soit possible. Mais lorsque des divergences éducatives amènent l’enfant à dire : “Oui, mais chez Maman, j’ai le droit  !”, Lydia Louette conseille de répondre : “Je sais que c’est différent chez Maman, mais moi, j’ai réfléchi à mon travail de Papa et pour moi, au fond de moi, c’est important que ce soit ainsi.”

Ambitions à la baisse et adaptées à l’âge de l’enfant

Autre point sur lequel s’accordent les deux professionnelles :  on ne peut pas se battre sur tous les fronts, sinon, c’est insupportable et cela met tout le monde en échec. Reprenez votre liste et revoyez vos ambitions à la baisse, en gardant en tête l’âge de votre enfant. Anne Spatazza va jusqu’à suggérer un autre critère de sélection : cette règle sera-t-elle encore importante pour moi lorsqu’il aura 18 ans ? Un exemple : est-ce que je continuerai de m’énerver si, une fois devenu adulte, il ne met pas ses chaussons ? Et s’il ne remercie pas une personne qui lui rend service ? Faites votre choix !
Mais en cas de fortes tempêtes ? Quand le fameux “terrible two” (la “crise des deux ans”) s’éternise jusqu’à la Grande Section, ou quand il y a des rechutes ? Aucune recette, bien sûr, mais peut-être l’occasion de se questionner : depuis quand est-ce difficile ? S’est-il passé quelque chose ? Dans quelle(s) situation(s) se prend-on le bec ensemble ? Il arrive alors qu’on se rende compte qu’on n’a pas vu les besoins de l’enfant évoluer : on ne peut pas dire ou imposer les choses à un enfant de 5 ans comme on le faisait quand il en avait 2. Si le parent lui parle comme à un bébé, il est normal qu’il se braque.

Cadre et liberté…

Responsabiliser son enfant en disant : “Tiens, il pleut ce matin. Qu’est-ce que tu choisis comme chaussures ?” fonctionnera mieux que le soumettre par un : “Mets tes bottes !” Parfois aussi, il faut bien l’avouer, on refuse ou on exige des choses simplement parce qu’on est énervé et qu’on a envie d’avoir le dernier mot : “Tu mets le pull rouge, un point c’est tout !”

Éducation : comment affirmer son autorité avec bienveillance ? - Illustration : Marie De Monti, supplément pour les parents du magazine Pomme d’Api de mai 2017

Gardons enfin en tête que si l’enfant s’oppose beaucoup à la maison, c’est aussi parce que la journée exige de lui une grande concentration : il a besoin de “se décharger” dans un univers familier et avec quelqu’un en qui il a confiance, c’est-à-dire vous ! Respirons donc un grand coup et regardons tous ces petits refus avec du recul. Car le cadre ne peut être tenu que s’il ménage une large marge de liberté. Cadre et liberté : la clé d’une autorité qui respecte et fait grandir l’enfant.

Le respect des règles… en 9 règles d’or

Éducation : comment affirmer son autorité avec bienveillance ? - Illustration : Marie De Monti, supplément pour les parents du magazine Pomme d’Api de mai 2017

  1. Prévenir plutôt que réagir : “Nous allons entrer dans cette boutique, j’aimerais que tu regardes les objets sans les toucher.”
  2. Rappeler ce qui a été convenu à l’avance avant de l’appliquer : “Tu peux encore regarder la télé pendant 5 minutes, mais ensuite, je te montrerai sur quel bouton appuyer pour éteindre.”
  3. Dire “oui” plutôt que “non” : “Oui, tu pourras avoir ce bonbon à la fin du repas. Je le mets là, pense à me le réclamer.” Plutôt que : “Non, on ne mange pas de bonbon avant le repas !”
  4. Expliquer ses décisions, sans noyer l’enfant sous un flot de paroles. Lorsque la règle est connue, pas besoin de revenir sur sa justification : “On se lave les mains avant de passer à table.” Voire : “Les mains !”
  5. Refuser en prenant acte que notre refus n’est pas facile à accepter et déclenche une émotion : “Ces chips te faisaient très envie, n’est-ce pas ? Tu es triste que je t’aie dit non, car je sais que tu aimes beaucoup ça !”Éducation : comment affirmer son autorité avec bienveillance ? - Illustration : Marie De Monti, supplément pour les parents du magazine Pomme d’Api de mai 2017
  6.  Se focaliser sur ce qui est permis plutôt que sur ce qui est interdit : “Tu peux écrire sur la feuille !” Plutôt que : “N’écris pas sur la table !”
  7. Faire attention à notre utilisation de l’impératif et miser sur l’intelligence de l’enfant : “Quand on arrive au grand carrefour, on fait quoi ?” “On donne la main !”
  8. Souligner le fait que tout le monde a des règles à respecter, y compris les grandes personnes : “Pourquoi tu ne doubles pas ce tracteur ?” “Parce qu’il y a une ligne blanche, ce qui signifie que c’est interdit, car trop dangereux.”
  9. Et se préparer à répéter, répéter… Le cerveau d’un enfant ne peut pas intégrer une consigne le première fois. Il l’assimile grâce à la répétition.

