Vacances sans parents : comment préparer la séparation ? Illustration : Pierre Fouillet

Vacances sans parents : comment préparer la séparation

Le sac à dos sur les épaules, fier mais un peu inquiet, voilà votre enfant qui s’en va comme un grand chez ses grands-parents. Comment s’y préparer ensemble ? Les conseils de Pomme d’Api

Vacances sans papa maman - Comment se préparer à la séparation - Supplément pour les parents Pomme d'Api - Août 2014 - Illustrations Pierre Fouillet.En parler avec son enfant

Ça y est ! Bientôt le départ. Le plus souvent chez les grands-parents, parfois chez des cousins-cousines, une tante, une marraine, des amis proches… Un grand moment dont il est important de parler avec le petit voyageur, conseille Joël Clerget, psychanalyste.

“En insistant sur le fait qu’il va vivre quelque chose de différent : ce ne sera pas comme à la maison. Mais ne parlez pas trop tôt de ce départ, quelques “dodos” à l’avance suffisent.” Autrement, l’attente de l’échéance peut virer à l’angoisse : “C’est demain que je vais chez Papi et Mamie ?” “Non, c’est dans quinze jours !”

Faire les bagages ensemble

Vacances sans papa maman - Comment se préparer à la séparation - Supplément pour les parents Pomme d'Api - Août 2014 - Illustrations Pierre FouilletLa préparation de la valise est une bonne occasion d’anticiper ce séjour, d’en parler avec le petit vacancier, et surtout de le rendre acteur : “Va chercher 7 culottes dans ton placard et mets-les dans ton sac”, “Je mets ta brosse à dents dans cette petite poche.” Et puis on n’oublie pas le doudou, bien sûr !

Fier d’être mis à contribution, votre enfant est même attentif à quelques recommandations : “S’il y a beaucoup de soleil, tu dis à Papi de penser à ta casquette !” Une fois le sac bouclé, pris au jeu, plus d’un enfant s’amusera alors à jouer le moment du départ, en attendant le jour J : “Au revoir ! Je pars en vacances !”

Assumer sa propre appréhension

Soyons honnêtes, l’enfant est souvent bien moins inquiet que ses parents. Surtout s’il s’agit de l’aîné et de la première fois que l’on s’en sépare. “Mes (beaux-)parents sauront-ils s’en occuper ? Puis-je vraiment faire confiance à ma sœur ? On n’a pas les mêmes façons de faire ! Il va me manquer ! Je vais lui manquer !”…

Les pensées se bousculent dans la tête d’un papa et d’une maman. “Ces inquiétudes, autant ne pas les faire peser sur l’enfant, souligne Joël Clerget. C’est le problème des parents, pas le sien.” Difficile, pourtant, de les cacher. Ainsi, note Annabelle, mère de trois garçons : “Tant que j’étais stressée, ils me faisaient sentir que la séparation était longue pour eux. La fois où j’ai été ravie de me ménager du temps pour moi, en leur absence, ça s’est très bien passé.”

Comment se tranquilliser ?

En lâchant du lest sur nos principes, qui ne sont pas les mêmes que ceux des grands-parents ou des amis. Sur les rythmes du coucher par exemple, sur les habitudes des repas et de l’assiette que l’on termine ou pas… Mais ce n’est pas parce que c’est plus “strict” ou plus “libéral” chez les hôtes que cela le deviendra chez nous au retour !

Jean, par exemple, le répète souvent à ses enfants : “Chez Mamie, c’est Mamie qui commande. Mais chez moi, c’est moi !” Et puis, les “accueillants” ont généralement un gros avantage : ils se sont organisés pour être pleinement disponibles pour leurs petits invités.

Comme le résume Annabelle : “C’est sûr que chez Papi et Mamie, pour mes enfants, c’est tous les jours la fête ! Bien plus qu’à la maison où nous sommes pris par notre quotidien.” Quant aux recommandations, pas la peine de noircir des pages et des pages, hormis les nécessités médicales : “Si le terrain est trop balisé, explique Joël Clerget, c’est comme si l’enfant n’avait qu’un monde, qu’un fonctionnement. Cela empêche la découverte de l’altérité.”

Le jour J

“Quand j’étais petite, mes parents m’ont “abandonnée” sans rien me dire, à mes grands-parents. Il paraît que j’ai passé ces vacances à hurler”, raconte Anne, qui, depuis qu’elle a elle-même des enfants, s’est promis de ne jamais partir en catimini.

Oui, cela se passe bien mieux quand les choses sont annoncées clairement : “Après le goûter, je te dirai au revoir, et je partirai.” Ou “Demain matin, quand tu te réveilleras, je serai déjà parti.” Mieux vaut se confronter à la réaction de l’enfant, surtout s’il est affecté.

Mais les enfants réagissent de façons très variées : si certains manifestent leur chagrin ou leur inquiétude, d’autres décontenancent leurs parents par leur flegme : “Salut Maman !”

Vacances sans papa maman - Comment se préparer à la séparation - Supplément pour les parents Pomme d'Api - Août 2014 - Illustrations Pierre FouilletPrendre des nouvelles ?

“Ne téléphone plus le soir !” a demandé un jour une grand-mère à sa fille, car elle passait ensuite de longues minutes à consoler ses petites-filles après chaque coup de fil. Les irruptions vocales des parents dans le monde des vacances de leurs enfants peuvent les déstabiliser.

“Je prends des nouvelles auprès des adultes, a choisi Dominique. Ça évite d’interrompre un jeu ou une histoire, et j’ai le sentiment que mon fils a du mal à faire l’aller-retour entre les deux univers.” Sans compter que le téléphone est un instrument difficile à apprivoiser quand on a 4 ou 5 ans. “Prendre des nouvelles” reste une affaire d’adultes, l’enfant n’a pas besoin d’entendre la voix de ses parents tous les jours !

