Les après-midi Pomme d'Api

Les après-midi Pomme d’Api

Pomme d’Api a fêté ses 50 ans en organisant des après-midi Pomme d’Api dans sept villes de France, et en Belgique ! Ces événements gratuits étaient l’occasion de venir partager des moments de détente en famille et de retrouver tous les héros des enfants !

Participez aux Après-midi de Pomme d’Api à l'occasion des 50 ans du magazineDes animations pour petits et grands

Pomme d’Api a donné rendez-vous à ses lecteurs pour un après-midi festif le dimanche 22 mai 2016, de 15 h à 18 h. Petits et grands ont participé à cet événement gratuit, avec des animations ouvertes à tous, dans les parcs suivants :

  • Paris : Parc Montsouris (bd Jourdan, av. Reille, rue Gazan, rue Nansouty).
  • Lyon : Parc de Gerland Petite Prairie (allée Pierre de Coubertin).
    Amis Lyonnais, nous sommes désolés de vous annoncer que la fête de cet après-midi est annulée au Parc de Gerland. La tempête est trop forte !
  • Bordeaux : Parc Bordelais (rue du Bocage).
  • Lille : Parc Jean-Baptiste Lebas (boulevard Jean-Baptiste Lebas)
  • Strasbourg : Parc de La Citadelle (quai des Belges).
  • Nantes : Le petit jardin de Procé (rue des Dervallières).
  • Marseille : Parc Pastré (155 Avenue de Montredon).

En Belgique, le rendez-vous était à l’école du cirque située dans l’ancienne Abbaye de Soleilmont à Fleurus, pour une après-midi pleine de surprises.

Participez aux Après-midi de Pomme d’Api à l'occasion des 50 ans du magazineAu programme de ces après-midi exceptionnels, des activités créatives, un espace lecture, un espace dessin…

Pour plus de goûters, s’abonner à Pomme d’Api

Nos coups de cœur de mars 2016

Livres, CD, cahier d’activités : les coups de cœur de Pomme d’Api de mars

Cahier d’activité plein de fantaisie, petites BD pour discuter avec votre enfant, histoires à écouter, albums poétiques et pleins d’humour : découvrez les coups de cœur de la rédaction ! Ce rendez-vous habituel du supplément pour les parents qui accompagne le magazine de votre enfant, vous est proposé ce mois-ci en téléchargement…

Livres pour enfants : découvrez les coups de cœur de la rédaction de Pomme d'Api

Sélection et textes : Sophie Furlaud et Anne Ricou.
Attentats de Paris, que dire aux plus petits ? Illustration : Dorothée de Montfroid, extraite de la rubrique "Les P'tits philosophes" du magazine Pomme d'Api n°564 de février 2013

Attentats de Paris, que dire aux plus petits ?

Sur les réseaux sociaux et dans la presse de ce week-end, le premier conseil donné aux parents est celui du bon sens : préserver les enfants en les protégeant des images. Mais il faut quand même en parler aux plus petits.

Attentats de Paris : que dire aux plus petits?Même tenus à l’écart des images de ce vendredi noir, les moins de 6 ans aussi perçoivent l’écho du monde. À travers l’état émotionnel de leurs parents, ils sentent l’inquiétude, la tristesse ou la colère. Nadège Larcher, de l’Atelier des Parents, est la psychologue que nous retrouvons souvent dans les pages du Cahier Parents de Pomme d’Api et elle nous donne quelques pistes pour nous aider à échanger calmement avec les plus petits :

Jusqu’à 6 ans, l’enfant est égocentré et il part du principe que si papa, ou maman, est triste ou en colère, c’est de sa faute à lui. L’enfant se sent responsable et il faut donc lui en parler, mais de notre propre point de vue, avec des mots simples sur notre ressenti d’adulte. C’est-à-dire : “Papa et maman sont préoccupés parce qu’il s’est passé quelque chose de grave…”

Ne pas lui donner trop de détails concernant les faits, juste peut-être : “Des hommes méchants sont venus exprès tuer d’autres personnes parce qu’ils ne veulent pas accepter que d’autres ne pensent pas comme eux.”