C’est quoi déjà, la règle ?

À l’âge des premiers jeux de société, votre enfant contourne la règle du jeu et l’adapte pour qu’elle lui soit favorable ? C’est bon signe : cela signifie qu’il a déjà intégré ce que c’est qu’une règle. Au cours du jeu, questionnez-le : “Quelle est la règle, déjà ?”, “Qu’a-t-on le droit de faire et de ne pas faire ?”, “Si je fais ça, que se passe-t-il ?”… Ainsi, vous le ferez aussi avancer sur cette notion. Peu importe qui perd ou qui gagne !

Chantage : utile, mais à quel prix ?

“Tu auras un bonbon si tu te mets en pyjama !” Ah oui, c’est sûr, ça fonctionne et ça permet d’éviter les conflits… Mais à quel prix ? Que souhaite-t-on développer chez son enfant ? L’obéissance aveugle et la docilité ? Ou l’esprit critique ? Les tournures de phrases en “Si…, alors…” sont donc à éviter. Cela ne signifie pas que l’on ne peut pas poser de conditions ! Tout est une question de formulation. Imaginons que la règle établie soit la suivante : le soir, quand les enfants sont en pyjama et ont les mains propres, avant 19 heures, ils peuvent regarder un épisode de Petit Ours Brun (au hasard !). Dans ce cas, on peut bien dire : “Tu veux regarder la télé ? Il me semble que tu sais ce qu’il te reste à faire, alors !”

Punitions, quelle efficacité ?

“La punition condamne la personne et pas l’acte”, explique Anne Spatazza. “Elle humilie et instaure une crainte du parent”, renchérit Lydia Louette. Toutes deux optent plutôt pour les notions de conséquences et de réparations. Dès l’âge “Pomme d’Api”, “si l’enfant connaît la règle, a été prévenu et averti, c’est important qu’il y ait des conséquences. C’est une réalité de la vie : un adulte qui arrive tous les jours en retard au travail finira par avoir des ennuis lui aussi !” Une réparation, à cet âge-là, ce peut être aller chercher une éponge quand on a renversé un verre, s’excuser ou faire un câlin quand on a fait mal à quelqu’un, aider à ranger l’endroit qu’on a mis en bazar, etc. Et même quand c’était “pas fait exprès” !

“Fais pas ci, fais pas ça… Comment affirmer son autorité… (sans  crier !)”, supplément pour les parents du magazine Pomme d’Api, mai 2017. Texte : Anne Bideault. Illustrations : Marie De Monti.
Yoga Pomme d'Api avril 2017

La pause yoga de Pomme d’Api, ça fait du bien !

Chaque mois, le magazine Pomme d’Api vous propose une “pause yoga” à faire avec votre enfant dès 4 ans. Téléchargez la posture du numéro d’avril et proposez-lui de s’étirer pour faire le plein d’énergie. Laissez-vous guider, tout est expliqué !

Une posture de yoga pour les enfants à partir de 4 ans

Comme le bourgeon au printemps, étire ton corps et deviens une feuille pleine d’énergie !

1. Tu es tout recroquevillé, enroulé sur toi-même, le dos rond, les bras le long de ton corps. Tu es un joli petit bourgeon !

2. Tu es prêt à grandir et à te développer. Tu places tes mains bien à plat devant toi. Tu appuies sur tes mains et sur tes orteils, pour te déplier. Tout ton corps commence à se dérouler.

3. Tu ramènes tes mains vers tes pieds et tu reposes tes pieds bien à plat. Tes mains quittent le sol, tes bras sont arrondis. Tu respires profondément. Tu te redresses tout doucement…

4. Maintenant, tu es une petite feuille toute douce, toute neuve ! Les bras tendus vers le ciel, tu t’élèves encore !

“Ta pause yoga, le bourgeon”, conception et textes : Élisabeth Jouanne. Illustrations : Ilya Green. Pomme d’Api, avril 2017