Repas en famille… et sans stress ! Illustration : Peter Elliot

Repas en famille… et sans stress !

Il y a des repas en famille où nos nerfs sont mis à rude épreuve. Et quel parent n’a alors jamais rêvé de jeter son tablier ? Quand il s’agit de nourrir nos enfants, nous y mettons beaucoup d’affect. Le savoir peut aider à ajuster nos comportements pour des repas plus sereins.

Autour de la table, l’impact de nos souvenirs d’enfance…

Les enfants à table ! Et si on faisait baisser la pression ? - Supplément parents Pomme d'Api - Février 2014 - Illustrations Peter ElliotRien ne cristallise plus notre angoisse de parents que la relation qu’entretiennent nos enfants avec la nourriture. Réaction naturelle, animale, puisqu’elle touche à la survie. Mais pas seulement, car dans nos casseroles se mélangent des ingrédients psychologiques complexes.

Isabelle Filliozat, psychothérapeute, nous invite à nous interroger sur ce qu’évoque la cuisine pour nous, sur l’image que nous en conservons depuis l’enfance, sur les interdits et les permissions que nous y avons reçus. Qui faisait la cuisine ? Avec plaisir ou ennui et lassitude ? À table, qu’attendaient de nous nos parents ? Tout cela joue – dans un sens ou dans l’autre – sur notre attitude actuelle. Quand on a été privé de dessert petit, il peut être difficile de réprimer un “Si tu ne finis pas tes légumes, tu n’auras pas de yaourt !” ou, à l’inverse, on peut avoir envie de laisser son enfant ne manger que du sucré.

Pas facile alors de se déprogrammer pour changer d’attitude. Surtout quand il faut imaginer en vitesse un repas après une journée de travail sous pression, tout en gérant le bain, les devoirs, et la fatigue de la maisonnée…

Au menu, amour ou nourriture ?

Il y a des repas en famille où nos nerfs sont mis à rude épreuve. Et quel parent n’a alors jamais rêvé de jeter son tablier ? Quand il s’agit de nourrir nos enfants, nous y mettons beaucoup d’affect. Le savoir peut aider à ajuster nos comportements pour des repas plus sereins.“Je vais lui faire son petit plat préféré, il m’en dira des nouvelles…”, “J’ai préparé ce gratin avec amour et personne ne finit son assiette ?”… Ces phrases, qui ne les a pas prononcées ? Elles traduisent une attente bien précise.

Inconsciemment, les parents confondent don de nourriture et don d’amour”, notait Maryse Vaillant dans son livre Cuisine et dépendances affectives. Trop souvent, nous préparons à manger pour qu’on nous aime ou pour montrer notre amour. Nous en attendons même de la gratitude. Nous invitons même notre enfant à manger “une cuillère pour Maman, une cuillère pour Papa.” Mais un enfant ne mange pas pour son papa ou pour sa maman, mais pour lui. Rien de neutre dans cette cuillère tendue.

Du refus net… à la décision de manger

Face à nous, un petit d’homme qui sent toutes nos attentes et… décide que, non, il ne mangera pas. Pas avec les couverts, mais à la main ; pas assis, mais debout ; pas l’entrée, mais le dessert… À l’âge Pomme d’Api, un enfant a beaucoup à prouver. En premier lieu, qu’il est un individu singulier, capable de décider. Et donc de refuser, même ses aliments préférés.

Dans le même temps, sa curiosité est immense. Mais toutes ces nouveautés sont difficiles à apprivoiser. Ce qui explique aussi ses refus. Lutter, interdire, forcer – on comprend alors que tout cela est voué à l’échec.

Les parents, selon Maryse Vaillant, ne devraient pas “convaincre” un enfant de manger, mais “lui en donner la possibilité”. En lui permettant de choisir, si nous nous en sentons capables. En acceptant par exemple une période “bananes” (c’est du “vécu”!), qui peut durer plusieurs jours. Tout autre aliment étant systématiquement écarté avec un non très ferme. Quel régime…

Les bonnes manières, oui mais…

Il y a des repas en famille où nos nerfs sont mis à rude épreuve. Et quel parent n’a alors jamais rêvé de jeter son tablier ? Quand il s’agit de nourrir nos enfants, nous y mettons beaucoup d’affect. Le savoir peut aider à ajuster nos comportements pour des repas plus sereins.De même, face à l’assiette, n’en demandons pas trop d’un coup à nos enfants. À l’image de ce repas de famille où d’appétissantes tranches de melon avaient été disposées dans chaque assiette. À la vue de ces assiettes, les enfants accourent. Mais une voix sèche assène soudain : “On attend que tout le monde soit assis pour commencer !” Étrangement, l’appétit de certains s’est alors évanoui, soulevant des commentaires pincés : “Qu’est-ce qu’ils sont difficiles !”

Eh oui… c’est difficile pour un petit de se plier à nos bonnes manières. L’ensemble des règles de bienséance s’apprend petit à petit. Aussi, si le repas est vécu comme un moment de bonheur autour de la table, nous pouvons fermer les yeux sur une petite bouche pleine et très bavarde…

Apaiser les repas : mode d’emploi

On mange quoi, ce soir ? Quel casse-tête parfois pour échapper à une crise ou à des négociations serrées autour de la table ! Sans cuisiner non plus un menu à la carte pour chacun, voici quelques suggestions pour varier les goûts et les plaisirs et inciter les enfants à sortir du purée-jambon-croque-monsieur-pâtes. Elles demandent un peu de temps mais peuvent faire baisser la tension. À tester durant le week-end ou les vacances, donc.