Les retrouvailles

Vacances sans papa maman - Comment se préparer à la séparation - Supplément pour les parents Pomme d'Api - Août 2014 - Illustrations Pierre Fouillet“Qu’est-ce qu’il a changé !” Eh oui, on ne retrouve pas son enfant exactement comme on l’a quitté. Quelle richesse ! Il a plein de choses à montrer, à raconter… Mais cela prend parfois du temps.

Au moment des retrouvailles, l’humeur de l’enfant n’est pas toujours celle que ses parents tout émus attendent. Ainsi, cette aînée qui n’a pas adressé la parole à sa mère pendant plusieurs heures, alors que la joie de sa petite sœur se traduisait par une excitation physique qui donnait le tournis… Autant que le départ, le retour est un passage délicat. Mais tous en sortent grandis !

À faire ensemble pour préparer le départ

♥ Un sac à bisous
Les amateurs de couture pourront confectionner avec leur enfant une petite pochette en tissu. Les autres feront de la récup’ ou iront fouiner au rayon “trousses de toilette”. Ce qui est important, c’est ce qu’on y glisse : un foulard imprégné du parfum de Maman ou de Papa, des photos des membres de la famille, le doudou, et surtout, des bisous (virtuels ou sous la forme de cœurs en papier, c’est comme vous voulez !). On peut en mettre tout plein, il y a toujours assez de place. Et quand on ouvre le sac, mmhh, on les sent, tous ces bisous !

♥ Un “compte-dodos”

Vacances sans papa maman - Comment se préparer à la séparation - Supplément pour les parents Pomme d'Api - Août 2014 - Illustrations Pierre FouilletRendre visible une durée pour un enfant qui ne maîtrise ni les nombres, ni le temps… Difficile ! Pomme d’Api a emprunté une idée à l’orthophoniste Bernadette Guéritte-Hess (voir Pomme d’Api Parents n° 578, avril 2014, ainsi que son ouvrage L’enfant et le temps, éditions Le Pommier).

Elle propose de réunir par une grosse pince à dessin autant de feuilles blanches que de “dodos” à passer avant de se retrouver. On peut même comptabiliser les “dodos-siestes” et les “dodos-nuits”, pour les enfants concernés. Cette liasse est fixée au-dessus du lit de l’enfant. Chaque fois qu’il se réveille, il détache une feuille, sur laquelle il pourra faire un dessin. Ces feuilles détachées sont à leur tour rassemblées par une pince à linge : ce tas grossit, pendant que l’autre diminue : on “voit” le temps s’écouler ! Bien plus concret, défini, limité et tranquillisant que “dimanche” ou “dans 5 jours”.

Vacances sans papa maman – Comment se préparer à la séparation – Supplément pour les parents Pomme d’Api – Août 2014 – Illustrations Pierre Fouillet
“Le grand chamboule-tout des vacances”, supplément pour les parents du magazine Pomme d'Api, août, 2017. Texte : Anne Bideault. Dossier illustré par Marie de Monti.

Vacances : halte à la routine !

En vacances, la routine quotidienne est abandonnée, les habitudes sont bousculées. À l’âge des petits lecteurs de Pomme d’Api, tout changement est une découverte : traverser une rivière à gué, pique-niquer dans un endroit insolite, se coucher tard, voir ses parents danser… Méli-mélo de témoignages d’enfants et de parents pour raconter le plaisir de tout chambouler pendant les vacances.

Chambouler… les vêtements

La réponse de Mathieu, 4 ans, fuse sans l’ombre d’une hésitation : ce qu’il aime, en été, “c’est d’être en slip toute la journée”. La chaleur et le contexte décontractent les tenues des uns et des autres. Et les enfants apprécient cette légèreté, et s’étonnent de ce que l’on se permet : “On marche pieds nus dans la rue”, “On peut être tout nus dans le jardin de Papi et Mamie”…

Merwan, 6 ans : “Un jour, il faisait super chaud et puis il s’est mis à pleuvoir super fort. Maman a dit : “ Tout le monde pieds nus, tout le monde dehors !” On a couru sous la pluie en short, sans chaussures, sans K-Way®. On était tout mouillés mais on n’avait même pas froid. J’ai adoré !”

“Le grand chamboule-tout des vacances”, supplément pour les parents du magazine Pomme d'Api, août, 2017. Texte : Anne Bideault. Dossier illustré par Marie de Monti.

Chambouler… les repas

Durant l’année scolaire, les repas sont pris à heures fixes (ou presque !) et leur préparation est minutée. Le soir, entre 18 heures et 20 h 30, c’est le rush ! En été, la pression est moins grande et les ingrédients estivaux facilitent la vie (ô melons, ô tomates, recevez ma gratitude éternelle…). Demandez à vos enfants : glaces et pique-niques, voilà pour eux les aliments de l’été ! Sans compter les extras festifs qu’on s’autorise parfois : un dîner au restau, une glace sur le front de mer, une étape sur la route des vacances… Autant d’expériences inhabituelles qui ravissent les enfants.

Antoine, papa de 3 enfants : “Nous les parents, on aime bien se retrouver entre adultes, parfois. Alors on propose aux enfants de manger seuls, super loin des parents”, c’est-à-dire à l’autre bout du jardin. Ils adorent venir remplir leurs assiettes à notre table et repartir “comme des grands”.

Nathalie, maman de 3 enfants : “Un jour, on a décrété “la grève des parents”. C’était aux enfants de préparer le repas. Ils ont pris leur mission très au sérieux. Les cousins les plus âgés ont pris la tête des opérations, et les plus jeunes faisaient le service, comme au restaurant. Apéritif, entrée, plat, dessert, on a tout eu ! Ils en parlent encore. Je crois qu’on va refaire une grève des parents ! ”

“Le grand chamboule-tout des vacances”, supplément pour les parents du magazine Pomme d'Api, août, 2017. Texte : Anne Bideault. Dossier illustré par Marie de Monti.