Dire à son enfant que papa et maman, et les autres adultes, sont là pour eux, pour les protéger, chez eux, dans la rue, à l’école.

Lui expliquer que cela concerne le monde des grands. Que lui est un enfant, qu’il peut continuer sa vie d’enfant, jouer, rire, s’amuser, etc. C’est sa vie d’enfant. “Tu laisses papa et maman s’occuper du monde des grands.”

Insister sur le fait qu’il peut venir quand il veut vous en parler, notamment si on lui en parle à l’école demain et qu’il a des questions.

Enfin, même si l’élan de vie de l’enfant est plus fort que tout et que la gaieté naturelle des enfants reprend toujours très vite le dessus, se rappeler que quand il y a trauma, il peut ressurgir dans 15 jours ou 2 mois après.

J’espère que Pomme d’Api vous aidera ainsi à trouver les mots pour bien démarrer la semaine avec votre enfant, car demain matin ne sera pas un matin comme les autres… Pour vous comme pour lui !

Anne Ricou, rédactrice en chef du magazine Pomme d’Api
Etre parent, ça s'apprend

Être parents, ça s’apprend ?

Savoir décrypter les besoins et les émotions de son enfant, réagir aux cris et aux “non” à répétition, gérer sa propre fatigue… : le “métier de parents” n’est pas toujours facile ! Peut-on l’apprendre ou tout au moins se faire aider ? La réponse est oui ! La preuve dans cet article du “Cahier Parents” du magazine Pomme d’Api…

Quel parent êtes-vous ?

Supplément au n°597 de Pomme d'Api, novembre 2015. “Etre parents ça s'apprend !” Illustrations : Robin.Quatre verres sont alignés sur la table… Chacun est doté d’une étiquette. Version féminine : “maman”, “mère”, “femme”, “amoureuse” ; version masculine : “papa”, “père”, “homme”, “amoureux”. Car, vous l’avez tous constaté, un parent a plusieurs casquettes. C’est à la fois ce qui est passionnant et épuisant. On est papa ou maman lorsqu’on répond aux besoins affectifs de ses enfants (câlins, histoires, jeux…). On est père ou mère lorsqu’on assure sa fonction d’éducateur (en posant des limites, en refusant de dire oui à tout, en tenant un “cadre”…). On demeure un individu homme ou femme, comme on l’était avant d’être parent ou de former un couple. Enfin, on est souvent aussi un amoureux ou une amoureuse, dans un couple.

Supplément au n°597 de Pomme d'Api, novembre 2015. “Etre parents ça s'apprend !” Illustrations : Robin.Un pichet rempli de grenadine, l’animatrice propose à un des parents participant à l’atelier de venir remplir les verres selon sa vie actuelle : “La grenadine, c’est l’énergie dont vous disposez pour une journée. Elle est limitée. Comment la répartissez-vous, aujourd’hui, entre vos rôles de maman, de mère, de femme et d’amoureuse ?”

Une participante s’empare du pichet. Sans hésitation, elle remplit largement le verre “maman”. Le verre “mère” s’emplit de moitié. “Amoureuse” ne reçoit qu’une petite goutte. “Femme” reste presque vide aussi. Perplexe, elle regarde le résultat : “Je n’avais pas conscience que je consacrais si peu d’énergie pour mon couple ou pour moi seule.” Son conjoint fait partie des rares pères qui participent à l’atelier. Pour donner sa version à lui, il ne touche pas aux verres “amoureux/se” et “homme/femme”, mais inverse les niveaux de “père/mère” et “papa/maman”. Son commentaire  :  “J’aimerais mettre plus dans “papa” mais pour ça, il faudrait que tu endosses plus ton rôle de “mère” ! ”Ce premier exercice très simple ne laisse personne indifférent. Chacun réfléchit à sa manière de vivre sa vie de parent et aux “ vases communicants” qui s’établissent avec l’autre parent.

