“Une année en maternelle n°4”, Pomme d'Api n°568, décembre 2020 - Texte : Anne Ricou - Illustration : Robin.

Une année en maternelle : un atelier Montessori en classe

Anne Reuillon est maîtresse en maternelle. Chaque mois, elle répond à nos questions sur l’école et les enfants dans Pomme d’Api. À lire et à écouter, son témoignage sur le déroulement des ateliers Montessori mis en place dans sa classe.

Pomme d’Api : depuis 3 ans, vous avez mis en place des ateliers Montessori dans votre classe. Quel est le principe ?

Anne Reuillon : Ce qu’il faut retenir d’un atelier Montessori en classe, c’est d’abord que l’on présente individuellement à chaque enfant un travail qu’il a ENVIE de faire. On part de son envie. Parfois, c’est juste parce que l’enfant trouve que le matériel est beau…

Pomme d’Api : Pouvez-vous nous donner un exemple ?

Anne Reuillon : Eh bien, par exemple, le premier atelier de “vie pratique” est celui qui consiste à ouvrir et fermer des boîtes. Il regroupe, du plus simple au plus compliqué, tout ce qui relève de la manipulation fine. Cela peut être des activités de transvasement : verser du riz, des grains, de l’eau, du sable…, trier des graines, visser et dévisser des boulons, etc. Une progression par niveau de difficulté a été pensée de la petite à la grande section. Chaque atelier est extrêmement réfléchi : on ne présente pas n’importe quoi, n’importe comment. La première fois, j’accompagne toujours l’enfant et je commence par nommer l’atelier. L’enfant prend le matériel, s’assoit à une table, je m’assieds à côté, et j’explique : “D’abord, c’est moi, ensuite, c’est toi”…

Pomme d’Api : Vous accompagnez l’enfant selon le principe de “Aide-moi à faire tout seul” évoqué par Maria Montessori ?

Anne Reuillon :Oui, en effet. Et quand j’ai fini ma présentation, je termine toujours en disant à l’enfant : “Maintenant, je t’ai présenté ce travail (je le renomme : ici, “Ouvrir et fermer les boîtes”), on va le ranger ensemble et tu pourras le prendre tout seul quand tu voudras, autant de fois que tu voudras.” Et lorsque je dis cela aux enfants, ils ont un sourire jusqu’aux oreilles !

Écoutez le témoignage d’Anne Reuillon

Pour compléter cette interview, la rédaction de Pomme d’Api vous propose d’écouter Anne Reuillon qui raconte dans ce témoignage “Pourquoi et comment elle a tout changé dans sa classe.”

“Une année en maternelle n°4”, Pomme d’Api n°568, décembre 2020 – Propos recueillis par Anne Ricou. Illustration : Robin.
Recette : la couronne à croquer. Photo : Tabou

Recette : la couronne à croquer

Et si, cette année, vous proposiez à votre enfant de préparer une délicieuse couronne des Rois à partager pour l’Épiphanie ? Toute une partie de cette recette, offerte par le magazine Pomme d’Api, a été conçue pour que les petites mains puisse la réaliser sans difficulté !

Ingrédients pour le gâteau

  • un yaourt nature
  • 3 pots de farine
  • 2 pots de sucre en poudre
  • un demi-pot d’huile
  • 2 œufs
  • un sachet de levure

Réalisation du gâteau

  • Verse le yaourt dans un saladier. Lave et essuie le pot de yaourt, il va te servir d’unité de mesure.
  • Ajoute dans le saladier : la farine, la levure, le sucre, les œufs, l’huile.
  • Mélange bien et verse le tout dans un moule beurré en forme de couronne.
  • Fais cuire à four chaud, thermostat 6 (180 °C), pendant environ 30 minutes.
  • Démoule le gâteau sur une assiette.

Ingrédients pour la décoration

  • des biscuits secs (langues de chat)
  • des bonbons

Décoration de la couronne

  • Laisse bien refroidir le gâteau, avant de le décorer !
  • Demande à un grand de faire une fente d’environ 2 cm de profondeur tout autour du gâteau, sur le dessus. Dans cette fente, glisse un biscuit, puis un bonbon, puis un biscuit, et ainsi de suite.
  • Fais aussi des petites fentes sur le côté, et plante un bonbon dedans. Tu peux aussi ajouter une fève !
Téléchargez “Une couronne à croquer”, Pomme d'Api, janvier 2017. Conception et texte : Marie-Pascale Nicolas-Cocagne. Photos : Tabou.

