10 mots clés pour comprendre comment les jeunes enfants s’immergent dans une langue étrangère.
1. ACTION
Un enfant n’apprend pas l’anglais : il fait de l’anglais. Il joue, il chante, il interagit en anglais. Les spécialistes parlent d’imprégnation ou d’acquisition implicite ou naturelle (les adultes ou les adolescents apprennent eux, “explicitement” une langue étrangère).
2. RELATION
La relation et les interactions avec l’adulte – notamment les parents – sont un moteur puissant. C’est grâce aux situations d’échanges, de dialogues, de jeux, que les petits apprennent et ont envie d’apprendre.
3. PLAISIR
Le plaisir est un autre moteur puissant pour tous les apprentissages. Le plaisir partagé entre l’enfant et le parent, le plaisir de jouer tout simplement, et aussi le plaisir de produire de nouveaux sons.
4. MUSIQUE
Les petits entrent dans une langue étrangère comme ils sont entrés dans leur langue maternelle : en captant son rythme, ses intonations, son accentuation, ses sons. Leur capacité à capter cette “nouvelle musique” rendra plus efficace leur apprentissage de l’oral (compréhension et prononciation) par la suite.
5. CORPS
Un enfant apprend avec tout son corps. Lorsqu’il chante en se balançant ou en dansant, lorsqu’il mime, lorsqu’il récite une comptine avec des jeux de doigts ou de mains, tous ses sens sont mobilisés. C’est ainsi que la mémorisation est la plus efficace.
6. COMPRÉHENSION
Comme pour sa langue maternelle, l’enfant n’a pas besoin de (tout) comprendre pour aimer chanter, répéter des comptines ou écouter une histoire… en anglais. Il adore chanter Frère Jacques sans savoir ce que sont les “mâtines”…? Tout comme vous aimez chanter Queen ou Ed Sheeran !
7. SENS
Les mots ne sont que l’un des ingrédients du langage et de la communication. Pour comprendre (une situation, des phrases), le petit enfant utilise le contexte et de nombreux indices, visuels ou auditifs : le décor, les gestes, les mimiques du visage, les intonations, le rythme des mots…. Il “construit du sens” avec toutes les informations à sa disposition. En découvrant une autre langue, il développe cette capacité. Et plus il la développe, plus il pourra l’appliquer à d’autres situations, ou à de nouvelles langues.
8. COMPTINES
Les comptines, les poèmes, les ritournelles, les chansons sont parfaits pour “entraîner l’oreille” à la musique d’une langue. Porté par le rythme, l’enfant reproduit naturellement l’accentuation de l’anglais, apprivoise de nouveaux sons et s’entraîne à les prononcer.
9. MÉMOIRE
C’est à force de répéter des expressions que l’enfant les mémorise. Cela devient des automatismes pour lui ! La répétition régulière et fréquente fixe la mémorisation. À l’inverse, un enfant bilingue à 3-4 ans perdra sa deuxième langue s’il ne l’entend plus du tout (mais il ne perdra pas son “oreille” et sa capacité à la parler s’il la réapprend plus tard…) .
10. VOCABULAIRE
L’acquisition du vocabulaire (les couleurs, les chiffres, les vêtements, les animaux) n’est pas le premier objectif de l’éveil à une langue étrangère. Cette acquisition se fait petit à petit, implicitement, par les interactions avec d’autres enfants ou des adultes, par les jeux (qui associent des sons et des images), et surtout par la répétition fréquente et régulière.
Odile Amblard
Sources :
Stéphanie Roussel, maître de conférences à l’université de Bordeaux, auteure notamment de Apprentissage des langues, mythes et réalités, Retz 2017.
Christelle Dodane, maître de conférences à l’université de Montpellier.
Daniel Gaonac’h, professeur émérite de l’Université de Poitiers, ancien directeur du Centre de recherches sur la cognition et l’apprentissage, auteur notamment de L’apprentissage précoce d’une langue étrangère (nombreuses rééditions).
Charlotte Thomas, professeure d’anglais et formatrice à l’INSPE (Institut national supérieur du professorat et de l’éducation) de Paris, et conseil pédagogique pour la Mallette Sing Move Play (Bayard Éducation 2019).