Faire la cuisine avec eux

Pour développer leurs sens et leur envie de goûter, les associer à la préparation du repas est efficace. Ils en seront tellement fiers ! Équeuter les haricots verts, écosser les petits pois, couper les pommes en morceaux (oui, même à 3-4 ans on peut manipuler un couteau), pétrir la pâte, voir couler la sauce…

Pas la peine de les cantonner à la pâtisserie, tout leur plaît, le sucré comme le salé. Même faire la vaisselle les passionne ! Cela leur prouve que la nourriture n’existe pas sous forme toute préparée. Les parents, eux, doivent s’armer de patience et apprendre à repêcher le jaune tombé dans le blanc !

Tester la fantaisie et la surprise

Il y a des repas en famille où nos nerfs sont mis à rude épreuve. Et quel parent n’a alors jamais rêvé de jeter son tablier ? Quand il s’agit de nourrir nos enfants, nous y mettons beaucoup d’affect. Le savoir peut aider à ajuster nos comportements pour des repas plus sereins.Et si on proposait aux enfants un pique-nique sur le tapis du salon ? Et si on faisait un repas orange ? Ou un repas à l’envers, en commençant par le dessert ? Et si les enfants choisissaient le menu aujourd’hui ? Et si l’on faisait un repas qu’on mange avec les doigts ? Enfin, de temps en temps, pour se ménager une vraie pause entre adultes autour d’un repas, pourquoi ne pas faire manger les enfants avant ?

Les initier aux goûts

Sucré, salé, acide, amer, piquant… Pas facile de mettre des mots sur ce que l’on sent avec sa langue. Incitez vos enfants à décrire les goûts, faites-les parler (“Tu n’aimes pas, mais pourquoi ? Qu’est-ce que ça te rappelle ? Et l’odeur ?…”) Ils adorent les dégustations à l’aveugle : une chips, un bout de courgette crue, un morceau de fromage… Devinez ! Et vous aussi prêtez-vous au jeu…

Respecter une même règle pour tous

Énoncer clairement la règle du jeu des repas en famille : chacun goûte à tout, au moins deux franches bouchées, avant de déclarer s’il aime ou non. Et la prochaine fois que l’aliment se retrouve sur la table, il goûtera de nouveau… Attention, ça vaut aussi pour les parents qui n’ont “jamais” aimé le céleri ! On sera parfois surpris. Bon appétit !

Deux psys qui ont mis leur nez dans la cuisine

Bien dans sa cuisine, d’Isabelle Filliozat, J.-C. Lattès, 2012

Bien dans sa cuisine, d’Isabelle Filliozat, J.-C. Lattès, 2012
L’auteure, qui pratique la méditation, fait de la préparation d’un repas une aventure intérieure. Pour ne plus la vivre comme une corvée !


Cuisine et dépendances affectives, de Maryse Vaillant et Judith Leroy, Flammarion, 2006
Chaque famille vit au rythme des repas. Les auteurs nous proposent d’en comprendre les enjeux. Tout lecteur s’y reconnaîtra par moments.

Anne Bideault – Illustrations Peter Elliot – Supplément parents Pomme d’Api – Février 2014
Nos téléphones et nos enfants. Illustration : Pierre Fouillet

Nos téléphones et nos enfants

Nous l’avons (presque) toujours à portée de main. C’est un objet magique aux yeux de nos enfants (et des nôtres ?) Comment perçoivent-ils nos téléphones ? Comment l’intégrer (mais pas trop !) dans notre vie avec eux ? Petites scènes de vie quotidienne.

Nos téléphones et nos enfants - Cahier pour les Parents - Pomme d'Api, janvier 2014Un objet convoité

Nos téléphones et nos enfants - Cahier pour les Parents - Pomme d'Api, janvier 2014L’été dernier, Agnès s’est fait voler son téléphone portable. Le coupable ? Son neveu de 6 ans, qui l’avait pris dans son sac à main pour le ranger soigneusement dans sa boîte à trésors. Commentaire de la victime : “J’ai réalisé à quel point cet objet peut faire envie aux enfants. Ne serait-ce que parce que les adultes y tiennent beaucoup et y consacrent beaucoup de temps.”
Benoît, père de trois enfants de 7, 3 et 2 ans, complète : “Tant qu’ils n’en connaissaient pas les possibilités, nos enfants ne s’y intéressaient pas. Dès lors que nous leur avons montré qu’on pouvait jouer, colorier, regarder des dessins animés, ils l’ont réclamé !”
Nos téléphones et nos enfants - Cahier pour les Parents - Pomme d'Api, janvier 2014À l’opposé, Marie a bien un téléphone, mais elle sait rarement où il est et s’il est chargé. Il laisse ses fils indifférents. Bref, par le rapport qu’ils entretiennent avec leur téléphone, les parents influencent le comportement de leurs enfants. Ceux qui l’ont toujours en main risquent fort de devoir le partager !

Un téléphone pour se souvenir

“Dès que je sors mon smartphone de ma poche, s’amuse Emmanuelle, mère de trois filles âgées de 10, 8 et 2 ans, ma petite dernière prend immédiatement la pose en disant “cheese”. Puis elle vient voir la photo.” Bonheurs quotidiens, réalisations manuelles, grandes prouesses et petites victoires, nous mettons tout ce que nous vivons de positif dans la boîte. Et les enfants le réclament : “Tu fais une vidéo de moi sur mes rollers ?”

Paradoxalement, rares sont ceux d’entre nous qui s’assurent de la sauvegarde de tous ces souvenirs numériques, pour l’heure guère maîtrisée. “Si l’on prend trop souvent un enfant en photo, met en garde le psychologue Serge Tisseron ce mois-ci dans le magazine Popi,  il risque alors de penser que ses parents le préfèrent en image plutôt que dans la réalité, qu’ils l’aiment plus sur les photos que pour de vrai. Mieux vaut choisir de mettre en valeur ses productions (dessins, peintures…). Là, le message est clair : nous t’aimons pour ce que tu fais, pas pour ton image.”