→  Téléchargez la recette de la couronne des Rois à croquer.

“Une couronne à croquer”, Pomme d’Api, n°611. Conception et texte : Marie-Pascale Nicolas-Cocagne. Photos : Tabou.

Découvrir d’autres recettes de Pomme d’Api

Que nous apprennent nos enfants ? Illustration : Pierre Fouillet

Que nous apprennent nos enfants ?

Pour la nouvelle année, la rédaction de Pomme d’Api a choisi de donner la parole à des parents en leur demandant de témoigner de tout ce qu’ils découvraient du monde et d’eux-mêmes grâce à leur(s) enfant(s). Peut-être vous donneront-ils aussi envie de réfléchir à toutes les belles choses que vous transmettent vos tout-petits ?

Supplément au n°587 de Pomme d'Api, janvier 2015. “Toutes ces belles choses que nous ré-apprennent nos enfants”, propos recueillis par Anne Bideault, illustrations : Pierre Fouillet.Que nous apprennent nos enfants ? La parole aux parents…

On se préoccupe tant de savoir ce que les adultes doivent transmettre aux enfants, leur apporter, leur enseigner, que l’on oublie souvent de souligner combien ils nous enrichissent, eux, dès leur premier instant de vie. Oui, un petit apprend beaucoup à un adulte ! Les parents qui témoignent ici nous ont confié – non sans fierté – ce que leurs enfants leur ont appris.

Supplément au n°587 de Pomme d'Api, janvier 2015. “Toutes ces belles choses que nous ré-apprennent nos enfants”, propos recueillis par Anne Bideault, illustrations : Pierre Fouillet.“À faire des bracelets en élastiques !” Sylvie, 39 ans, deux garçons de 3 et 8 ans, une fille de 4 ans.

“À faire plusieurs choses en même temps… correctement !” Nathalie, trois enfants de 5 à 10 ans.

“Des choses sur le système solaire ! Grâce à mon fils aîné, j’apprends des choses que je n’ai jamais sues ou que j’ai oubliées. Je vais bientôt arriver aux limites de mes connaissances en sciences si ça continue !” Myriam, 35 ans, trois enfants de 2 à 7 ans.

“À vivre sans sommeil.” Thierry, 39 ans, deux filles de 5 et 7 ans.

Supplément au n°587 de Pomme d'Api, janvier 2015. “Toutes ces belles choses que nous ré-apprennent nos enfants”, propos recueillis par Anne Bideault, illustrations : Pierre Fouillet.“À rire ! Ils rient tellement plus que nous qu’on a l’impression d’être de vrais rabat-joie !” Myriam.

“À jouer ! J’ai eu une enfance assez sérieuse, et je n’ai pas le souvenir d’avoir joué pendant des heures comme le font mes enfants. Ce sont eux qui m’ont appris le plaisir de jouer. Je m’y laisse aller sans complexes, je peux jouer des mercredis entiers aux Mille Bornes !” Myriam.Supplément au n°587 de Pomme d'Api, janvier 2015. “Toutes ces belles choses que nous ré-apprennent nos enfants”, propos recueillis par Anne Bideault, illustrations : Pierre Fouillet.

“À être flexible. Ce qui est vrai pour l’aîné ne l’est pas pour la seconde. Ce qui était vrai il y a six mois ne l’est plus aujourd’hui. Avoir des enfants, c’est se remettre sans cesse en question. C’est très positif, ça nous maintient en grande forme, même si c’est très fatigant. On ne peut pas faire le vieux chnoque rigide, qui dit que c’est comme ça et pas autrement !” Sylvie.

“À profiter du présent, sans être toujours dans l’avenir ou le passé. Les enfants sont à l’écoute de leurs envies du moment, et du plaisir qu’ils y prennent. Et nous, on essaie de les en extirper, en leur disant qu’il faut se préparer pour telle et telle chose. Pourtant, être ancré dans le présent, c’est tellement précieux ! C’est ce qu’on lit partout, qu’on apprend en méditation… J’essaie donc de m’inspirer d’eux, mais ce n’est pas simple pour moi qui envisage la vie comme une succession de tâches.” Myriam.