Partages d’expériences

Au fil des séances, d’autres exercices de prises de conscience et des jeux de rôles questionneront encore les participants sur leur manière d’exercer leur “métier” de parent. C’est bien pour ça qu’ils se sont inscrits ! Si les participants arrivent avec des modes éducatifs divers, tous sont là parce que quelque chose ne les satisfait pas dans leur relation avec leurs enfants. Beaucoup disent leur difficulté à se dégager du modèle qu’ils ont vécu enfant, sans pour autant trouver leur manière de faire satisfaisante.

Supplément au n°597 de Pomme d'Api, novembre 2015. “Etre parents ça s'apprend !” Illustrations : Robin.Janissia confie : “J’étais dans une impasse avec mes enfants. J’avais l’impression que j’étais arrivée au bout de mes réponses parentales. À la maison, c’était électrique dès 16h30.” Lorsque cette mère de deux garçons de 4 et 9 ans a vu l’affichette “Soutien à la parentalité”, devant l’école maternelle, elle a été séduite : “J’avais besoin de soutien, mais pas de celui d’une copine, de mon mari ou de ma famille.” Un tiers, donc, neutre et professionnel, “qui ne juge pas”, souligne une participante. Noël, lui, est là avec sa femme, parce que les petits conflits entre leurs quatre enfants de 2, 5, 9 et 11 ans leur pèsent.

Juliette, elle, a un garçon de 4 ans et demi. La question qui l’a poussée à s’inscrire, c’est “Comment fait-on pour ne pas abîmer un être en devenir ?” Sans le savoir, elle décrit là l’attitude que Sophie Benkemoun et Nadège Larcher, les deux initiatrices de L’Atelier des Parents, souhaitent suggérer aux participants : “Comment j’aide mon enfant à devenir un adulte, tout en sachant qu’il est un enfant.” L’une est médecin, l’autre est psychologue. En se basant sur les dernières études sur le cerveau et sur les travaux des psychologues Carl Rogers, Thomas Gordon, Haim Ginott, elles ont construit ces séances au cours desquelles des savoirs et des savoir-faire de communication sont transmis : “Car les parents sont tous bienveillants, mais souvent mal informés et maladroits.”

Les animatrices se gardent bien de promettre des solutions à toutes les difficultés éducatives, et ne promeuvent pas non plus la “bonne” façon de faire. “Elles répètent que l’on peut se tromper, que la fatigue nous joue des tours, que l’on peut toujours essayer, qu’il n’y a pas qu’une seule solution, valable pour tous et pour toujours”, relate une participante. Le soulagement est immédiat :   “Dès la première séance, renchérit Janissia, on s’est tous regardés et j’ai senti que je n’étais pas seule à ressentir un ras-le-bol. C’est ce qui m’a le plus plu : ce sentiment de culpabilité qui disparaît quand on se rend compte qu’on n’est pas seul à croire qu’on est un “mauvais” parent.” Tous soulignent, comme elle, à quel point il est aussi très précieux d’échanger ses expériences avec d’autres parents.

Et après ?

ACT-ART-parents-ateliers-super-parentsMais alors, qu’est-ce que ça a changé dans la vie de famille ? “Ces séances ont marqué une pause : on a pris le temps de réfléchir à comment on avance”, explique Janissia. De fait, quel parent de jeunes enfants s’autorise, dans sa vie chronométrée, à prendre du recul sur l’éducation qu’il leur donne ? Noël a apprécié d’en apprendre davantage sur le développement du cerveau de l’enfant. Se questionner sur le ressenti de ses enfants n’est pas aisé mais “fait baisser la pression et diminuer le nombre de conflits.” Même son de cloche chez Juliette, qui revoit certaines de ses attentes à la baisse : “Je demandais des choses à mon fils sans savoir qu’il n’était tout simplement pas en mesure de les comprendre.” Car faire des choix, exprimer ses besoins, se raisonner, intégrer une règle définitivement n’est pas accessible dès l’acquisition de la parole ! Résultat : “Grâce à ces clés de compréhension, je me suis adaptée, et je constate qu’il y a moins de crises à la maison et que je les vis mieux.”