Reste que les enfants revivent avec délectation leurs aventures des mois précédents. C’est l’utilisation favorite des plus petits.

Un téléphone pour se divertir

Nos téléphones et nos enfants - Cahier pour les Parents - Pomme d'Api, janvier 2014À bien y réfléchir, aucun jouet ne coûte aussi cher que celui-là. On comprend la réaction offusquée d’une grand-mère : “Vous lui mettez dans les mains un objet qui vaut 500 euros ?” Pour cette raison, Benoît ne prête son téléphone qu’à certaines conditions : “Il faut que les enfants restent bien assis, sinon, c’est terminé !”

Avec l’intuition qui les caractérise, l’appareil leur est rapidement familier. Ils retrouvent facilement les jeux. “Mes enfants me réclament souvent mon téléphone pour jouer, explique Agnès. J’ai été obligée d’instaurer des règles, car ça générait des disputes. Par contre, ça me sert d’alibi : nous n’avons pas de console de jeux, ni de DS, et nous n’en achèterons pas : il y a le téléphone !”

Un téléphone pour patienter

Une pédiatre en faisait la remarque : “Aujourd’hui, dans ma salle d’attente, les enfants jouent sur des écrans. À mon sens, rien ne peut remplacer la manipulation de vraies pièces de puzzle en carton, que l’on peut retourner, tripoter, mâchouiller !”

Nos téléphones et nos enfants - Cahier pour les Parents - Pomme d'Api, janvier 2014Pour les parents, avouons-le, quelle invention géniale ! “À la maison, c’est rare que je leur permette d’y jouer, explique Benoît, mais dès qu’il faut attendre, on y a recours : dessins animés, coloriages, jeux, musique…” En train, en voiture, en avion, c’est pratique.

Pascale, qui se définit pourtant comme “addict”, modère son enthousiasme : “Je ne peux pas m’empêcher de penser que si j’avais prévu un livre ou un magazine pour la salle d’attente, ce serait un moment plus sympa pour mon fils et pour moi. On serait ensemble, plutôt que chacun de son côté, côte à côte. J’ai un peu mauvaise conscience.”

Un téléphone pour… communiquer

Nos téléphones et nos enfants - Cahier pour les Parents - Pomme d'Api, janvier 2014La fonction première du téléphone passe au second plan pour les enfants. Ils l’oublient, même. “Toi ? Un téléphone ? Mais pour appeler qui ?” s’est exclamée Agnès lorsque sa fille lui en a fait la demande en… CE1. La petite a ouvert de grands yeux étonnés : “Mais personne !” Elle ne pensait qu’à toutes les autres fonctions que propose l’appareil, comme d’autres réclament une DS ou une Wii.

Rien d’étonnant à tout cela, tout compte fait : sur les 128 minutes que nous passons quotidiennement sur notre téléphone portable, seulement 12 sont consacrées à des conversations téléphoniques. Les enfants intègrent cependant très vite la notion de “messages”, en oubliant même qu’on peut aussi parler avec le téléphone : “On envoie un message pour inviter mon copain ?” réclame Robinson du haut de ses 5 ans.

L’envoi de photos, et, pour les plus équipés, les communications vidéo, ont aussi beaucoup de succès. “On se met tous ensemble, et on appelle leur mamie ou leur cousin, explique Pascale, ils sont ravis de se voir !”

Un téléphone qui déconcentre

Comme un téléviseur allumé dans une pièce, si l’on n’y prend pas garde, le téléphone portable happe l’attention de tous. Car il a une vie autonome. Il bipe, il vibre, il s’éclaire, et nous déconcentre : “Houhou ! Tu as reçu un message ! Houhou ! Quelqu’un t’a appelé ! Houhou ! C’est l’anniversaire de ta collègue…”

Il est la porte par laquelle le monde extérieur, la sphère professionnelle, les sollicitations diverses s’invitent dans notre foyer. Quand il nous sonne, nous accourons, perdant souvent conscience de ce qui est vraiment important à nos yeux. “Papaaa ! À toi de jouer !” Mais Papa vient de recevoir un message et son esprit est ailleurs.

“J’essaie de ne pas le regarder à tout bout de champ, reconnaît aussi Pascale, maman de deux garçons. Il est toujours sur silencieux et hors de leur vue. Je ne l’utilise pas sous leur nez, sinon, ils sont tentés !” Anaïs a trois enfants et une position arrêtée : “Ils ne l’ont jamais touché. J’ai peur de l’influence des ondes sur leur cerveau, et je ne veux pas leur donner le modèle de l’adulte avec son portable greffé à l’oreille.”

Quel que soit l’usage que l’on en fait, le pouvoir d’attraction du smartphone nous oblige donc à clarifier notre position éducative vis-à-vis de lui. Quand on y pense… “Non, mais allô, quoi !”

Propos recueillis par Anne Bideault – Illustrations Pierre Fouillet
Imaginer la bibliothèque idéale des 3-7 ans. Illustration : Robin

Imaginer la bibliothèque idéale des 3-7 ans

Difficile de s’y retrouver parmi les milliers d’albums de la littérature jeunesse… Pour vous aider à choisir, à la rédaction de Pomme d’Api, nous avons décidé de vous présenter nos “chouchous”, livres gardés précieusement que nos enfants soient petits ou devenus grands.