“À me poser. Avant d’avoir des enfants, j’étais toujours dans l’action, se poser n’était pas dans mon concept de vie, sauf si c’était ‘mérité’, après un gros effort sportif, par exemple. Maintenant, je peux passer du temps à les observer jouer sans avoir le sentiment de vivre moins.” Sylvie.

“À prendre le temps ! Avec un enfant, tu n’es plus maître de ton temps. C’est lui qui fixe quand les choses sont possibles, et quelle place donner à ta propre vie et à ta vie professionnelle. Au début, cette concession n’est pas facile, mais elle oblige à revenir à l’essentiel : qu’est-ce qu’il est important de vivre et de transmettre, qu’est-ce qui est important dans la vie ?” Stéphane, 40 ans, une fille de 10 mois.

“À prendre soin de soi ! J’ai eu mon premier enfant tard. Je me dis qu’il faut que je sois là pour elle le plus longtemps possible. J’ai donc changé mon rapport à la santé, à mon rythme de vie, à mon alimentation.” Stéphane.Supplément au n°587 de Pomme d'Api, janvier 2015. “Toutes ces belles choses que nous ré-apprennent nos enfants”, propos recueillis par Anne Bideault, illustrations : Pierre Fouillet.

“À ralentir. Nous, adultes, avons tendance à partir 5 min avant l’heure, puisque l’école est à 5 minutes ! Et pourtant, quel plaisir de prendre 20 minutes pour s’y rendre, Supplément au n°587 de Pomme d'Api, janvier 2015. “Toutes ces belles choses que nous ré-apprennent nos enfants”, propos recueillis par Anne Bideault, illustrations : Pierre Fouillet.en regardant chaque caillou, chaque fourmi ! Eugénie, 33 ans, deux garçons de 4 et 18 mois.

“À se pencher sur les escargots.” Thierry.

“À anticiper, à s’organiser. C’est sûr, c’est moins poétique !” Eugénie.

“À être plus féminine. Ma fille de 4 ans est très coquette, ce qui n’était pas mon cas, ni celui de ma mère. Elle m’a mise sur les rails, et peu à peu je découvre ma féminité. Dès que je fais un effort vestimentaire, elle me complimente ! Je n’ai pas envie qu’elle ait honte de sa mère !” Sylvie.

“L’humilité. Avant d’avoir des enfants, j’avais des principes, une image de la parentalité et de l’enfant idéal. Au quotidien, on se remet en question tous les jours ! Ce qui me paraissait évident s’avère ne pas l’être pour mes enfants. Par exemple, j’essayais d’expliquer verbalement certaines choses, jusqu’à ce que je me rende compte que mon fils était très visuel. J’utilise le dessin, maintenant !” Eugénie.

Supplément au n°587 de Pomme d'Api, janvier 2015. “Toutes ces belles choses que nous ré-apprennent nos enfants”, propos recueillis par Anne Bideault, illustrations : Pierre Fouillet.“À apprivoiser l’eau. L’eau n’est pas mon élément, je n’ai jamais aimé l’eau, je n’aime pas me baigner, nager. Grâce à eux, je la découvre, et c’est un plaisir partagé.” Sylvie.

“À accepter et apprécier que le temps disponible fasse le tri dans les projets : nous ne faisons qu’un quart de ceux que nous avons en tête. Et alors ? Les choses que l’on n’a pas pris le temps de faire ne sont pas si importantes que ça.
Les enfants nous poussent à l’essentiel. Un exemple ? Il y a toujours autre chose à faire plutôt que de jouer aux Playmobil. Mais si on opte toujours pour le sage ou le raisonnable, on ne jouera jamais aux Playmobil avec son enfant ! Répondre ‘on verra’ ou ‘dans 5 minutes’, soyons honnêtes, ça veut dire ‘jamais’. Je devrais d’ailleurs m’en souvenir dans mon boulot ! Frédéric, 39 ans, trois enfants de 4, 8 et 11 ans.

Témoignez vous aussi de votre expérience de parent

Supplément au n°587 de Pomme d'Api, janvier 2015. “Toutes ces belles choses que nous ré-apprennent nos enfants”, propos recueillis par Anne Bideault, illustrations : Pierre Fouillet.