Chambouler… la maison

Passer une partie des vacances à la maison peut être un vrai moment de ressourcement pour la famille. À condition de ne pas s’obliger à régler tous les menus travaux en souffrance ! Cela permet de prendre du temps, ensemble, dans l’univers familier, pour redécouvrir les affaires que l’on possède, faire des choses qu’on ne fait jamais, jouer avec les jeux oubliés au fond des placards. Sur la page Facebook de Pomme d’Api, une maman témoigne : “On campe dans la salle de jeux et on mange dans le jardin. La maison étend ses limites, et chaque pièce trouve une nouvelle ‘fonction’”.

Marcel, 4 ans : “On a fait une cabane avec le tapis de pique-nique et des chaises. C’était notre maison. On a eu le droit d’y manger.”

Stéphanie, maman d’une fille : “Comme nous n’avons pas de jardin, j’installe des coussins et des tapis sur le balcon, une caisse avec des livres, un parasol, et c’est là que nous lisons des histoires et que ma fille se repose en début d’après-midi.”

“Le grand chamboule-tout des vacances”, supplément pour les parents du magazine Pomme d'Api, août, 2017. Texte : Anne Bideault. Dossier illustré par Marie de Monti.

Chambouler… l’usage de l’eau

La chaleur et l’eau… En été, même si on ne choisit pas la mer comme destination de vacances, l’eau n’est pas cantonnée à la baignoire et au bac à douche. Bien sûr, il y a l’excursion à la rivière, au lac, au parc aquatique, à la piscine municipale. Mais pas seulement : même dans des lieux sans eau, on peut se mouiller. “L’été, souligne Clara, 5 ans, on peut faire des batailles d’eau, et même si les habits sont mouillés, c’est pas grave !”

Tanguy, 5 ans : “Mamie m’a donné un pinceau et un bocal rempli d’eau. J’ai peint avec l’eau sur la terrasse : ça faisait des traces. Et ensuite, elles disparaissaient avec le soleil.”

Merlin, 5 ans : “J’aime bien, parce que chez Papi et Mamie, on se lave dans le jardin. Papi prend le jet d’eau, on se met tout nus avec les cousins, et on se lave avec du savon en forme de gros cube. Et on court partout dans l’herbe pour échapper à Papi !”

Chambouler… le couchage

Pendant les vacances, on fait étape chez des amis, on loue un appartement, on dort tous par terre sur des matelas avec les cousins-cousines, on découvre le camping, on utilise un duvet… “On a dormi sous une tente, raconte Martin, 4 ans. Maman m’a acheté un sac de couchage, c’est super.” Pour les enfants, apprivoiser un nouveau lit, une nouvelle chambre, c’est excitant et un peu effrayant. Il faut s’y faire. Il n’est pas rare que les premières nuits soient… mouvementées. Et puis les nuits douces et étoilées de l’été offrent de magnifiques occasions de découvertes.“Le grand chamboule-tout des vacances”, supplément pour les parents du magazine Pomme d'Api, août, 2017. Texte : Anne Bideault. Dossier illustré par Marie de Monti.

Ellen, 4 ans : “J’ai fait la sieste avec Papa dans un hamac.”

Adélie, 3 ans et demi : “ Avec Papa, on a dormi dehors, mais sans toit, par terre, dans nos sacs de couchage. On voyait les étoiles et la lune. J’entendais des bruits. Ça faisait un peu peur, mais c’était super.”

Chambouler… le regard des enfants sur les parents

Les vacances d’été, c’est la détente, le farniente, l’insouciance… Les parents essaient de délaisser leurs obligations habituelles, et mettent la pédale douce : “Papa et Maman arrêtent de nous dire de nous dépêcher”, note un petit lecteur. Les enfants ont parfois l’impression de découvrir leurs parents : “Chez nos amis, il y avait une table de ping-pong, se souvient Solène, 6 ans. Papa et Maman n’ont pas arrêté de faire des parties ! Je ne savais même pas qu’ils savaient jouer au ping-pong !”

Les retrouvailles familiales font aussi ressurgir des compétences oubliées : “Maman et Tatie nous ont fait un spectacle qu’elles ont inventé, raconte Clara. Y avait des marionnettes et elles étaient cachées derrière un drap. C’était super !” Autant de souvenirs et de bons moments à remporter dans les valises pour égayer la routine qui reprendra inévitablement ses droits !

Solène, 5 ans : “ Maman, une fois, elle s’est baignée dans la mer, et quand elle est sortie, elle s’était déguisée avec des algues : sur sa tête, dans son maillot… C’était dégoûtant ! On a bien rigolé, et après on a fait une bataille d’algues !”

Thibaut, 6 ans : “J’adore les vacances, parce que les parents jouent avec nous. On apporte des jeux de société. Même dans la voiture, on joue ! On fait aussi du foot ou des raquettes ensemble. Quand on est à la maison, ils n’ont jamais le temps.”

Isabelle, maman de 2 enfants : “Nous sommes allés à la fête du village où nous passions des vacances. Ma fille de 3 ans était éberluée de voir des adultes danser. Et quand son père s’y est mis, elle n’en revenait pas. Elle était surexcitée et ravie de danser dans ses bras. C’est un souvenir magnifique. On s’est dit qu’on ne dansait pas assez souvent !”

“Le grand chamboule-tout des vacances”, supplément pour les parents du magazine Pomme d’Api, août, 2017. Texte : Anne Bideault. Dossier illustré par Marie de Monti.

Pomme d'Api n° 618, août 2017

“Vacances en tribu : les sujets qui fâchent !”, supplément pour les parents du magazine Pomme d’Api n°654, août 2020. Illustrations : Muzo.

Vacances en tribu : les sujets qui fâchent !