La bibliothèque idéale de la rédaction Pomme d'Api

La bibliothèque idéale de la rédaction Pomme d'Api

Agnès, rédactrice en chef

Elle a horreur des réunions, mais on peut toujours la déranger, même quand elle rédige ses éditos ! Sa sélection rassemble trois générations d’enfances : la sienne, celle de ses enfants et celle, toute nouvelle, de ses petits-enfants.

  • Un livre, d’Hervé Tullet, Bayard éditions jeunesse (2010).
    Il est magique ce livre ! Si on suit les instructions de la quatrième de couverture : “C’est un livre, fais comme il te dit et tu vas voir… ”, on fait apparaître des points, jaunes, rouges et bleus. On les multiplie, on les déplace, on les secoue, ils grossissent, et même, deviennent énormes ! Bref, on joue comme on n’a jamais joué et agi sur un livre. Et ce pouvoir rend fier et heureux. → Dès 2 ans.
  • La bibliothèque idéale de la rédaction Pomme d'ApiPoule rousse, de Lida et Étienne Morel, Père Castor Flammarion (1956).
    Comme elle est belle et grassouillette la poule rousse !” se dit le renard. Ni une ni deux, il la capture et l’emporte. Mais c’est sans compter sur le courage et la ruse de la tourterelle qui, au péril de sa vie, sauvera son amie. Un classique du Père Castor publié dans les années cinquante, qui doit son succès au charme suranné des illustrations, mais aussi aux jolies valeurs qu’il défend. → Dès 3 ans.
  • Ma maman a besoin de moi, de Mildred Pitts Walter, Claude et Denise Millet, Bayard éditions jeunesse, coll. Les Belles Histoires (2001).
    Quel bouleversement dans la vie de Simon, il vient d’avoir une petite sœur. Du coup, il ne sait plus bien où il en est, tiraillé entre l’envie de poursuivre ses activités de toujours, et celle d’aider une maman très prise par ce nouveau bébé. Un album qui porte un regard attentif et tendre sur ce petit qui a du mal à trouver sa place, mais qui finalement se réassurera dans les bras de sa maman. → Dès 3 ans.

La bibliothèque idéale de la rédaction Pomme d'Api

Sylvie Chef de rubrique

“Comment se nourrissent les arbres ?” “Pourquoi il ne faut pas manger ses crottes de nez ?” À ces questions insolites mais cruciales, Sylvie apporte des réponses instructives, dûment testées auprès de ses enfants.

  • Oh non, George ! de Chris Haughton, éditions Thierry Magnier (2012).
    George le chien a promis d’être sage. Mais peut-on lui faire confiance ? Peut-il d’ailleurs lui-même se faire confiance, alors qu’il lui est impossible de résister à la tentation d’un gâteau, d’un chat à courser ou d’un parterre de fleurs à massacrer ? De page en page, le lecteur se régale à répéter le leitmotiv : “Que va faire George ?” immanquablement suivi d’un : “Oh non, George !” → Dès 3 ans. 
  • Le prince tigre, de Chen Jiang Hong, l’École des loisirs (2007).
    Qu’est-ce qui va bien pouvoir apaiser la soif de vengeance d’une mère tigre dont les hommes ont tué les petits ? Et n’est-ce pas folie que de lui envoyer Wen, le tout jeune fils du roi ? Dans la Chine ancienne, un conte de sagesse, véritable ode à l’instinct et à l’amour maternel, servi somptueusement par les images à l’encre d’un véritable peintre. → Dès 6 ans.
  • La bibliothèque idéale de la rédaction Pomme d'ApiChien bleu, de Nadja, l’École des loisirs (1989).
    En cachette de ses parents, et sur les traces d’un mystérieux chien bleu, Charlotte s’aventure dans une inquiétante forêt. Heureusement, Chien bleu veille sur elle. Il accompagnera Charlotte et la ramènera saine et sauve, forte d’une expérience unique et rassurée par l’évidence d’un lien que rien ne saura détruire. Un album à la fois sombre et lumineux qui continue de fasciner les enfants. → Dès 4 ans.
  • Devine combien je t’aime, de Sam McBratney, Anita Jeram, l’école des loisirs (2000).
    Voilà vingt ans bientôt que Grand Lièvre et Petit Lièvre se déclarent leur amour, pour le plusgrand bonheur de tous les papas et les enfants du monde. Certes, le message est simple, mais il est irrésistible et provoque immanquablement chez ses lecteurs l’envie de jouer à leur tour à cette surenchère de déclarations. Il faut dire que les aquarelles d’Anita Jeram n’y sont pas pour rien ! → Dès 3 ans.

La bibliothèque idéale de la rédaction Pomme d'Api

Marie-Pascale chef de rubrique

Elle joue, colle, bricole… toute la journée. Ses ciseaux ne la quittent jamais, et pour ne pas risquer de les égarer, elle les a lestés d’un grelot… un son plus agréable à ses oreilles que celui des portables qu’elle déteste !

  • Le plus grand livre du monde, de Richard Scarry, Gautier-Languereau (1986).
    Qui peut résister à l’envie de manipuler un livre dont le titre est une telle promesse : quarante centimètres de large sur soixante et un centimètres de haut. Qui dit mieux ? Un imagier sur lequel on peut se coucher, pour s’y nicher et vagabonder en détaillant la richesse des propositions du maître américain Richard Scarry. → Dès 3 ans.
  • La bibliothèque idéale de la rédaction Pomme d'ApiBonsoir lune, de Margaret Wise Brown, Clement Hurd, l’École des loisirs (1981).
    Quoi de mieux que cet album américain aux images délicieusement désuètes (la première édition date de 1947), pour accompagner un petit enfant au bord du sommeil ? De page en page, le même petit lapin, installé dans le même lit de la même chambre, s’endort et dit au revoir sous l’œil bienveillant de la lune. Les images sont, elles, subtilement et progressivement modifiées et voilées par la nuit qui s’installe. → Dès 3 ans.
  • L’album d’Adèle, de Claude Ponti, Gallimard Jeunesse (1986).
    Encore un livre grand par sa taille et sa richesse. Un format en largeur cette fois, inventé par Claude Ponti, au tout début de sa carrière d’illustrateur, pour sa fille Adèle. Dans ce drôle d’imagier, on recensera tout un monde de poussins, de chats, de maisons et de personnages qui s’accumulent au fil des pages, s’emmêlent et se bousculent. Tout y est déjà, de ce qui va faire l’univers fantasque et absurde de ce maître de la littérature jeunesse. → Dès 3 ans.