Qu’apprennent les enfants à leurs parents ? Interview d’une psychanalyste…

Catherine Bergeret-Amselek est psychanalyste. Elle s’est en particulier penchée sur les grandes étapes de la vie, et reçoit beaucoup de parents, de toutes générations, dans son cabinet. Nous lui avons posé la même question qu’aux parents “Pomme d’Api” : qu’apprennent les enfants à leurs parents ?Supplément au n°587 de Pomme d'Api, janvier 2015. “Toutes ces belles choses que nous ré-apprennent nos enfants”, propos recueillis par Anne Bideault, illustrations : Pierre Fouillet.

“Un jeune parent part en général avec de grandes théories en tête. Tout en lui prouvant qu’il a beaucoup de ressources en lui, l’enfant va l’obliger à s’adapter à la réalité, y compris à renoncer à être parfait : être parent, c’est une tâche impossible !

L’enfant nous pousse au bout de nos limites, nous fait découvrir notre douceur, notre patience, notre générosité, tout autant que notre impatience, notre colère, notre lassitude, notre égoïsme.

Un enfant remet les priorités vitales par ordre d’importance. Il pousse en particulier les adultes à être présents à eux-mêmes et aux autres, ce qui nous manque cruellement aujourd’hui : nous sommes toujours dans l’avoir, dans la représentation. Aux côtés d’un enfant,l’adulte va se rendre compte que la vie, c’est manger, boire, jouer, dormir…

Un enfant nous amène aussi à recontacter l’enfant en nous et restaure notre capacité à jouer. Or, l’espace psychique du jeu, c’est celui d’où partent la rêverie, la créativité, la vie spirituelle.Cela fait grandir l’adulte, le repositionne sur le sens de la vie.

D’ailleurs, les enfants sont spontanés, sans tabou, alors que leurs parents en ont pleins. Ils vont droit au but en posant des questions existentielles. C’est très émouvant et très fatigant à la fois. C’est pour cela qu’il faut s’accorder des temps de pause pour avoir à nouveau l’énergie de revenir vers l’enfant.”

Catherine Bergeret-Amselek organise en octobre prochain un colloque sur les âges de la vie.

Supplément au n°587 de Pomme d’Api, janvier 2015. “Toutes ces belles choses que nous ré-apprennent nos enfants”, propos recueillis par Anne Bideault, illustrations : Pierre Fouillet.
Les 3-7 ans face aux écrans. Illustration : Pierre Fouillet

Les 3-7 ans face aux écrans

Téléviseurs, ordinateurs, consoles de jeux, smartphones, tablettes… au cours de la dernière décennie, les écrans se sont multipliés dans notre vie. Pomme d’Api fait le point sur le rapport qu’entretiennent avec eux les enfants. Face à l’image, que se passe-t-il dans leurs petites têtes ? Et comment accompagner les 3-7 ans dans leur découverte du monde des écrans ?
Enfants face aux écrans, supplément pour les parents, Pomme d'Api, mars 2015. Illustration Pierre Fouillet

Aujourd’hui, la question n’est plus de se prononcer pour ou contre les écrans

Les écrans sont là, partout. Rares, très rares, sont les familles qui résistent encore à l’envahisseur. Si les ados et les adultes sont les plus gros utilisateurs, nos petits lecteurs réclament souvent leur tour et se débrouillent très bien avec ces objets high-tech. D’autant que certains contenus proposés sur ces nouveaux outils sont imaginatifs, créatifs, ludiques, interactifs, poétiques parfois !

“Il est normal que notre cerveau soit séduit par ces contenus ludiques, explique Elena Pasquinelli, chercheuse en philosophie et sciences cognitives. Les ingrédients qui les composent sont comme des bonbons pour lui : ils le séduisent et le mobilisent énormément.”

Elena Pasquinelli a participé à la conception d’un projet éducatif intitulé “Les é, le cerveau et l’enfant” pour la fondation La Main à la pâte* et elle confirme : “Les jeux vidéo, par exemple, en jouant à la fois sur les stimuli visuels, sonores, sur notre appétit pour la résolution de problèmes et pour l’action, mais aussi sur notre intérêt pour les relations sociales, sont les meilleurs capteurs d’attention du monde audiovisuel.” Console en main, le temps passe donc sans que l’on s’en rende compte… simplifiant parfois grandement la vie des parents !