Pour les vacances, tout particulièrement cette année, on a une folle envie de grands espaces. Mais aussi de se retrouver, en famille élargie ou avec nos meilleurs amis, tout en maintenant les gestes barrières, pour enfin profiter de chacun ! Petite revue de détail des sujets qui fâchent, pour réussir nos vacances à plusieurs…

(suite…)
Vacances en tribu : kit de survie. Illustrations : Pierre Fouillet

Vacances en tribu : kit de survie

Partir en vacances avec d’autres familles n’est pas de tout repos… Les uns veulent que les enfants soient couchés, les autres laissent leur progéniture gambader jusqu’à minuit. Les uns disparaissent au moment de la vaisselle, les autres prennent la direction des opérations sans admettre de discussion. Témoignages et astuces de parents pour que les vacances ne tournent pas au cauchemar !

“Vacances en tribu, kit de survie”, supplément au n°606 de Pomme d'Api, août 2016. Texte : Anne Bideault, illustrations Pierre FouilletDu côté des mauvaises surprises : des tensions autour des modes éducatifs

Sandrine, quatre filles : « Il y a trois ans, je suis partie avec une amie de longue date et son fils unique du même âge que ma petite dernière : 6 ans. Nous avions discuté à l’avance de la répartition de tâches, des chambres, des activités, mais je n’avais pas pensé à parler des horaires. Erreur ! Ça a été l’horreur : elle tenait à ce que son fils soit au lit à 20h30 comme tout au long de l’année. Mes filles et moi, nous voulions plutôt profiter des animations du camping et être un peu plus cool que lorsqu’il y a école. Sauf qu’il ne fallait pas faire de bruit le soir pour ne pas le réveiller. Par contre, le matin, il était debout à 7h30, et sa mère nous reprochait de dormir plus longtemps : il s’ennuyait sans nous ! Je suis revenue épuisée. »

Denis, trois enfants :  « Mes deux sœurs et moi, nous avons eu nos aînés la même année. Tout naturellement, nous avons décidé de partir en vacances ensemble. Mauvaise idée ! Nous étions tous dans l’apprentissage d’être parents, avec des conceptions différentes. J’ai découvert mes sœurs assez rigides et elles m’ont trouvé trop souple, trop à l’écoute de notre fille. Ça a été difficile pour ma femme qui s’est sentie décalée et jugée. Depuis, d’autres enfants sont nés, tout le monde s’est assoupli. Après une interruption de plusieurs années, nous repartons en vacances ensemble et ça se passe à merveille ! »

Modes éducatifs différents : pourquoi sommes-nous si susceptibles ?

“Vacances en tribu, kit de survie”, supplément au n°606 de Pomme d'Api, août 2016. Texte : Anne Bideault, illustrations Pierre Fouillet
Les parents de jeunes enfants, surtout quand ils découvrent “le métier” avec leur premier, sont fragiles. Ils endossent la responsabilité d’un petit être qui n’est pas toujours à l’image – forcément idyllique – de ce qu’ils avaient imaginé. Beaucoup disent à quel point ils trouvent cela difficile, expliquent les psychologues : ils ne s’attendaient pas à ce que ce soit si coûteux en énergie physique et psychique. Comme à l’adolescence, peu sûrs de soi à l’intérieur, on se protège avec une carapace qui nous rend parfois agressifs et brusques. Le regard de l’autre est difficile à vivre et nous fait renouer avec la susceptibilité adolescente. D’autant que les conseils fusent de toutes parts (grands-parents, beaux-parents, frères et sœurs, proches, médias…) : “Ah, si tu le laisses faire, il te mènera par le bout du nez…”, ou “S’il ne dort pas davantage, son cerveau ne se développera pas correctement…” À force de se sentir jugés, les jeunes parents sont tellement pétris de doutes qu’ils n’arrivent plus à penser, à se faire confiance. Il faut se répéter qu’il n’y a pas de certitudes en matière d’éducation et se garder de présager de l’avenir. Pour les vacances, tâchons d’être détendus. Et si les commentaires des autres nous pèsent, laissons passer quelques étés avant de partir en groupe !

Du côté des bonnes surprises : davantage de temps pour soi et de belles retrouvailles

Élise, deux enfants de 5 et 7 ans : « Nous partons en vacances avec d’autres familles assez régulièrement depuis que les enfants sont tout petits. Au début, on prévoit un séjour court, un week-end par exemple. Avec certains, ça roule, donc on peut partir plus longtemps, une semaine, voire plus. Pour moi, partir avec d’autres, c’était une évidence : je l’ai vécu dans ma propre enfance. Cela donne de la liberté à tout le monde : les enfants font leur vie, ils peuvent aller avec les uns ou les autres, ont accès à davantage d’activités… Je trouve qu’ils en sortent toujours grandis ! Pour les adultes aussi, c’est un temps plus allégé : les tâches se répartissent, on peut même parfois s’octroyer une soirée en couple ou entre copines pendant que les autres parents prennent en charge la troupe… Et puis, on se sent soutenus : un de nos enfants a posé longtemps des problèmes d’endormissement. Je n’en pouvais plus, je me suis effondrée un soir, et mes amis m’ont épaulée. La présence d’un tiers est bénéfique. Au final, on a pu en rire ensemble et dédramatiser. »