La bibliothèque idéale de la rédaction Pomme d'Api

Olivier, directeur artistique

Les images, les couleurs de Pomme d’Api, c’est son boulot. Quand il lève la tête de son Mac, c’est pour donner son avis sur un ZigZag, peaufiner un bricolage ou monter sur une chaise pour prendre les photos de ce dossier !

  • Grand loup & Petit loup, de Nadine Brun-Cosme, Olivier Tallec, Père Castor Flammarion (2005).
    Alors qu’il vit à l’écart, la solitude d’un grand loup est compromise par un petit loup qui vient, sans façon, s’installer à ses côtés. Petit à petit, imperceptiblement, le grand loup va devoir composer avec l’intrus. Lui céder un bout de couverture ou un fruit. Et quand le petit s’en va sans explication, Grand loup s’inquiète. Toute la gamme subtile des émotions par un grand auteur d’aujourd’hui. → Dès 5 ans.
  • Caca boudin, de Stephanie Blake, l’École des loisirs (2002).
    Petit Lapin n’a qu’une formule à la bouche : “Caca boudin !” Qu’il s’adresse à ses parents ou au loup, c’est pareil. Sauf que le loup, lui, l’avale tout cru… Et se retrouve à répéter lui aussi : “Caca boudin !” Un album d’une franche vitalité que les enfants adorent pour ce petit héros qui leur ressemble : exaspérant parfois, toujours drôle et investi par ses parents d’un amour qui le rend fort. → Dès 3 ans.
  • La bibliothèque idéale de la rédaction Pomme d'ApiOn est les champions ! de Bernard Ciccolini, l’École des loisirs (2005).
    Pauvre Ficelle, Gros Jean le cochon l’a mise au défi, elle et ses amis, de gagner un match de foot contre sa propre équipe. Heureusement, Ficelle a un plan : chaque membre de la petite bande utilisera à bon escient ses spécificités pour gagner. La grenouille sautera, l’âne ruera, la souris se faufilera. Eh oui, pas besoin d’être fort quand on est solidaires et malins ! → Dès 5 ans.
  • Petit-Bleu et Petit-Jaune, de Leo Lionni, l’École des loisirs (1970).
    Toujours copié, jamais égalé, cet ovni né en 1970, parvient à plonger le lecteur dans les affres et s’inquiéter du sort de deux taches de couleurs. Par la magie de la narration et du graphisme, elles deviennent Petit-Bleu et Petit-Jaune, deux amis perdus puis retrouvés, qui s’embrassent, pleurent et s’amusent, pour notre plus grande joie. → Dès 3 ans.

La bibliothèque idéale de la rédaction Pomme d'Api

Sophie, chef de rubrique

C’est sous sa plume volubile que prend vie chaque mois la famille Noé. C’est elle aussi qui sélectionne les manuscrits et accompagne les auteurs des grandes histoires de Pomme d’Api.

  • La reine des bisous, de Kristien Aertssen, l’École des loisirs (2002).
    Parfois les mamans sont tellement occupées qu’elles disent à leur princesse qui réclame leur attention : “Prends mon avion et va trouver la reine des bisous.” Mais cette reine existe-t-elle vraiment ? Comme c’est amusant de découvrir, transposée dans le monde des reines et des princesses, une situation familiale dans laquelle beaucoup se reconnaîtront. → Dès 4 ans.
  • L’ogresse et les sept chevreaux, de Praline Gay-Para, Martine Bourre, Didier Jeunesse (2013). Dans cette version décalée du conte de la chèvre et des sept chevreaux, ce n’estLa bibliothèque idéale de la rédaction Pomme d'Api pas un loup qui s’attaque aux petits, mais une ogresse. C’est de cette figure de mauvaise mère que la gentille et aimante mère chèvre va triompher. Un conte qui remue et qui fait un peu peur, puis qui rassure, brillamment ciselé par la plume de la conteuse Praline Gay-Para. → Dès 4 ans.
  • Tout un monde, d’Antonin Louchard, Katy Couprie, éditions Thierry Magnier (1999).
    C’est un petit livre carré et épais, sans un mot de texte, mais fourmillant de photos et de dessins, tous incroyablement colorés. Un capharnaüm que l’on va découvrir finalement très bien ordonné au fil des pages qui, par associations, s’enchaînent et se répondent, dans un esprit toujours drôle et surprenant. Les petits, eux, adorent, commentent et s’y baladent. À vous de les accompagner. → Dès 3 ans.
  • Les mots de Zaza, de Jacqueline Cohen, Bernadette Després, Bayard éditions jeunesse, coll. Les Belles Histoires (2000). 
    Zaza la souris collectionne et ordonne les mots. Elle les range sous des cloches. Il y a celle pour les mots gentils, celle pour les mots de tous les jours et enfin celle pour les gros mots. C’est cette cloche-là que Zaza adore secouer, au risque de semer une énormepagaille dans la famille. Une histoire truculente sur l’usage des mots par l’auteure des célèbres Tom-Tom et Nana. → Dès 3 ans.