Rien ne remplace le monde réel

Elena Pasquinelli
Yann Leroux* est psychologue et travaille dans un CMPP (Centre médicopsycho-pédagogique) à Poitiers. Il anime aussi un blog intitulé “Psy et Geek”. C’est dire s’il n’appartient pas au clan des “anti” ! Mais tout geek qu’il est, il n’en reste pas moins psy : “Le travail psychique qui s’élabore au travers des “vrais” objets est fondamental.”

À la naissance, seuls 10 % des neurones du cerveau humain sont connectés. Son développement, commencé in utero, va se poursuivre pendant au moins vingt ans. Plus les explorations vont être variées, plus le cerveau va se développer. Certes, les outils interactifs rendent les petits utilisateurs moins passifs, et les enfants développent avec les écrans tactiles une aisance qui nous fascine. Mais à y regarder de près, bouger un doigt sur une surface lisse n’est pas comparable avec la richesse d’informations que donne le toucher.

Durant ses premières années, un enfant doit découvrir le monde qui l’entoure avec tout son corps. Bouger, goûter, tripoter, sentir le froid, le chaud, l’air, la fatigue physique, mesurer sa force physique, une expérience du réel que le monde virtuel ne permet pas. Mais quand même, et les applis “ludo-éducatives” ? Cri du cœur de Yann Leroux : “Mieux vaut se rouler dans la boue que d’utiliser une appli ludo-éducative ! Mieux vaut acheter un vrai puzzle que faire un puzzle sur un téléphone !”

Comprendre ce qui se passe à l’écran : pas simple !

Tous les parents en font l’expérience : le résumé d’un dessin animé par un enfant de maternelle révèle bien des surprises. Normal, comprendre un scénario, c’est complexe. “Car pour suivre une narration, souligne Elena Pasquinelli, il ne s’agit pas uniquement de comprendre ce qu’il se passe à l’écran à l’instant, mais de le relier à ce qu’il s’est passé avant.” Or, la mémoire à court terme n’est pas très développée chez les petits enfants. On s’en rend compte en CP, lors de l’apprentissage de la lecture : le plus dur n’est pas forcément de déchiffrer les lettres mais de se souvenir de ce que l’on vient de lire !

Ainsi, face à un film ou un dessin animé, pour vraiment comprendre l’histoire, l’enfant a besoin d’un adulte assis à ses côtés pour l’aider à faire des liens entre les images. Ce n’est pas pour rien qu’applis, DVD et petits jeux doivent être adaptés à l’âge des enfants !

Avant 6 ans : à doses “homéopathiques” et sous surveillance

Elena Pasquinelli
Pour le psychologue comme pour la scientifique, l’entrée au CP constitue un bon repère, pour faire, si on le souhaite, davantage de place aux écrans. La capacité à suivre des scénarios imaginaires, à lire et comprendre les consignes, à manipuler les commandes des consoles… tout est plus maîtrisé.

Avant six ans, les expériences que fait un jeune enfant avec un écran peuvent être source d’un grand amusement, à condition que l’enfant ne soit pas laissé seul devant l’écran. Cela tombe bien : nombreux sont les adultes qui préfèrent jouer avec leur enfant autour d’un écran qu’autour de la caisse de Playmobil.

“Les enfants ont conscience que la tablette, le smartphone, sont des objets pour les grands, ajoute aussi Yann Leroux. Les manipuler, c’est promotionnant.” Ce partage est, pour ce psychologue, un des gros atouts de ces écrans : l’occasion de vivre une expérience et des émotions ensemble et donc, pour l’enfant, de découvrir son parent autrement. Observer que son papa, pourtant si prompt à parler de fair-play, s’énerve très fort quand il perd, c’est découvrir son humanité !

Enfin, pour donner des repères de durée, le pédopsychiatre Stéphane Clerget, qui a consacré il y a dix ans un livre sur les enfants face à la télé, propose une gradation pratique à mémoriser : pas plus d’une heure par semaine et par année d’âge, en additionnant tous les écrans ! Ce qui donne quand même : 3 heures à 3 ans, 5 heures à 5 ans, 8 heures à 8 ans… À répartir dans chaque famille par petites doses homéopathiques entre le week-end et les jours d’école. Un véritable défi quand il y a une fratrie d’âges variés.