Laurent, un fils de 2 ans et demi : « À l’origine, il s’agit d’une bande de copains de lycée. Les pièces rapportées et les enfants se sont rajoutés au fil des années, tout naturellement. Nous sommes désormais presque 30 à partir ensemble : 15 adultes et 14 enfants ! Pour que cela se passe bien, il est impératif de s’organiser. Des équipes sont constituées en amont : par groupe de trois, on se charge du choix du menu, de la liste de course et de la préparation de deux repas par semaine. Tout cela figure sur un fichier partagé sur Internet, de manière à pouvoir commander un “drive” dans un supermarché sur place pour les premiers jours. Pour les comptes, un coefficient est attribué à chaque famille selon le nombre d’enfants, et… on s’en tire vraiment pour pas cher ! La seule chose qui peut susciter des tensions, c’est l’inertie du groupe. Si bien qu’on a décidé que chacun pouvait vivre à sa guise en dehors des repas. Ainsi, personne n’a à attendre que tout le monde soit prêt. On part à la plage, et on verra bien si d’autres nous rejoignent. Nos conceptions de l’éducation sont assez proches et on se fait confiance : ceux qui se proposent gentiment de prendre en charge les enfants appliquent leurs règles, c’est normal. Partir en grand groupe, c’est un moment de bonheur, de retrouvailles, de partage. C’est aussi la possibilité de s’offrir la location de très grandes maisons. Pour nous citadins, avoir de l’espace, ça fait du bien ! Et puis la préparation des repas pour 30, c’est seulement deux fois par semaine, alors qu’à la maison, cela revient tous les jours ! »
“Vacances en tribu, kit de survie”, supplément au n°606 de Pomme d'Api, août 2016. Texte : Anne Bideault, illustrations Pierre Fouillet

8 conseils pour passer des vacances de rêve entre amis

  • Observer ses amis avant de projeter de partir ensemble
    Comment se comportent-ils avec leurs enfants ? Si des choses nous gênent déjà quand on ne fait que se croiser à la sortie de l’école ou partager un goûter, autant renoncer à l’idée de passer une semaine ensemble !
  • Provoquer une réunion en amont
    “J’ai raconté ma mauvaise expérience précédente, ça nous a permis d’aborder tous les points.” Des vacances en grand groupe, ça ne s’improvise pas. Les préparer évite d’avoir à résoudre des questions sur place.
  • “Vacances en tribu, kit de survie”, supplément au n°606 de Pomme d'Api, août 2016. Texte : Anne Bideault, illustrations Pierre FouilletLes questions auxquelles il est bon d’avoir répondu avant :
    – Qui dort où et avec qui ?
    – Comment est fait le ravitaillement, comment sont établis les menus, préparés les repas ?
    – À quelle heure les enfants sont-ils couchés ?
    – Les adultes dînent-ils avec les enfants ou après les avoir couchés ?
    – Va-t-on tout faire ensemble (visiter la grotte, aller à l’accrobranche, etc.) ou chacun a-t-il de la latitude ?
  • Évaluer le curseur de dépenses de chacun
    Si certains envisagent le restau un soir sur deux alors que les autres sont plutôt ric-rac, ça va créer une gêne.
  • Aborder les points sur lesquels on aurait du mal à s’assouplir
    “Pour nous, le sommeil est primordial, nous tenons vraiment  à la sieste…”
  • Aborder la question de l’autorité
    – Les référents adultes seront-ils interchangeables ?
    – Puis-je faire une remarque au fils de ma copine ?
    – Vais-je accepter que mon enfant soit pris en charge par un autre papa ?
  • Prévoir un temps de vacances “entre soi“
     “Après une semaine en groupe, on apprécie de se retrouver entre nous.”
  • Rester philosophe !
     Les vacances, c’est aussi sortir du cadre éducatif habituel.
“Vacances en tribu, kit de survie”, supplément au n°606 de Pomme d'Api, août 2016. Texte : Anne Bideault, illustrations Pierre FouilletVacances en tribu, kit de survie”, supplément au n°606 de Pomme d’Api, août 2016. Texte : Anne Bideault, illustrations Pierre Fouillet

Vacances : l’aventure, c’est partout ! Illustrations : Pierre Fouillet

Vacances : l’aventure, c’est partout !

Pas la peine d’aller au bout du monde pour pimenter vos vacances d’un parfum d’aventure. À 4 ans, l’ordinaire se transforme vite en extraordinaire. Et quand les parents y ajoutent leur grain de sel, c’est une sacrée belle aventure familiale !

L“L'aventure, c'est partout” - Texte Anne Bideault - Illustrations Pierre Fouillet - Supplément pour les parents du magazine Pomme d’Api d'août 2015es grandes vacances, vaste terre d’aventures !

Qu’elles soient fortuites ou suscitées, les enfants adorent les surprises et “l’extra-ordinaire”, ils y puisent leurs plus grands souvenirs de vacances. Pour vivre une aventure avec des enfants, point besoin de partir au bout du monde ou de payer des entrées dans un “parc d’aventures”  ! Planter la tente dans le jardin a d’ailleurs souvent été la réponse spontanée que nous ont faite les parents interrogés. Car permettre l’aventure, c’est guider ses enfants hors des sentiers balisés, assouplir les règles habituellement en vigueur, quitter un instant la routine.

Philippe et Agnès, parents de quatre enfants désormais adultes, se rappellent ces nuits passées sur la terrasse de leur maison : “On sortait les matelas et on dormait tous dehors. On entendait les hérissons passer. Un soir, on a même vu une femelle avec tous ses petits. Merveilleux !” Maxime, qui n’a que sept ans, confie que le meilleur souvenir de sa vie, c’était l’été dernier, quand, au lieu d’aller se coucher, il est retourné sur la plage à la nuit, avec sa tante, pour regarder les étoiles “jusqu’à minuit !” Et il décrit avec précision ses sensations : le bruit doux de la mer, le ciel immense et enveloppant, le vent chaud, le sable sous son corps allongé… Un moment engrangé pour toujours.

L’exceptionnel n’est pas toujours où on le croit !

Les enfants ne portent pas sur le monde le même regard que les adultes, comme en témoigne ce résumé des vacances adressé à une mamie sur une carte postale : “Dans le train de nuit, on est allé faire pipi. Au fond des toilettes, on voyait les rails.” L’exceptionnel n’est pas toujours où on le croit ! L’imprévu, voire la tuile, à laquelle doivent faire face les parents peut être vu par les enfants comme une aventure : la panne de voiture, l’orage, la correspondance manquée… C’est un ressort dont on peut user, pour faciliter la traversée de situations délicates. Ainsi Marine, peu sûre du sentier emprunté, avait inventé tout un scénario pour que son fils continue de marcher d’un bon pas : “On dirait qu’on serait des aventuriers qui n’auraient plus à manger. Il faut absolument qu’on arrive avant la nuit à une route goudronnée. Courage !”