Écartons tout de suite un malentendu :  l’objectif n’est pas de donner toujours raison à l’enfant ni de céder à tous ses désirs. Une séance est d’ailleurs consacrée au “cadre”. Trop lâche et trop changeant, il est facteur d’angoisse. Trop étroit et trop rigide, il suscite la peur et entrave l’estime de soi. Juliette reconnaît être rentrée chez elle avec le désir d’être un peu plus ferme qu’avant. D’autres participants, au contraire, essaieront d’être plus souples. Tous, en tout cas, auront en tête qu’ils sont, avec leurs forces et leurs faiblesses, avec leurs accès de découragement et leurs moments d’euphorie, des parents en apprentissage. De quoi prendre confiance en soi, non ?

Supplément au n°597 de Pomme d'Api, novembre 2015. “Etre parents ça s'apprend !” Texte : Anne Bideault. Illustrations : Robin.Remerciements à Anne Spatazza et Céline Mauboussin, formatrices à “L’Atelier des Parents” et co-conceptrices de l’atelier “Les mots qui font grandir”.

Cet article a été écrit dans la suite de l’article sur l’éducation bienveillante paru en février 2015 dans le Cahier Parents du magazine Pomme d’Api.

Supplément au n°597 de Pomme d’Api, novembre 2015.
“Etre parents ça s’apprend ?”
Texte : Anne Bideault. Illustrations : Robin.
Comment donner confiance en soi à son enfant

Comment donner confiance en soi à son enfant ?

La confiance en soi n’est pas acquise à la naissance. Elle se construit par les liens qui se tissent avec les autres et par les expériences que l’on va vivre. La rédaction du magazine Pomme d’Api a identifié huit attitudes positives qui aideront votre enfant à prendre confiance en lui…

La confiance en soi, un atout pour bien grandir

Avoir confiance en soi ne veut pas dire rouler des mécaniques et “faire son intéressant”, comme le disent parfois les enfants. Avoir confiance en soi, c’est avoir intégré l’idée que “je suis unique et, à ce titre, j’ai de la valeur ” et que “je suis capable” (j’ai des compétences, je peux apporter des choses aux autres). Cette confiance en soi n’est pas acquise à la naissance. Elle se construit par les liens qui se tissent avec les autres, et particulièrement les adultes de l’entourage, et par les expériences que l’on va vivre. Aussi, le regard (la perception, l’attention) que portent les adultes sur les enfants a une incidence sur l’estime de soi de ces derniers. Voici huit attitudes positives qui aideront votre enfant à prendre confiance en lui…

Souligner ce qui est bien

Certaines personnes, pour reprendre l’adage, ne voient que le verre à moitié vide. C’est le cas de Marc. Face aux réalisations de ses deux enfants, il souligne toujours ce qui ne va pas :  “Regarde, là, ton coloriage… tu as dépassé !”, ou “Tu as renversé de la farine sur la table !” Ses enfants finissent par baisser les bras. Ils ont l’impression de ne jamais être à la hauteur des attentes de leur père.

Accordons aux enfants, a fortiori quand ils sont petits, le droit à l’erreur ! À leur âge, tout ou presque est nouveau, et pour réussir une chose, il faut la tenter plusieurs fois. C’est certain, les compliments et l’exagération “à l’américaine” ne nous sont pas familiers (“Well done!”, “Good job!”). Mais inspirons-nous des attitudes des entraîneurs sportifs et, comme eux, soulignons plutôt ce qui a été réalisé, avant d’aborder ce qui pourrait être amélioré. Pour intégrer le fait qu’il a la capacité de franchir des obstacles, l’enfant a aussi besoin d’entendre ce qu’il sait déjà faire : “Rappelle-toi, l’an dernier, tu avais besoin des petites roues à ton vélo !”

Se méfier du verbe être

Une bêtise a été commise. Dans notre façon de nous adresser à notre enfant, nous utilisons parfois des mots qui nous dépassent : “Tu es nul !”, “Mais qu’est-ce que tu es maladroit !”… Cela vaut aussi pour nous :  “Quelle imbécile je suis, j’ai encore oublié mes clés !” Qualifier l’acte ou le comportement, mais jamais la personne. Au lieu de s’écrier : “Tu es pénible, à la fin !”, dire plutôt : “C’est désagréable que tu refuses de t’habiller le matin.” Offrir ensuite une possibilité de réparation : “Je te donne l’éponge, et tu nettoies.”