Face à un écran, des émotions à accompagner

Enfants face aux écrans, supplément pour les parents, Pomme d'Api, mars 2015. Illustration Pierre Fouillet.
Ainsi, quel que soit son âge, Yann Leroux insiste beaucoup sur le fait qu’un enfant ne doit pas être laissé seul face à un écran ou à la fin d’une partie de jeu sur une appli. Qu’il ait perdu à plusieurs reprises ou qu’il se soit senti le roi du monde, “il est essentiel qu’il puisse faire part de son expérience à quelqu’un d’autre, pour la digérer.” Quelqu’un qui l’écoute, le ramène dans la réalité, le pousse vers d’autres univers culturels, lui explique que le jeu est conçu pour qu’il perde plus souvent qu’il ne gagne…

Bref, à l’âge Pomme d’Api, si l’on permet l’accès aux écrans, il faut partager avec nos enfants le temps qu’ils passent devant. Pour la baby-sitter numérique, c’est raté !

Le temps, la mesure impossible…

Nous avons tous en tête les discussions conflictuelles sur la durée de la partie : “Encore 5 minutes !” Le temps passe très vite quand on est passionné… Elena Pasquinelli suggère d’en faire faire l’expérience aux enfants. Après un trajet en voiture, on peut demander à chaque membre de la famille : à ton avis, on est resté combien de temps dans la voiture ? Les plus grands pourront répondre en minutes, les plus jeunes avec des adjectifs : longtemps, pas longtemps… On en déduira que chacun a une perception différente du temps qui passe.

Aussi, pour se mettre d’accord sur le temps passé face à un écran, faudrait-il utiliser un objet comme un minuteur ? Pourquoi pas, mais avec une mise en garde, précise Yann Leroux, “il faut prévoir que l’enfant déborde, comme ses parents quand ils jouent à Candy Crush Saga ! Ça ne sert à rien de le gronder, il faut l’accompagner dans l’arrêt du jeu. On ne peut pas attendre d’un enfant qu’il se maîtrise tout de suite. C’est comme le vélo : on continue de courir à ses côtés lorsqu’il commence à pédaler seul, non ?” Et si l’excitation numérique gagne nos petits, on reprend… euh, le Pomme d’Api ?
Enfants face aux écrans, supplément pour les parents, Pomme d'Api, mars 2015. Illustration Pierre Fouillet.

Ressources

  • Elena Pasquinelli a conçu, avec trois autres coauteures, un projet éducatif intitulé “Les écrans, le cerveau et l’enfant” pour la fondation La Main à la pâte dont la mission est de contribuer à améliorer la qualité de l’enseignement de la science et de la technologie à l’école.
  • Retrouvez sur la page Facebook de Pomme d’Api les courtes vidéos créées par La Main à la pâte pour attirer l’attention des enfants sur certains mécanismes de notre cerveau face aux écrans. Elles sont également disponibles sur le site de la fondation La Main à la pâte en cliquant sur fondation-lamap.org/fr/cerveau
  • Yann Leroux est l’auteur de Les jeux vidéo, ça rend pas idiot !, FYP éditions, 2012.
Anne Bideault, “Pomme d’Api pour les parents”, supplément du numéro 589 de Pomme d’Api, mars 2015. Illustrations Pierre Fouillet.
Permis de dormir. Illustration : Pascal Lemaître

Téléchargez un nouveau “Permis de dormir”

Dans son numéro de février de Pomme d’Api, votre enfant a découvert un petit “permis de dormir” à découper. Vous pouvez en imprimer d’autres exemplaires en téléchargeant ce fichier…

Illustrations : Pascal Lemaître
Pourquoi y'a-t-il du yoga dans Pomme d'Api ?

Pourquoi y a-t-il du yoga dans Pomme d’Api ?

Et si vous faisiez une pause avec la petite séance de yoga proposée par Pomme d’Api dans son supplément pour les parents ? Laissez-vous guider, tout est expliqué pour découvrir avec les enfants les bienfaits de postures très faciles. Extraits et présentation de cette rubrique, à retrouver chaque mois dans Pomme d’Api.

La première rubrique de yoga de la presse pour la jeunesse

“Maman, je suis allée faire ma respiration du ventre dans ma chambre au lieu de me disputer avec ma sœur”. Oui, oui… nous sommes bien dans la vraie vie avec ce témoignage d’une maman citant sa fille de 4 ans lectrice de Pomme d’Api… et de la rubrique “Petit Yoga”.