L’aventure, petite ou grande, réelle ou encadrée, éveille chez l’enfant le goût de la découverte, le désir d’aller vers l’inconnu, et permet à ceux qui l’accompagnent de partager avec lui émotions et expériences. Pour le pédopsychiatre Daniel Marcelli, qui a consacré une étude entière à la surprise, “tolérer l’incertitude, accepter l’inattendu ou l’insolite sont des préconditions indispensables pour investir son proche environnement et développer des capacités d’apprentissage.”Ainsi, grâce à nos enfants, l’extraordinaire et l’aventure sont partout, même au bout Pas la peine d’aller au bout du monde pour pimenter vos vacances d’un parfum d’aventure. À 4 ans, l’ordinaire se transforme vite en extraordinaire. Et quand les parents y ajoutent leur grain de sel, c’est une sacrée belle aventure familiale ! du jardin. Et nous sommes tous des aventuriers ! Toute la rédac’ attend donc vos cartes postales de vacances !

Vacances en famille : témoignages et récits

Hélène, mère de trois filles de 8 ans, 5 ans et 1 an, passe avec sa famille des vacances relativement classiques. Mais il suffit de peu de chose pour rompre avec le quotidien…

“L’été dernier, avec un nourrisson, les vacances n’avaient rien de très original. Nous avions loué un bungalow dans un camping en Gironde. Mais un soir après le dîner, j’ai chuchoté à ma fille aînée : “Viens, on file !” Nous avons parcouru avec nos vélos les 4 km qui nous séparaient de l’Océan, à travers la pinède. Assises ensemble sur la plage, nous avons regardé le coucher de soleil. C’était un beau moment : elle était fière d’avoir eu le privilège de ne pas se coucher, d’être seule avec moi, sans ses sœurs, et de faire du vélo la nuit. J’ai découvert son côté contemplatif, ça m’a fait plaisir.”

Sylvie et Benoît sont des aventuriers dans l’âme. Quand leur fils aîné avait un an, ils ont fait avec lui un tour du monde à vélo. Depuis, ils ont eu trois enfants (8 ans, 5 ans et 3 ans), et se gardent toujours le droit de proposer à leurs trois enfants “des trucs un peu fous fous”.

“L’été dernier, on a parcouru le Luberon à vélo. Un après-midi, on a mangé des glaces tellement bonnes qu’on a promis à nos enfants de revenir le soir pour le dessert. Sauf que… il n’y avait pas de camping dans ce village ! Mais nous étions bien résolus à y dormir quand même. Le glacier nous a indiqué un endroit assez plat et dégagé, rien d’officiel. On a attendu la tombée de la nuit pour monter la tente, en demandant aux enfants de ne pas faire trop de bruit pour ne pas déranger les riverains. Ils avaient vraiment le sentiment de faire quelque chose d’interdit. Nous avons dû apaiser leurs craintes, en expliquant que si l’on respectait les lieux, on n’avait aucune raison d’être chassés. L’aventure, c’est aussi ça : laisser la porte ouverte à la flexibilité, pour montrer que ce qui n’est pas planifié n’est pas forcément moins bien. Ça peut même être mieux : nous avons mangé deux fois des glaces !”

Pas la peine d’aller au bout du monde pour pimenter vos vacances d’un parfum d’aventure. À 4 ans, l’ordinaire se transforme vite en extraordinaire. Et quand les parents y ajoutent leur grain de sel, c’est une sacrée belle aventure familiale ! Jean-Philippe emmène chaque été ses petites citadines camper à la montagne. Il a à cœur de leur transmettre ce que ses parents lui ont appris quand il était petit : observer la nature, découvrir ce qui peut nous être utile, respecter ces biens communs.

“Je suis l’inverse d’Indiana Jones. L’aventure, pour moi, ce n’est pas le deltaplane, les sports extrêmes, mais le calme, la lenteur, l’observation, l’explication. On soulève un rocher, on observe les insectes, les limaces, on les prend dans sa main, puis on remet tout en place. On consacre du temps à la préparation du feu de camp : quelles pierres choisir, comment les disposer ? Brindilles, pommes de pin, petit bois, bûches : dans quel ordre va-t-on les allumer ? Et si on fait chauffer une pierre plate dans le feu, on y fera griller des choses : poivron, jambon… Mes filles s’éclatent. Puis on s’allonge pour regarder le ciel. Le paysage est différent, la nuit. Les couleurs changent, les bruits aussi… Elles sont attentives à tout cela, et je le constate même le reste de l’année.”

Enfants et adultes n’ont pas la même perception de l’aventure. Claire en a fait l’expérience avec ses deux filles, de 4 et 7 ans. Ce qui fut pour elle un vrai pépin pendant un voyage, se transforma en une belle épopée pour ses filles.

“Cet été-là, je traversais la France du Nord au Sud, de la Normandie aux Pyrénées. À Paris, nous devions monter dans un train de nuit, chose déjà très excitante. Mais au lieu de partir à 22 heures, le train n’a quitté le quai qu’à 1h30 du matin. Le cauchemar pour moi, l’aventure pour mes filles ! Je garde en tête l’image de la plus petite, allongée à même le sol de la Gare d’Austerlitz. La grande se prenait fièrement en charge, avec son sac à dos, me proposant son aide… Au petit matin, je n’avais rien à leur donner à manger. La SNCF nous a distribué des Pas la peine d’aller au bout du monde pour pimenter vos vacances d’un parfum d’aventure. À 4 ans, l’ordinaire se transforme vite en extraordinaire. Et quand les parents y ajoutent leur grain de sel, c’est une sacrée belle aventure familiale ! boîtes de pâté et du café qui chauffe tout seul… Toutes ces choses étranges les ont fait rire et leur ont beaucoup plu !”