La bibliothèque idéale de la rédaction Pomme d'Api

Laurence, secrétaire générale de rédaction

Un œil rivé sur son dictionnaire, l’autre sur son agenda, Laurence traque les fautes… et les retardataires, car l’imprimeur n’attend pas ! Et pour lutter contre le stress, elle décompresse en pratiquant le yoga.

  • La chasse à l’ours, de Michael Rosen, Helen Oxenbury, l’École des loisirs (1997).
    “Nous allons à la chasse à l’ours, nous allons en prendre un très gros !” Cette incantation, qui traverse tout l’album, résume l’incroyable aventure d’un père et de ses enfants. À travers champs, bois et rivière, dans l’eau et la gadoue, scandé par un texte qui fait la part belle à de réjouissantes onomatopées (splich splach !), un album qui fait battre le cœur et se termine en apothéose. → Dès 3 ans.
  • La bibliothèque idéale de la rédaction Pomme d'ApiBébés Chouettes, de Martin Waddell, Patrick Benson, l’école des loisirs (1993).
    La maman des bébés chouettes Sarah, Rémy et Lou est partie. C’est sûr, elle rentrera bientôt, mais l’inquiétude est là. Surtout pour les aînés, qui doivent en plus rassurer le cadet qui ne sait que répéter en boucle  : “Je veux ma maman !” Un album qui a tout compris des émotions des petits et qui reste le chouchou des crèches et des maternelles, pour accompagner l’épreuve de la séparation. → Dès 3 ans.
  • Max et les Maximonstres, de Maurice Sendak, l’École des loisirs (1963).
    On ne raconte pas Max et les Maximonstres, un des albums cultes de la littérature jeunesse. Sachez seulement qu’on y rencontre Max, un petit garçon frondeur. Sa maman l’a puni. Qu’à cela ne tienne, enfermé entre les quatre murs de sa chambre, Max lâche la bride à ses pulsions et son imagination et s’embarque, toutes voiles dehors, au pays des Maximonstres. À lire absolument. → Dès 4 ans.

La bibliothèque idéale de la rédaction Pomme d'Api

Évelyne, assistante de la rédaction

Du haut de son mètre soixante-seize, rien n’échappe à la bienveillante sagacité d’Évelyne qui réceptionne tous vos messages, comme vos questions pour ZigZag, et se met en quatre pour faciliter la vie de la rédaction.

  • La bibliothèque idéale de la rédaction Pomme d'ApiMireille l’Abeille, d’Antoon Krings, Gallimard jeunesse, collection Giboulées (1999).
    Qui a volé les délicieux pots de miel fabriqués par Mireille, l’héroïne de cet opus qui prend place dans la célèbre série des “drôles de petites bêtes” ? Difficile de résister à ce monde d’insectes humanisés aux couleurs pétantes. → Dès 3 ans.
  • Arc-en-ciel, le plus beau poisson des océans, de Marcus Pfister, éditions Nord-Sud (1992).
    Imaginez un album aux douces couleurs irisées, dont le héros est un petit poisson qui possède des écailles qui brillent pour de vrai, et qu’on peut caresser du bout des doigts ! Très vaniteux, Arc-en-ciel est si fier de sa beauté qu’il n’a aucun ami. Il devra cependant apprendre à partager, en offrant à chaque poisson une de ses écailles. Une jolie morale de partage. → Dès 3 ans.

La bibliothèque idéale de la rédaction Pomme d'Api

Marie, graphiste

Quand elle ne met pas en pages les textes et les illustrations de Pomme d’Api, Marie dessine pour le journal Babar, coud des sacs en sarongs ou des vêtements pour sa petite Marcelle de tout juste un an !

  • La bibliothèque idéale de la rédaction Pomme d'ApiErnest et Célestine ont perdu Siméon, de Gabrielle Vincent, Casterman (1994).
    Célestine a perdu Siméon son doudou, dans la neige. L’ours Ernest a beau lui acheter d’autres peluches, la petite souris demeure inconsolable. Une aventure tendre et douce d’une famille pas comme les autres, pour faire connaissance – si ce n’est déjà fait – avec la grâce, la délicatesse et la justesse des formidables héros de la regrettée Gabrielle Vincent. → Dès 4 ans.
  • Le géant de Zeralda, de Tomi Ungerer, l’école des loisirs (1971).
    Quand la petite Zeralda qui adore cuisiner secourt un géant quasiment mort de faim, elle ne sait pas qu’elle se jette dans la gueule du loup. Pourtant, n’écoutant que sa générosité, elle n’aura de cesse de régaler son géant, bouleversant du même coup leurs deux destinées. Un des chefs-d’œuvre les plus aboutis de l’ogre Ungerer, acéré comme un couteau, délicieux comme une pâtisserie. → Dès 5 ans.
La rédaction de Pomme d’Api, supplément pour les parents, novembre 2013 – Illustrations Robin
Comment apprendre la politesse aux enfants sans se crisper ? Illustration : Pierre Fouillet

Comment apprendre la politesse aux enfants sans se crisper ?

“Dis bonjour !” “Et le mot magique ?”… Ces rappels à l’ordre émaillent nos relations avec nos enfants. Qu’il semble long, l’apprentissage de la politesse ! Et que de gêne et de tensions il génère, chez les petits comme chez les grands ! Y a-t-il d’autres façons de l’envisager ?

Comment leur apprendre la politesse sans se crisper ?Un problème pour les adultes

De la honte ! Voilà ce que je ne peux m’empêcher d’éprouver quand défilent devant moi, tout sourire, les trois enfants de nos invités, qui lancent un franc et tonitruant “Bonjour madame !” en me tendant leur joue. Cachée dans mon dos, ma grande fille de 5 ans regarde les arrivants par en dessous sans décrocher un mot. Et moi, embarrassée, de chercher des explications alambiquées à son comportement.