Depuis sa création, Pomme d’Api  a toujours eu le souci de s’adresser à tous les sens en éveil de l’enfant, car rien de plus naturel pour lui que bouger, jouer, respirer ! Déjà dans les années 1980, les comptines à mimer de Pomme d’Api intégraient le corps comme un moyen d’ouverture et d’invitation à la maîtrise de soi. Et mieux connaître son corps et ses ressources méconnues peut aider un enfant à ne pas se laisser submerger par le tumulte intérieur de ses émotions.

“Le Petit Yoga” d’aujourd’hui, magnifiquement illustré par Ilya Green, s’inscrit dans cette tradition au cœur du projet de Pomme d’Api pour ses petits lecteurs : s’adresser à leur être tout entier, cœur, tête et corps !

Une pause pour toute la famille chaque mois

C’est avec Élisabeth Jouanne, professeure de yoga et institutrice en maternelle, que Pomme d’Api  a imaginé la première rubrique de yoga de la presse pour la jeunesse ! Et depuis 2008, elle en conçoit chaque mois les pages. Pratiquant le yoga en classe depuis près de 20 ans, Élisabeth Jouanne a vite mesuré les ressources insoupçonnées de ces “exercices du corps” – c’est ainsi qu’elle le présente dans sa classe. “S’occuper du corps aide le cerveau à mieux fonctionner. Dans ma classe, je sens que les enfants sont plus concentrés, ils écoutent mieux”.

À la maison, les postures de la rubrique du “Petit Yoga” permettent aux enfants de se calmer et de se détendre, mais aussi de prendre conscience de leur corps et de se construire une image positive d’eux-mêmes.

Avec le supplément pour les parents “spécial yoga” de Pomme d’Api du mois de mai 2015, l’enfant devient tortue, bouge comme un papillon, s’enroule comme un hérisson ou s’ouvre comme un cadeau… Et s’il le fait avec Papa ou Maman, imitant les mouvements de son parent, c’est encore mieux ! Simple et ludique, chaque posture se raconte comme une histoire et se pratique comme un jeu, car un enfant ne “fait” pas du yoga, il “joue” au yoga ! Une invitation à faire une pause en famille sans perdant, ni gagnant… et dont tout le monde bénéficie !

Les petits conseils d’Élisabeth Jouanne pour la séance de yoga

Préalable indispensable à cette petite séance de yoga : que l’enfant soit partant et que le parent soit pleinement présent !

  • Le lieu : un endroit calme et tranquille.
  • Le moment : à distance du coucher ou d’un repas.
  • La durée : de 3 à 20 minutes. Quand l’enfant en a assez, on arrête. L’important est d’essayer de ritualiser ce moment, comme un rendez-vous régulier. Une fois par semaine, par exemple, le week-end.
  • État d’esprit : pas d’obligation de résultat ! La posture n’est pas parfaitement “comme sur le dessin” ? Si l’enfant ne se fait pas mal, laissez faire… Il faut juste veiller à ce que l’enfant adopte ou quitte sa posture en douceur. “C’est bien de laisser l’enfant libre d’inventer, d’être créatif avec son corps”, souligne Élisabeth Jouanne.

Le toboggan

Le toboggan est une posture très tonifiante, à éviter avant le coucher !Yoga : cinq postures faciles pour un atelier yoga en famille - Supplément pour les parents du magazine Pomme d'Api de mai 2015 - Illustrations Ilya Green

Le papillon

Cette posture amusante donne la bonne habitude de se tenir droit, sans pour autant “raidir” l’enfant. Elle peut être proposée le matin ou en journée. Elle aide l’enfant à se concentrer.Yoga : cinq postures faciles pour un atelier yoga en famille - Supplément pour les parents du magazine Pomme d'Api de mai 2015 - Illustrations Ilya Green

Pratiquer le yoga avec ses élèves

Pour les enseignants qui souhaitent pratiquer le yoga avec leurs élèves, Bayard éducation a élaboré la mallette pédagogique “Le yoga des petits” qui contient :

  • 16 posters avec 16 postures simples ;
  • 1 poster du corps humain ;
  • 16 fiches pédagogiques cartonnées ;
  • 1 guide pédagogique ;
  • 1 DVD de vidéos tournées en classe.
Anne Ricou, rédactrice en chef du magazine Pomme d’Api et Élisabeth Jouanne – “Yoga : cinq postures faciles pour un atelier yoga en famille”, supplément pour les parents, Pomme d’Api, mai 2015 – Illustrations Ilya Green