Cécile et Dominique ont deux filles jumelles. Amateurs de montagne, ils les ont emmenées dormir en refuge. 

“L’aventure, ça se mérite ! La nuit au refuge était l’aboutissement d’une journée complète de marche, dont nous avions sous-estimé la longueur. Heureusement qu’il y avait des marmottes à la fin du parcours pour motiver nos filles ! Elles n’avaient que 4 ans et portaient vaillamment leurs petits sacs à dos. Pour elles, trouver une maison où dormir dans cet endroit paumé, c’était extraordinaire. Tout autant que de manger une soupe en plein été à 18h30 ! Elles ont tout visité, excitées à l’idée de dormir tous dans la même chambre. La gardienne était très surprise de voir de si petites filles, elle nous a même pris en photo ! Le lendemain, la fatigue s’est fait sentir, et elles ont terminé sur nos épaules. Mais depuis, dès qu’on va à la montagne, on ne coupe pas à la nuit en refuge !”

Pas la peine d’aller au bout du monde pour pimenter vos vacances d’un parfum d’aventure. À 4 ans, l’ordinaire se transforme vite en extraordinaire. Et quand les parents y ajoutent leur grain de sel, c’est une sacrée belle aventure familiale !

“L’aventure, c’est partout !” – Dossier réalisé par Anne Bideault – Illustrations Pierre Fouillet – Supplément pour les parents du magazine Pomme d’Api d’août 2015
Tous dehors ! - Illustration Pascal Lemaître.

7 idées pour découvrir la nature en famille

Nos modes de vie nous font perdre de plus en plus le contact direct avec la nature. Pourtant, celui-ci est vital, a fortiori pour les enfants. Alors, en avril, la rédaction du magazine Pomme d’Api vous emmène au grand air pour l’explorer et la découvrir en famille !

La nature… loin de la campagne aussi !

En France, 60 % de la population réside dans les grands pôles urbains, où la densité de population dépasse les 800 habitants par km2… Cela en fait, des enfants qui grandissent loin de la campagne ! Pour autant, même dans un espace urbain ou périurbain, la nature est présente. Mais on a tendance à ne pas la voir. C’est pourtant bien elle qui se montre, là, dans le parc, dans les bourgeons des arbres de l’avenue, mais aussi dans les herbes qui poussent entre les dalles, dans les nuages qui parcourent le ciel entre les toits, dans la pluie qui nous surprend, le coup de vent qui nous met de la poussière dans les yeux, dans ces champignons invisibles qui font boursoufler le bitume du trottoir… “Tous dehors !”, supplément pour les parents du magazine Pomme d’Api d’avril 2017. Texte : Anne Bideault. Illustrations : Pascal Lemaître.

Tous dehors !

“Tous dehors !”, supplément pour les parents du magazine Pomme d’Api d’avril 2017. Texte : Anne Bideault. Illustrations : Pascal Lemaître.Profitons de ce début de printemps pour être plus attentifs à la nature. Ouvrons les yeux de nos enfants et laissons-nous ouvrir les yeux par leur regard curieux. Car, qu’elle soit contrainte en ville, domestiquée dans le jardin, ou vaste à la campagne ou à la montagne, la nature est un irremplaçable terrain de jeux. Les enfants peuvent y jouir d’une liberté inhabituelle pour courir sans retenue, escalader, observer, explorer, questionner. C’est le lieu de la fatigue physique et du grand air, on peut y éprouver de grandes émotions (la peur, la joie, l’excitation), y surmonter des obstacles (“J’ai touché la limace !”), faire d’innombrables découvertes et développer son sens de l’observation ou de la contemplation. C’est aussi le lieu où les parents doivent parfois dominer leurs appréhensions pour laisser leurs enfants prendre le risque de grimper aux arbres, de s’écorcher les genoux. Et tant pis si les vêtements reviennent sales et les chaussures crottées !

Enfilez bottes et cirés, attrapez un bocal, un sac, un canif, et… dehors avec ces 7 idées de la rédaction de Pomme d’Api.

Organiser une chasse aux trésors

Avant de partir en promenade et d’envoyer vos enfants en mission, imaginez avec eux ce qu’ils devront rapporter. Les parents motivés peuvent même établir une petite “fiche mission” avec une liste illustrée de dessins ou de photos. Veillez à limiter leur collecte à une seule feuille par arbre ou par buisson visité !

Exemples d’éléments à rapporter :

  • une coquille d’escargot
  • un insecte
  • une feuille piquante
  • une feuille aux bords arrondis (lobée)
  • une feuille dentelée
  • une feuille à poils (velue)
  • une feuille lisse
  • un fruit (grandes discussions en perspective sur ce qu’est un fruit !)
  • une graine, etc.

Fabriquer un herbier

De retour à la maison, vous pourrez confectionner ensemble un herbier. Si personne parmi vous ne sait distinguer un tremble d’un bouleau, un hêtre d’un charme, quelle importance ? Il s’agit d’abord d’observer que toutes ces feuilles sont différentes, de garder un souvenir de cette journée (“Herbier du jour où…”), et peut-être de comprendre que c’est ainsi qu’ont commencé les botanistes pour classifier et nommer les espèces. S’ils veulent aller plus loin, vous chercherez et apprendrez ensemble !“Tous dehors !”, supplément pour les parents du magazine Pomme d’Api d’avril 2017. Texte : Anne Bideault. Illustrations : Pascal Lemaître.