Mais cette honte récurrente fait pendant à une autre gêne. Celle que j’éprouve en repensant à une scène pénible : un sermon asséné par un père à sa fille qui n’avait pas salué un grand-oncle en le regardant dans les yeux. Tenant fermement la petite par le bras, devant le vieux monsieur très gêné, le père avait attendu qu’elle s’exécute, les yeux pleins de larmes, avant de l’envoyer au lit.

Quoi, l’apprentissage de nos conventions sociales passerait donc par l’humiliation ? Mon passé d’enfant timide en mémoire, je ne peux m’y résoudre. Un “merci” prononcé sous le regard foudroyant de sa mère exprime-t-il une vraie gratitude ou simplement la crainte d’être grondé ? Un “mot magique” extorqué par chantage (“Tu n’auras pas le bonbon”) est-il satisfaisant ?

Je préfère encore prendre patience et vivre avec ma petite honte. Et puis, quel adulte se formalise vraiment lorsqu’un petit ne lui dit pas bonjour ? Finalement, il n’y a que les parents qui sont gênés !

L’enfant s’exprime autrement

Enfin dimanche ! Martin, 3 ans, rejoint ses parents à la table du petit-déjeuner. Tout heureux à l’idée de passer la journée avec eux, il s’écrie : “Mmm, je veux un grand bol de chocolat !” “Qu’est-ce qu’on dit ?” lui réplique son père sèchement, sans voir le sourire s’éteindre sur le visage de son fils.

Pourtant, dans la phrase et l’attitude du petit, la joie d’être ensemble s’exprimait très clairement. Et n’est-ce pas à cela que servent les mots “bonjour”, “merci”, “s’il te plaît” ? À dire à l’autre : “Tu es là, je t’ai vu, tu ne m’es pas indifférent” ?

Il faut du temps pour que les enfants intègrent notre langage stéréotypé. Le leur est d’abord très corporel. Ainsi, aux parents qui reprennent leurs petits écoliers d’un “tu dis bonjour à la maîtresse”, Lucie Lagardette, enseignante de petite section, répond : “Il m’a dit bonjour avec les yeux, je l’ai vu.”

Oui, les yeux, les sourires, les gestes en disent beaucoup. Un enfant qui serre de joie le cadeau déballé le jour de son anniversaire manifeste son émotion avec beaucoup plus de force qu’un “chien savant” (le terme est de Françoise Dolto !) qui va docilement prononcer son “merci”.

L’enfant est sincère

Il faut le reconnaître, parfois, ni les yeux, ni les gestes ne viennent compenser l’absence de salut. Votre enfant ne dit pas bonjour, ni de la voix ni du corps ! Pourquoi ? Parce que, répondait déjà Françoise Dolto en 1946, “un enfant est beaucoup plus sincère que nous. Pour nous, dire ‘bonjour’ n’a aucune valeur affective, de même que dire ‘pardon’. Qui de nous n’a pas dit ‘pardon’ en se cognant à un réverbère ?

Pour l’enfant, les mots ont leur sens plein. Il a raison – instinctivement parlant – de ne pas dire ‘bonjour’ à un être qui lui est indifférent.” Il choisit !

Les personnes qu’aime l’enfant vont être saluées d’une façon ou d’une autre, mais les autres… non. En grandissant, il va devenir un être social et comprendre peu à peu à quoi servent ces petits mots facilitateurs, et nous imiter en distribuant bonjours, mercis et pardons, de façon réflexe.

Le cas du bisou…

En France, on aime les bisous ! À la sortie de l’école, il n’est pas rare que les adultes se saluent d’un simple bonjour, alors qu’ils vont faire des bises aux enfants, qui s’y plient avec plus ou moins de bonne volonté. Cela vaut le coup de s’interroger sur cette pratique.

Avoir un contact physique avec quelqu’un qu’on ne connaît pas tellement, ce n’est pas agréable, surtout quand, comme les enfants, on n’a pas intégré cette convention sociale bien française de la bise – deux, trois ou quatre ? Il n’y a qu’à penser à la gêne des touristes étrangers à qui l’on tend une joue pour se rendre compte que ce n’est pas rien.

Pour la politesse, apprenons la patience !

Comment leur apprendre la politesse sans se crisper ?Ne nous méprenons pas, je préférerais bien sûr que ma fille dise spontanément bonjour et merci ! À plusieurs reprises, nous lui avons expliqué pourquoi cela avait de l’importance pour nous. Mais ces leçons ont surtout eu l’effet désastreux de souligner notre attente et notre crispation. Un cercle vicieux !

Nous tablons bien sûr sur l’exemplarité – vous ai-je dit que je suis extrêmement courtoise ? – et ne manquons pas de nous remercier les uns les autres pour les moindres attentions, même celles qui semblent aller de soi : merci d’avoir mis la table, préparé le repas, rangé le salon… Et puis n’oublions pas de saisir les occasions de développer ces mots trop familiers.

Plutôt qu’un bref “merci”, prononcer une phrase entière : “Tu m’as rendu service en rangeant les pinces à linge. Ça m’a beaucoup aidé.” Même “bonjour” se laisse traduire par “ça me fait plaisir de te voir !” Une manière de rappeler sans grands discours le vrai sens de ces mots. Une façon de cultiver en eux la vraie politesse, celle qui vient du cœur, et qui prend l’autre en considération.

Dressez l’oreille ! Vous verrez : les séances de déguisement, de dînette ou de marchande, prouvent bien que les conventions de politesse sont intégrées : “Bonjour madame, que voulez-vous manger ? Ah ! Merci bien, c’était succulent !”