Écouter son point de vue et ses émotions

Image extraite de l'article “La confiance en soi, un atout pour bien grandir”, supplément pour les parents du magazine Pomme d’Api, février 2017. Texte : Anne Bideault. Illustrations : Henri Fellner.“J’ai toujours peur que mon fils ait froid. Mais j’ai réalisé que c’était moi qui étais frileuse ! Lui sait très bien venir prendre son manteau si nécessaire.” Il s’agissait juste de changer de point de vue… De même, aider son enfant à décrypter ce qui se passe en lui l’aide à se connaître. Il peut s’agir de ce qu’il éprouve (“Tu es en colère” ou “Je vois que tu es triste”) ou de ce qui l’intéresse (“Tu aimes passer du temps à l’extérieur, tu as besoin d’être dehors”, “Les insectes te passionnent…”) Cela le légitime, “l’enracine dans sa singularité”, pour reprendre les termes du docteur Catherine Gueguen (voir réf. en fin d’article).

Mettre des mots sur les émotions aide l’enfant à les traverser. Dire : “Tu es en colère, tu n’es pas content parce que…” contribue souvent à l’apaiser et à accepter que son désir ne soit pas exaucé. L’écouter ne veut pas dire se plier à ses désirs : ce n’est pas parce qu’il ne veut pas prendre de bain qu’il doit rester sale. On peut proposer une douche ou une toilette de chat, en prévenant que le bain sera pour le lendemain.

Lui faire confiance

Dans la famille, Margot est la plus jeune. Elle a deux grands frères qui savent faire bien plus de choses qu’elle ! Pour lui faire sentir qu’elle aussi a des capacités, elle a ses missions à elle. On lui confie des tâches à sa portée : quand les enfants mettent la table, elle est chargée des serviettes et des petites cuillères. On l’intègre au groupe : oui, elle a bien sa place dans la famille. Cela lui donne des droits, mais aussi des devoirs. Et ses frères ne se privent pas de le lui rappeler : “Ce n’est pas parce que tu es la plus jeune que tu ne dois pas aider !” On la remercie :  “Ah, tu m’as bien aidée, grâce à toi, le gratin sera plus vite prêt !”… même si cela vous a pris plus de temps !

Encourager la découverte

“Attention ! Tu vas tomber !” Quel parent ne laisse pas échapper cette exclamation ? Mais comment apprendre à marcher sans prendre le risque de tomber ? Comment apprendre à faire du vélo ? Comment découvrir le monde en tenant toujours la main d’un adulte ? Mesurons les risques, et essayons de ne pas refréner la curiosité des enfants et leur élan de vie. Disons-leur plutôt : “Tu as vu, il y a des pierres qui peuvent déraper, mais si tu fais bien attention, tu peux y aller !” Évitons de briser leurs illusions par un “Ça ne sert à rien de faire une maison pour les escargots, ils n’y resteront jamais !”

Retenons-nous aussi de faire tout à leur place, sous prétexte que “ça va plus vite”. C’est sûr, notre patience est parfois mise à rude épreuve (les lacets, quel cauchemar !). Mais devancer leurs désirs, leur mettre leurs manteaux, attraper le verre, soutenir la carafe…, tout cela leur laisse penser qu’ils ne sont pas aptes.Image extraite de l'article “La confiance en soi, un atout pour bien grandir”, supplément pour les parents du magazine Pomme d’Api, février 2017. Texte : Anne Bideault. Illustrations : Henri Fellner.