Classer, collectionner

Se promener avec des enfants, c’est prendre le risque de voir leurs blousons s’alourdir, s’alourdir… au gré des trésors ramassés et fourrés dans les poches. Cailloux, glands, feuilles, bâtons, brindilles… les petits aiment les collections ! Et c’est tant mieux ! Peu importe que vous vous y connaissiez ou non. Montrez-leur aussi où dénicher ce qu’ils n’ont pas vu : les spores de la fougère collées sur la face cachée des feuilles, celles des champignons qui tombent de leur chapeau quand on le tapote (placer une main ou un papier en dessous, pour le vérifier). Une fois rentrés, proposez à vos enfants de classer leurs trouvailles par tailles, par couleurs, par formes… “Tous dehors !”, supplément pour les parents du magazine Pomme d’Api d’avril 2017. Texte : Anne Bideault. Illustrations : Pascal Lemaître.

Écouter, sentir

Allongeons-nous par terre (ou asseyons-nous sur une pierre si c’est mouillé), fermons les yeux et… chut ! Laissons passer un petit instant. A-t-on entendu quelque chose ? Des bruits de la nature ou des bruits de l’homme ? Les yeux toujours fermés, concentrons-nous cette fois sur l’odorat : est-ce que ça sent quelque chose ? Une fois ce temps contemplatif terminé, on peut mettre les enfants au défi : saurez-vous vous déplacer sans faire de bruit, comme un chat ou un petit Indien ? Pas facile ! Et si on a vraiment l’ouïe fine : au début du printemps, collez votre oreille contre un arbre, de préférence à l’écorce lisse et fine (cerisier, platane, marronnier). Vous entendez ? C’est la sève qui monte ! Véridique ! Si vous avez la chance de bien connaître un médecin, faites-vous prêter un stéthoscope, le son est encore plus net.

Voir une chenille se transformer

Observez les plantes au bord du chemin. Y voyez-vous des chenilles ? Dans ce cas, prélevez le plant avec ses racines et ses occupantes. Placez-le dans un grand bocal fermé (si les chenilles sont de différentes variétés, c’est encore mieux). De retour à la maison, remplacez le couvercle du bocal par une gaze. Veillez à ce que le plant reste humide en l’humectant de temps à autre avec un vaporisateur. Si les chenilles ont mangé toutes les feuilles, il faudra retourner leur en cueillir de la même sorte. Vous aurez la chance de voir les chenilles tisser leur cocon, se transformer en chrysalides puis… en papillons (que vous relâcherez bien sûr !)“Tous dehors !”, supplément pour les parents du magazine Pomme d’Api d’avril 2017. Texte : Anne Bideault. Illustrations : Pascal Lemaître.

Observer les coccinelles

“Tous dehors !”, supplément pour les parents du magazine Pomme d’Api d’avril 2017. Texte : Anne Bideault. Illustrations : Pascal Lemaître.La coccinelle ravit les petits. Ils osent la laisser courir sur leur main, alors que d’autres petites bêtes les intimident… En revanche, détrompez-les : le nombre de points n’indique pas l’âge, mais simplement qu’il s’agit d’une des cent espèces différentes que l’on trouve en France. Une coccinelle vit rarement plus d’un an.
Bon à savoir : rares sont les insectes dangereux, et on peut tout à fait prendre un scarabée ou une sauterelle dans sa main. C’est l’occasion aussi de compter les pattes : une araignée n’est pas un insecte, car elle a 8 pattes et non 6 !

Se décrotter “utile”

En rentrant de balade, les chaussures sont souvent à nettoyer. Décrottez-les avec vos enfants en recueillant la terre dans une petite soucoupe. Arrosez légèrement chaque jour. Vous aurez la surprise de constater que… ça pousse ! C’est d’ailleurs ainsi que certaines graines sont transportées d’un continent à l’autre.

Des livres pour aller plus loin

“Tous dehors !”, supplément pour les parents du magazine Pomme d’Api d’avril 2017. Texte : Anne Bideault. Illustrations : Pascal Lemaître.
Au secours ! Mes petits-enfants débarquent ! Comment faire découvrir la nature aux enfants ? Louis Espinassous, Frédéric Lisak, éditions Plume de Carotte.
Louis Espinassous (dont diverses vidéos sont consultables sur le net) se consacre depuis des décennies à l’éducation à l’environnement. Il a rassemblé dans ce guide épatant une multitude des activités qu’il propose lors de ses sorties, et dont certaines figurent dans cet article. Contrairement à ce que le titre laisse entendre, il convient aussi aux parents et aux enseignants.
Au fil des six chapitres (au jardin, en ville, en chemin, dans les bois, au bord de l’eau, à l’aventure), l’auteur – éducateur “nature”, biologiste, ethnologue, conteur… – liste astuces, petits bricolages, anecdotes, et distille un savoir accessible et décomplexé. Des pictos indiquent aussi la saison la plus appropriée pour chaque activité. Si vous voulez faire une clarinette avec une tige de pissenlit, apprendre à distinguer un papillon de jour d’un papillon de nuit, vous rafraîchir la mémoire en redécouvrant comment faire une poupée avec un coquelicot… ce guide est fait pour vous !

Hello Nature, Nina Chakrabarti, éditions Seuil Jeunesse.
Un gros livre qui mixe connaissance, activités, coloriages. À partir de 5 ans.

Où se cachent-ils ? Emily Bornoff, éditions Casterman.
Un album sur le principe d’un “cherche et trouve” des animaux rares ou en voie de disparition, accompagné d’une double page documentaire à la fin. À partir de 3 ans.

Imagier des saisons, Pittau & Gervais, éditions Les Grandes Personnes.
Des pages avec des rabats sur les quatre saisons, des fleurs en boutons aux flocons de neige, en passant par les animaux à poils ou à plumes. À partir de 3 ans.

“Tous dehors !”, supplément pour les parents du magazine Pomme d’Api d’avril 2017.
Texte : Anne Bideault. Illustrations : Pascal Lemaître.