Reste à attendre que la timidité et la fierté de ne pas céder aux attentes parentales baissent un peu la garde. Et puis rassurons-nous : les enfants sont bien plus polis quand nous ne sommes pas là pour l’être à leur place !

Anne Bideault, illustrations Pierre Fouillet.
Comment la maîtrise du vocabulaire aide le développement des enfants ? © Fotolia

Comment la maîtrise du vocabulaire aide le développement des enfants ?

L’apprentissage des mots permet au tout-petit de constituer peu à peu le langage dont il ne peut pas se passer pour évoluer. Plus son vocabulaire sera riche et maîtrisé, plus l’enfant comprendra, communiquera et apprendra facilement ! Le rôle des parents est essentiel dans son acquisition. Nos conseils pour l’aider à progresser.

À quoi sert le vocabulaire ?

Les colères fulgurantes des tout-petits s’expliquent souvent par leur incapacité à communiquer. Dès lors qu’ils ont des mots pour s’exprimer et une oreille attentive, ces accès de fureur disparaissent comme par enchantement !

L’enfant en fait l’expérience tout au long de sa croissance : plus son vocabulaire s’enrichit, plus il peut nommer ce qu’il ressent, le comprendre et le partager avec ses proches. Il est en train de se fabriquer un outil fabuleux, le langage, qui va lui servir à nouer des relations, aborder le monde et y faire sa place.

Que permet sa maîtrise ?

L’acquisition du vocabulaire est un passage obligé dans de nombreux apprentissages, qu’ils soient scolaires ou non. À l’école, il faut bien comprendre ce que dit le maître : si l’enfant entend des mots qu’il ne connaît pas, comment pourra-t-il répondre correctement à la demande de l’enseignant ?

Inversement, un vocabulaire varié et maîtrisé donne de grandes facilités à l’enfant. S’il comprend sa leçon, il l’apprendra plus vite et plus durablement. Si ce qu’il lit a un sens, il accédera plus vite au plaisir de la lecture.

Que se passe-t-il à l’école ?

L’apprentissage du vocabulaire est inscrit dans les programmes et les enseignants utilisent divers exercices, activités et leçons pour permettre son acquisition. L’enfant commence à analyser le langage qu’il employait jusqu’alors sans réfléchir.

À travers les notions de synonymes et d’homonymes, de sens propre et figuré, de mots simples et dérivés, il entre dans le mystère des mots et dans les variations du langage. En abordant la grammaire, il découvre la nature et la fonction des mots qui articulent les phrases. En se frottant à la conjugaison, il s’initie aux temps du récit. L’école pose des bases que l’enfant doit s’approprier pour bâtir son propre langage.

Et à la maison ?

La famille joue un grand rôle dans l’acquisition du vocabulaire. Le bébé apprend ses premiers mots sur les lèvres de ses parents, et il n’est d’ailleurs pas bénéfique de “parler bébé” aux tout-petits. S’il peut comprendre “Veux-tu du lolo ou ta tututte ?”, il peut aussi accéder à “Veux-tu du lait ou ta tétine ?”…

Un petit travers d’adulte qui se reproduit plus tard, quand les parents hésitent à utiliser des mots qu’ils jugent trop compliqués pour leurs enfants. Or ces derniers comprennent vite et bien, pour peu qu’on leur explique – sans tomber dans le cours magistral, qui les ennuie… magistralement !

Le 30 juin 2012 Anne-Laure Fournier le Ray,
Vos questions de parents
Comment aider mon enfant à trouver son calme ? Illustration : Pascal Lemaître

Comment aider mon enfant à trouver son calme ?

Votre enfant ne tient pas en place, court, saute, s’énerve… Cette perpétuelle agitation n’est pas une fatalité. Dans la lignée de la rubrique « Petit Yoga », Pomme d’Api vous donne des conseils pour aider votre tout-petit à trouver le calme.

Comment aider mon enfant à trouver son calme ?Les mots qui calment

Ma voisine Fanélie est mère de 4 enfants âgés de 2, 4, 7 et 9 ans. Quand l’un d’entre eux est irritable, ne tient pas en place et papillonne, elle y voit le plus souvent “un manque de sécurité intérieure, une difficulté à trouver sa place parmi nous six”.

Dans ces cas-là, elle tâche de lui consacrer un temps d’attention exclusive : faire ensemble un gâteau, un jeu… et chercher à mettre des mots sur ce qu’il ressent : “Tu trouves peut-être que je ne passe pas beaucoup de temps avec toi ?” etc.

En général, relate-t-elle, “je sens quand je touche le point sensible. Et les enfants savent très bien dire si l’on fait fausse route dans nos interprétations ! Quand je ne vois pas ce qui cloche et quand mon enfant ne sait pas me le dire, je passe beaucoup par le toucher : porter, câliner, faire un petit massage, comme pour l’ancrer dans le sol et lui dire : nous sommes là, tu peux compter sur nous.”

Les larmes qui calment

Depuis la sortie de l’école, rien ne va pour Solange, ma fille de 5 ans : les lacets sont mal noués, le goûter n’est pas bon, le passage piéton est trop loin. Donner la main ? Non ! Marcher toute seule ? Non ! Fermer son manteau ? Non !

L’énervement est contagieux : peu à peu, il gagne sa sœur, les copines et… la maman ! Comme si tout le monde s’attendait à ce que l’orage éclate. Ça ne manque pas. À peine la porte de la maison franchie, elle se laisse tomber par terre et se met à pleurer en donnant des coups de pied.

Anne Bideault, supplément Parents du magazine Pomme d’Api, mars 2013. Illustrations : Pascal Lemaître.