Être positif ne suffit pas

Oscar tend un dessin à sa mère qui y jette un coup d’œil rapide et s’écrie :  “Magnifique ! Tu l’as fait à l’école ?” Son fils répond tristement : “C’est celui que je t’ai montré hier !” Notre mécanique “c’est beau !” finit par perdre tout poids. Plutôt qu’émettre un jugement de valeur (bien/pas bien) sur le résultat, soulignons l’intention et l’attention portée par l’enfant à la réalisation. Ainsi, l’enfant ne sera pas dépendant du jugement de l’adulte, mais se focalisera sur le plaisir qu’il y a pris, l’effort qu’il a fourni, sur sa petite victoire à lui. On ne grandit pas pour avoir des compliments, mais pour soi. Pour cela, autant décrire sa production : “Dis donc, tu y as consacré du temps !”, “Je vois que tu aimes beaucoup cette couleur”, “Tu as fait un boudin de pâte à modeler”… Cela évite aussi de s’exclamer : “Oh, quel magnifique cheval !” et de s’entendre répondre : “Mais c’est une sorcière !”

Image extraite de l'article “La confiance en soi, un atout pour bien grandir”, supplément pour les parents du magazine Pomme d’Api, février 2017. Texte : Anne Bideault. Illustrations : Henri Fellner.

Se retenir de comparer

Dans le couloir de la maternelle, les portemanteaux sont surmontés de petites étiquettes avec les prénoms des enfants. Depuis peu, la maîtresse de moyenne section a ôté les photos des enfants pour qu’ils s’entraînent à repérer la graphie de leur prénom. Une petite fille parcourt toute la file et déchiffre presque sans erreurs : “Samir, Sonia, Élie, Mélina…” Sa prouesse impressionne une maman qui se tourne vers son fils : “Regarde, ta copine lit tous les prénoms ! Et toi, tu ne repères même pas le tien !” Gardons en tête que tous les enfants ne se développent pas au même rythme, même si on a tous des curseurs en tête, comme en témoignent les conversations entre parents :  “Mon fils n’est pas très créatif, tu as vu comment il dessine les bonshommes ?”, “Ma nièce n’a marché qu’à 22 mois !”, “Ma fille sait déjà faire du vélo”… Ne le comparons pas aux autres enfants, mais seulement à lui-même :  que faisait-il avant, comment s’y prenait-il ? Face à une difficulté, un échec, on peut simplement dire :  “Tu n’y arrives pas pour le moment, mais tu vas t’entraîner, et tu y arriveras une prochaine fois.”

Image extraite de l'article “La confiance en soi, un atout pour bien grandir”, supplément pour les parents du magazine Pomme d’Api, février 2017. Texte : Anne Bideault. Illustrations : Henri Fellner.

Valoriser ce qui l’intéresse

Leurs occupations, et tout particulièrement leurs jeux, méritent toute notre considération : le jeu est une activité qui les aide à grandir, qui participe de façon essentielle à leur développement. Se déguiser, jouer au papa et à la maman, se concentrer sur un découpage, construire une tour de cubes, faire vivre des figurines dans une ville de Lego, imiter tel joueur de foot dans le jardin… À nous d’essayer de ne pas laisser entendre qu’il y a une hiérarchie entre les activités : jouer est un besoin aussi fondamental que manger ou dormir.
Au moment d’interrompre une de leurs activités, prévenons-les quelques minutes à l’avance : “On va bientôt manger. Dans 5 minutes, il faudra arrêter de jouer.” Si on a de la place, laissons-les profiter un peu de leurs constructions : quoi de plus attristant que d’avoir construit un univers de Kapla ou de poupées et de devoir les ranger immédiatement ?

Trois ouvrages pour aller plus loin

  • Le meilleur pour mon enfant – La méthode des parents qui ne lisent pas les livres d’éducation, de Guillemette Faure, les arènes.
  • Les lois naturelles de l’enfant – La révolution de l’éducation à l’école et pour les parents, de Céline Alvarez, éd. les arènes.
  • Pour une enfance heureuse – Repenser l’éducation à la lumière des dernières découvertes sur le cerveau, de Catherine Gueguen, Robert Laffont.

Le numéro de février du magazine Pomme d'Api pour les 3-7 ans et son supplément pour les parents sont en vente en kiosque à partir du 27 janvierLe numéro de février du magazine Pomme d’Api pour les 3-7 ans et son supplément pour les parents, en vente en kiosque à partir du 27 janvier.

“La confiance en soi, un atout pour bien grandir”,
supplément pour les parents du magazine
Pomme d’Api, février 2017.
Texte : Anne Bideault. Illustrations : Henri Fellner.
Comment parler de son travail avec son enfant ?

Comment parler de son travail avec son enfant ?

Nos occupations d’adultes tiennent une bonne place dans nos paroles et dans notre vie familiale. Pourtant, nous ne prenons pas toujours le temps d’en discuter avec nos enfants. Au risque qu’ils s’en fassent une représentation… bien à eux ! Comment mettre des mots sur une réalité qui leur échappe… Les conseils du magazine Pomme d’Api.

Le travail a parfois bon dos

“Il faut que j’aille travailler !” C’est souvent par ces mots que nous justifions nos choix d’emploi du temps pour nos enfants : la cantine, le centre de loisirs, la nounou… Avouons-le, nous dégainons cet argument assez vite : il est pratique ! “Tu n’as pas envie d’aller à la maternelle aujourd’hui ? Ben oui, mais moi, je dois travailler.” Au risque de laisser entendre que “c’est pas moi, c’est mon travail !” Car il a parfois bon dos, le travail, surtout pour ceux qui culpabilisent à l’idée de se séparer de leurs enfants. “Heureusement que l’emploi du temps des parents échappe aux enfants ! s’exclame pourtant la psychologue Émilie Moreau-Cervera. Le parent doit avoir ses propres espaces d’épanouissement (amical, amoureux, professionnel…) en dehors de son enfant. Il est nécessaire que l’enfant l’intègre pour qu’il puisse, en s’identifiant à cet adulte, construire sa propre vie.”

À nous donc d’être vigilants et de ne pas présenter le “travail” comme une sorte d’instance toute-puissante qui happerait les parents. Pour la construction psychologique d’un enfant et pour sa vision de l’avenir et de la société, il vaut mieux lui expliquer que le travail que l’on exerce, on l’a souvent choisi, et qu’il est important pour nous. Mais choisir quelque chose ne signifie pas faire “tout ce que l’on veut”. Les enfants de l’âge Pomme d’Api imaginent pourtant que c’est ce qui les attend “quand ils seront grands”. Il est donc important d’expliquer que même les adultes composent avec la réalité et sont soumis à des règles, à des contraintes, des horaires.

“Tu fais quoi à ton travail ? - Vie professionnelle, métier… Comment en parler à son enfant ?” Texte : Anne Bideault - Illustrations : Peter Elliott - Supplément pour les parents du n° 596 de Pomme d’Api, octobre 2015Un besoin d’images concrètes sur le travail

L’enfant a besoin de se faire une représentation – même parcellaire et simplifiée – du travail de ses parents, pour que ce terme ne recouvre pas un mystère épais et angoissant. Heureux ceux qui ont un travail très concret : enseignant, médecin, artisan, journaliste même ! Heureux ceux qui fabriquent des choses qu’ils peuvent montrer à leurs enfants ! Tous les autres (la majorité) se heurtent à la difficulté d’expliquer des fonctions très abstraites, “je travaille dans un service d’administration, je gère le back-office de…”

Pour que nos récits soient parlants, surtout avec de jeunes enfants, autant faire des parallèles avec leurs propres vies. Ainsi les mérites respectifs des cantines des uns et des autres sont une bonne entrée en matière, tout autant que la description des collègues : “Pascal, il arrive toujours à moto, il a deux enfants…” Décrivez la pièce dans laquelle vous travaillez, et essayez de trouver quelques mots pour expliquer ce que vous faites : “Je suis devant un ordinateur, je passe du temps au téléphone, je circule en voiture pour rendre visite aux clients, j’ai des réunions…” On peut expliquer qu’on a un chef : “Toi, tu as un maître ou une maîtresse qui te dit ce que tu dois faire, moi, ma chef s’appelle Cécile”, ou qu’on n’en a pas : “Le directeur de l’école, il dirige ton école. À mon travail, c’est moi qui décide.” Si on en a la possibilité, organiser une visite familiale aura son petit succès.

“Tu fais quoi à ton travail ? - Vie professionnelle, métier… Comment en parler à son enfant ?” Texte : Anne Bideault - Illustrations : Peter Elliott - Supplément pour les parents du n° 596 de Pomme d’Api, octobre 2015Leur donner envie de grandir

Prenons aussi conscience que ce que nous disons de notre travail n’est pas toujours positif : “Pffff ! J’en ai ras le bol !”, “Aucune envie d’y retourner demain !”, “Mon patron, quel emmerdeur !” Qu’on le veuille ou non, l’image que se font les enfants de la vie d’adulte repose beaucoup sur ce que nous en laissons entrevoir. Et leur donne – ou non – envie de grandir. Insistons plutôt sur le fou rire partagé avec une collègue, sur tel projet réussi, sur ce qui nous plaît. Il ne s’agit pas là de taire les difficultés que l’on peut rencontrer dans notre vie professionnelle. De toute façon, un enfant détectera que son père ou sa mère a des soucis. Autant s’en ouvrir, sans s’appesantir : “Il y a parfois des tensions, au travail, comme toi, à la récré, quand tu te disputes avec d’autres. Mais on va discuter et je pense que ça s’arrangera.”

Que l’on traverse une période d’intense investissement professionnel qui nous accapare plus que d’habitude, ou – a fortiori – que l’on perde son emploi, il ne faut pas laisser l’enfant dans le silence. Comme le souligne Émilie Moreau-Cervera, “Ça fait partie de la vie d’un enfant qu’un parent traverse des phases difficiles.” Et un parent qui s’effondre ou qui passe soudain ses journées à la maison, est source d’une immense angoisse, car l’enfant ne lui trouve pas de sens. Il est donc important d’aborder la question avec lui : “Oui, je m’énerve beaucoup en ce moment parce que je suis inquiet : je n’ai plus de travail. Cela arrive, ce n’est pas de ma faute. Je vais rencontrer des gens pour m’aider à trouver un autre travail.” On lui permet ainsi, par la pensée, d’être un peu rassuré. Inévitablement, les discussions sur notre travail vont aussi nous amener au thème de l’argent. Si l’intérêt financier est réducteur et peu constructif pour un enfant, il n’en demeure pas moins central.

“Tu fais quoi à ton travail ? - Vie professionnelle, métier… Comment en parler à son enfant ?” Texte : Anne Bideault - Illustrations : Peter Elliott - Supplément pour les parents du n° 596 de Pomme d’Api, octobre 2015La question de l’argent

Émilie Moreau-Cervera conseille d’aborder la question par les choix que permet l’argent. Si on a trop peu, on peut avoir du mal à acheter ce dont on a besoin (un logement, la nourriture, l’électricité…). Si on en a un peu plus, on peut choisir l’endroit où l’on va vivre, acheter les choses dont on a besoin, et même parfois celles que l’on désire, sans en avoir vraiment besoin.

Pourquoi ne pas présenter les choses dans l’autre sens : parce qu’on a besoin de travailler pour gagner de l’argent, il est important de choisir un travail qui nous plaise. Et ça commence déjà à l’école : on y apprend des choses pour grandir, faire des choix, et pouvoir un jour s’occuper de soi tout seul. Certains parents font collection des désirs de métiers de leurs enfants au fil de l’âge. Ainsi, Solange a commencé par “ pompière ”, puis “ chevalière ”, ensuite elle a opté pour “ maman ”, “ chirurgien ” et enfin “ vétérinaire pour animaux en voie de disparition le matin ” et “ maîtresse l’après-midi ” ! Et si, devenus grands, ils ne font rien de tout cela, leurs rêves d’enfants et l’image du monde du travail qu’ils se seront forgée auront sans doute affûté leur volonté et consolidé leurs choix d’adultes.

“Tu fais quoi à ton travail ? - Vie professionnelle, métier… Comment en parler à son enfant ?” Texte : Anne Bideault - Illustrations : Peter Elliott - Supplément pour les parents du n° 596 de Pomme d’Api, octobre 2015

“Tu fais quoi à ton travail ? – Vie professionnelle, métier… Comment en parler à son enfant ?”
Texte : Anne Bideault – Illustrations : Peter Elliott
Supplément pour les parents du n° 596 de Pomme d’Api, octobre 2015